Avec le Penelopegate, ce sont les premières boules puantes de la campagne présidentielle qui sont écrasées dans un coin et là on se dit: chic! le mois de mai approche, l’hiver se termine, ça sent le printemps, avec cette douce odeur de purin qui envahit les narines et qui asphyxie un peu comme un parfum trop lourd. Pour un peu, on en redemanderait.
Le Penelopegate, c’est quoi?
Difficile d’y échapper ce mercredi matin: la femme de François Fillon aurait été rémunérée par son mari, puis par son suppléant, pour un emploi fictif pendant une dizaine d’années. Au total, 600.000 euros en dix ans se seraient évanouis de la poche du contribuable vers la poche de l’épouse. L’affaire est plutôt microscopique par rapport à la norme politique, mais elle embarrassera sans doute son camp.
Je trouve que ce point-là n’est toutefois pas le plus cocasse. On apprend à l’occasion de ces révélations du Canard Enchaîné que Pénélope Fillon aurait trouvé quelques menues monnaies à la Revue des deux Mondes, possédée par Marc Ladreit de Lacharrière, présenté comme ami de la famille. L’information est divertissante. Cet homme d’affaires est une sorte de Droopy de la République: on le trouve derrière toutes les portes. Il est accessoirement compagnon de Véronique Morali.
Décidément, le monde est petit.
Dans ce dossier, Fillon devrait bénéficier de la doctrine habituelle qui rend les Français très philosophes vis-à-vis de cette attaques rituelles au moment des élections.
À gauche aussi ça chauffe
Si la droite devrait se réveiller avec une bonne gueule de bois, la gauche n’est pas vraiment en reste. Entre Hamon et Valls, le ton monte en effet, et on se demande dans quel état ils seront au lendemain du second tour.
Sur le revenu universel, Valls a déclaré:
« Quand on propose 350 milliards d’euros même à l’horizon d’un quinquennat, c’est irréaliste », a-t-il déclaré. « Quand on bâtit le succès de sa campagne sur cette idée-là, alors on est en effet un marchand de sable, un marchand d’illusions, parce que ça va créer des désillusions ».
Hamon n’a pas du tout apprécié cette qualification de « marchand de sable », qui illustre assez bien la rupture profonde entre la gauche de gouvernement et la gauche rêveuse. Si Hamon devait gagner et imposer cette idée de revenu universel, on voit mal comment Valls pourrait la faire sienne après ces quelques paroles.
On pourrait proposer un ring de boxe comme décor pour le prochain débat entre eux.
Les victimes collatérales de la primaire de gauche
Compte tenu du grand flou dans la participation au scrutin, le PS a renoué officiellement avec sa tradition de magouille électorale qui avait valu quelques belles disputes entre Ségolène Royal et Martine Aubry. C’était drôle à l’époque, déjà. Pour Christophe Borgel, grand manitou de la primaire, tout ce joyeux désordre sonne comme un désaveu définitif. Heureusement que personne ne le connaît!
Dans la foulée, l’appareil PS lui-même n’apparaît guère grandi, d’autant que la participation définitive n’a probablement pas atteint le 1,5 million attendus.
Pourvu que le deuxième tour mobilise plus les foules… sinon on voit mal ce qui pourra rester de cette maison qui sombre. Il devrait bientôt y avoir un immeuble à acheter rue de Solférino.
Une recomposition rapide vers Macron?
Parmi le ventre mou du PS, la ligne Hamon est clivante. Certains auraient pu s’accommoder de Montebourg, mais la stratégie Hamon, marquée en interne par un activisme assez sectaire de ses troupes, ne passera pas. Hamon vainqueur fera fuir une moitié du PS (ce qui concédons-le ne suffit pas forcément à faire peur) vers Macron. La question est inversement de savoir si Valls vainqueur fera fuir l’autre moitié vers Mélenchon.
Dans tous les cas, la présidentielle de 2017 devrait porter un vilain coup à un PS déjà moribond. La machine inventée par François Mitterrand pour gagner les présidentielles aura survécu à son fondateur pendant une grosse vingtaine d’années. Les héritiers du patriarche ont mangé la grenouille.
Macron bientôt rejoint par tous ceux qui ont des semelles de plomb?
Dans les semaines à venir, En marche! devra donc trancher sur sa politique d’asile vis-à-vis des transfuges du PS, puisque la victoire de Hamon est tout à fait probable. Macron qui se sent pousser des ailes se trouvera face à un beau dilemme. Dire non à ces ralliements qu’il attend depuis des mois serait politiquement suicidaire car, tôt ou tard, il aura besoin de troupes aguerries. Mais dire oui, c’est ralentir sa marche en accueillant auprès de lui des gens alourdis par d’épaisses chaussures de plomb. Une aubaine pour la droite!
Que faire?
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog