Il existe un tabou sur le travail détaché en France. Alors que le gouvernement bande les muscles sur le sujet, les patrons freinent des quatre fers. Face aux perspectives de reprise, ils savent que la pénurie de main-d’oeuvre employable les contraindra à recourir massivement au détachement. Surtout dans les métiers les plus durs… L’exemple vient d’être donné par Jacques Chanut, président de la Fédération Française du Bâtiment.
Le travail détaché sauvera-t-il la reprise en France? En écoutant Jacques Chanut, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), on le comprend rapidement. L’intéressé donnait sa conférence de presse annuelle ce matin, et les faits qu’ils présentent sont implacables.
Le travail détaché, solution incontournable de l’équation de l’emploi
Les chiffres sont simples. Entre 2008 et 2017, le bâtiment a perdu 200.000 emplois du fait de la crise, soit environ 20% de ses effectifs. Depuis le premier trimestre 2017, le secteur enregistre sa première croissance d’effectifs: environ 16.000 emplois. Mais… ça hurle déjà dans les entreprises, du fait des difficultés de recrutement que nous avons déjà largement évoquées.
Donc, face à la perte globale d’employabilité, le recours au travail détaché est incontournable. Voilà qui éclaire le manque d’empressement du gouvernement à élever le sujet du travail détaché au dernier sommet européen. Peu de patrons se battent aujourd’hui auprès du gouvernement pour obtenir des restrictions à la formule.
Comme l’indique très bien le président Chanut, l’enjeu patronal consiste aujourd’hui à lutter contre les fraudes, pour ne surtout pas perdre la formule elle-même, la seule qui permette d’acheminer intelligemment de la main d’oeuvre prête à l’emploi sur les chantiers français…