[Best Of] Qui sont les pépites du « made in France » ?

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Par Daniel Rolland Modifié le 14 août 2019 à 11h52
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75%Les 3/4 des Français se disent prêts à payer plus cher pour acheter français.

Cet article initialement publié le 19 avril 2019 vous est proposé en « Best-of » pendant l’été 2019. Lors de sa première publication il a été consulté par 5942 lecteurs.

Le label « made in France » a le vent en poupe. De plus en plus d’entreprises françaises parviennent à proposer, à des prix accessibles, des produits de qualité, fabriqués localement, y compris dans le secteur, très international, des nouvelles technologies et du e-commerce. Exemples significatifs.

Avec la crise économique, la montée du chômage, les délocalisations et l’affaiblissement du tissu industriel, les Français prennent conscience de l’importance de consommer local pour préserver les emplois. Ce nouvel esprit de « patriotisme économique » se traduit notamment par le fait qu’une majorité croissante de nos concitoyens se déclarent prêts à payer plus cher pour un produit fabriqué en France. Contribuant à la fois au soutien de l’économie nationale et à la limitation de l’impact environnemental, l’achat de produits ou de services « made in France » apparaît comme un acte citoyen, social et écologique.

Cet essor du « made in France » doit également beaucoup à la performance des entreprises françaises capables de proposer des produits de qualité à des prix accessibles. La fabrication française devient aujourd’hui un argument marketing, aussi bien en France qu’à l’international. Tout le monde connaît la success story du Slip Français. De nombreuses marques lui ont emboîté le pas. Même dans le secteur des nouvelles technologies et du e-commerce, des start-up qui ont bien grandi ont fait le choix de rester en France. Même si elles se sont largement développées à l’international, elles n’ont pas installé leur siège social en Irlande ou au Luxembourg, elles paient leurs impôts en France pour les revenus qu’elles génèrent dans notre pays. C’est aussi cette attitude citoyenne et responsable que les consommateurs français peuvent récompenser.

Veepee : un concept né en France et devenu mondial

Veepee (vente-privee.com jusqu’en janvier 2019), l’une des plus grandes réussites françaises du commerce électronique, ait partie de ces entreprises. Créée en 2001, la start-up de Jacques-Antoine Granjon a développé un concept original de « vente événementielle en ligne »de produits de marques à prix cassés. Un concept qui permet aux marques d’écouler leurs stocks rapidement, sans dévaloriser leur image ni concurrencer leur réseau de distribution. Le modèle a fait depuis des émules partout dans le monde.

Mais Veepee n’est pas un simple « déstockeur ». L’entreprise a su bâtir une image d’excellence en matière d’approvisionnement et de service client, recevant de nombreuses distinctions en la matière. Le groupe a su aussi étendre ses domaines de vente : prêt-a?-porter, accessoires de mode, équipement de la maison, jouets, sport, high-tech, gastronomie, automobile mais aussi services internet, spectacles, voyages...

En 2018, Veepee a ainsi enregistré un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros, dont la moitié à l’international. Le portail tricolore recense quelque 7 000 marques partenaires, compte 72 millions de membres répartis dans 14 pays du monde et expédie en moyenne 116 000 colis chaque jour. Ces dernières années, Veepee a notamment racheté ses concurrents belge Vente-exclusive et espagnol Privalia, et a pris une participation majoritaire dans le suisse eboutic.ch, le danois Designers & Friends et le polonais zlotewyprzedaze.pl.

Mais ce développement international rapide n’a pas sapé les racines nationales de la société, quia installé son siège social à La Plaine Saint-Denis, en banlieue nord de Paris. Elley occupe depuis 2001 les locaux des anciennes imprimeries du quotidien Le Monde, ainsi que quatre autres bâtiments. C’est là qu’est basé le Service Relations Membres (SRM) du groupe avec quelque 120 conseillers clientèle européens. Fin 2010, Veepeey a également inauguré sa « Digital Factory », le plus grand complexe de production d’images en Europe, dédié à la création des vitrines des marques partenaires et employant 270 collaborateurs.

BlaBlaCar, n°1 mondial du covoiturage

BlaBlaCar est aussi l’une des pépites « Made in France » les plus reconnues. Avec 70 millions d’utilisateurs en 2019, la start-up est devenu en quelques années le leader mondial du covoiturage. Créée en 2004 sous le nom de covoiturage.fr, la start-up, rebaptisée BlaBlaCar en 2011,a réussi à développer un outil technologique solide et, surtout, à créer une marque et une communauté d’usagers, à la manière de Facebook ou d’Airbnb.

Après une internationalisation à marche forcée, la société est aujourd’hui présente dans 22 pays, essentiellement en Europe, occidentale, centrale et de l’est, mais également en Turquie, en Inde, au Mexique ou au Brésil. Son développement est notamment porté par l’entrée de nouveaux fonds de capital investissement américain et russe, un pays où elle engrange une croissance rapide. BlaBlaCar a levé 200 millions de dollars en 2015 et à nouveau 100 millions de dollars en 2018… Et cette licorne « made in France » est valorisée à plus d’un milliard et demi de dollars.

Aujourd’hui, la marque se diversifie en lançant BlaBlaLines, une application« pour les covoiturages quotidiens », axée sur les trajets de courte distance de type domicile-travail ou études, loisirs, etc. BlaBlaCar a également racheté à la SNCF sa filiale Ouibus, tout en accueillant l’entreprise publique à son capital. Les Ouibus seront rebaptisés BlaBlaBus avant fin 2019 et seront implantés à l’étranger notamment au Benelux et en Allemagne.

Son président-fondateur, Frédéric Mazzella, est aussi un ardent défenseur du patriotisme économique. Il a notamment lancé, en 2015, avec d’autres entrepreneurs, l’opération « Reviens Léon » visant les cerveaux français de la Silicon Valley, puis « Wonder Léon », une agence de recrutement virtuelle destinée à alimenter la tech européenne des meilleurs talents du monde.

Wonderbox, leader français des coffrets cadeaux

Wonderbox, leader du marché français des coffrets cadeaux, revendique également son patriotisme économique et sa domiciliation 100 % française. Son siège et son service client sont basés dans le XVe arrondissement de Paris et l’entreprise mise sur la reconnaissance du « savoir-faire français » pour son développement international.

Bertile Burel et son mari, James Blouzard, ont fondé l’entreprise en 2003 après un tour du monde, et lancé en 2004 leur concept de coffrets cadeaux, au départ tournés vers les activités sportives. Les grandes surfaces, d’abord frileuses, ont fini par ouvrir leurs linéaires à ces nouveaux produits et la société commercialise aujourd’hui ses coffrets via des corners à la Fnac ou dans des centres commerciaux, Internet représentant 15 % de son chiffre d’affaires.

Wonderbox emploie 450 personnes dans sept pays en Europe et a réalisé un chiffre d’affaires de 225 millions d’euros en 2018 dont la moitié en France. Grâce à un vaste réseau de partenaires, l’enseigne propose 90 000 activités tournées vers le bien-être, le sport, l’insolite, la gastronomie, les courts séjours… Et revendique la distribution de 2,5 millions de coffrets chaque année, via 10 000 points de vente.

Le marché français arrivant à maturité, Wonderbox mise désormais sur de nouveaux produits et de nouveaux pays. Le groupe a ainsi lancé des coffrets à petits prix, un concept qui cartonne aux Pays-Bas où Wonderbox a racheté l’acteur local Gift For You. Quant au belge Vivabox, également acquis par le groupe, il lui a apporté le coffret deux-en-un avec un cadeau en plus (par exemple, un voyage en Italie et un livre de recettes locales). Wonderbox a également racheté début 2018 le Portugais Lifecooler, n°2 du marché dans son pays.

La pépite française n’hésite pas non plus à proposer de nouvelles activités, notamment culturelles. Elle développe également une offre de coffrets cadeaux personnalisés, qui permet à chaque client de composer lui-même sa box, de choisir la prestation mais aussi le packaging, et même d’ajouter un texte ou des images de son choix.

Criteo : un modèle en pleine mutation

Etoile montante du web « made in France », Criteo, le spécialiste du "reciblage" publicitaire personnalisé sur internet, est l’une des rares entreprises françaises de technologie cotée au Nasdaq. La start-up est devenue une multinationale comptant quinze bureaux en Europe, sur le continent américain et en Asie-Pacifique. Fondée à Paris en 2005 et dirigé par Jean-Baptiste Rudelle, l’entreprise s’est imposée sur le marché mondial avec sa solution pionnière de « retargeting ». Un algorithme qui permet de « tracer » un internaute qui a manifesté son intérêt pour un produit, afin de lui proposer à nouveau durant ses navigations en ligne sous forme de publicités ciblées.

Après des années de croissance fulgurante, Criteo est aujourd’hui contraint de repenser son modèle sur un marché en pleine mutation technologique et réglementaire. Le groupe, qui a bâti son succès sur les « cookies », est en effet directement affecté par la vigilance accrue portée sur la protection des données personnelles. Fin 2017, Apple a ainsi doté son navigateur Safari d’une fonction empêchant d’utiliser les cookies... Et en septembre 2018, Facebook a mis fin à son partenariat avec Criteo. 2018 a été une année sans croissance et la capitalisation boursière du groupe a chuté à 1,4 milliard de dollars alors qu’elle dépassait 2,2 milliards fin 2013 au moment de son introduction au Nasdaq. La société s’est donc engagée dans une profonde transformation de son modèle, en réorientant ses investissements sur le mobile et notamment les applications.

Ce groupe international maintient néanmoins son importante présence en France. L’entreprise a inauguré en 2012 un nouveau siège social rue Blanche, dans le IXe arrondissement de Paris, et a annoncé en juin 2018 un investissement de 20 millions d’euros dans son laboratoire parisien de recherche en intelligence artificielle. Une initiative saluée par la mairie de Paris comme « un signal fort de l’attractivité de la capitale et son écosystème de l’innovation

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