Le parti anti-euro allemand séduira-t-il les déçus de Merkel?

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Par JOL Press Modifié le 26 avril 2013 à 13h35

Le nouveau parti anti-euro « Alternative pour l'Allemagne » (AfD), créé il y a deux mois outre-Rhin, atteint pour la première fois le seuil des 5% synonyme de représentation au Bundestag, le Parlement allemand, d'après un sondage publié lundi 22 avril dans la presse allemande. A cinq mois d'élections législatives prévues en septembre, le politologue Gero Neugebauer, de l'Université libre de Berlin, nous aide à décrypter la montée de ce mouvement qui plaide pour une « dissolution ordonnée » de la monnaie unique européenne.

JOL Press : Comment expliquer le succès de l'AfD ? Depuis sa création, l'euro est vivement critiqué par un certain nombre d'Allemands. Pourquoi le discours anti-monnaie unique fait-il recette maintenant ?

Gero Neugebauer : Parce que depuis l'effondrement du système bancaire à Chypre, certains en Allemagne ont peur que de nouveaux plans de sauvetage ne déstabilisent définitivement la zone euro et qu'ils menacent leur pouvoir d'achat, dans l'hypothèse où l'Allemagne pourrait être amenée à injecter, chez ses voisins européens, de l'argent prélevé sur les contribuables allemands.

JOL Press : Où l'AfD trouve-t-il ses soutiens ?

Gero Neugebauer : Principalement parmi les personnes appartenant à l'un de ces trois « groupes »:

- Les professeurs, souvent d'économie, et à la retraite, qui n'acceptent pas qu'on puisse mêler politique et économie ;

- Les riches et la classe moyenne - parmi laquelle de petits entrepreneurs -, qui ne sont, pour le moment, pas affectés par la crise de l'euro, mais qui sont terrifiés à l'idée que les pays du sud de l'Europe puissent faire « main basse » sur leurs économies ;

- Les conservateurs, qui reprochent à Angela Merkel d'avoir entrepris une modernisation de la CDU, qui a conduit à une perte des valeurs conservatrices ;

JOL Press : L'Allemagne est l'un des rares pays de la zone euro qui ne souffrent pas de la monnaie unique. L'AfD fait pourtant de la lutte anti-euro sa priorité. Celle-ci n'est-elle pas en réalité pour le parti une sorte de « cheval de Troie » pour des idées portant potentiellement atteinte à la démocratie telle qu'elle s'exerce aujourd'hui ?

Gero Neugebauer : Effectivement, certains commentateurs accusent le parti de porter d'autres idées, notamment d'extrême droite et populistes, même si l'AfD essaye de convaincre qu'il n'est en rien néo-fasciste, xénophobe ou nationaliste. Ce qui est sûr, c'est que le parti ruinerait toutes ses chances de se voir offrir une proposition de coalition par la CDU/CSU à partir du moment où il apparaîtrait comme un parti d'extrême droite populiste.

JOL Press : L'AfD peut-il représenter une menace pour l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la Chancelière Angela Merkel à cinq mois des élections législatives ?

Gero Neugebauer : Il faut savoir que l'AfD a été créé par d'anciens membres de... la CDU, déçus par leur parti. Pour compléter ma réponse, je vais vous donner ce chiffre : parmi les 1500 premières personnes qui se sont inscrites à l'AfD, 60% sont d'anciens militants de la CDU...

JOL Press : Jusqu'à maintenant, aucun des cinq partis de gouvernement (la CDU, la CSU, le Parti libéral, le SPD et les Verts) n'a cédé aux sirènes anti-euro. Cela peut-il changer durant la campagne électorale à venir ?

Il ne faut jamais dire jamais ! Mais à partir du moment où ils y cèderaient, ils légitimeraient du même coup l'« Alternative pour l'Allemagne »...

JOL Press : L'Allemagne pourrait-elle s'en sortir si elle sortait de l'euro et réadoptait le Deutsche Mark ?

Gero Neugebauer : Non !

Propos recueillis par Coralie Muller pour JOL Press

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