Avec les pactes, nos gouvernants se sont encore trompés de cible. C’est de la richesse que manque notre pays.

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Par Daniel Moinier Publié le 23 mai 2014 à 2h46

C’est en 1975 première année de déficit, que tout à basculé. Cette année a sonné le glas de l’ère des 30 glorieuses, nous propulsant dans celle des 30 piteuses avec ensuite les crises à répétition que nous connaissons, y compris en Europe.

Quatre courbes liées mais diamétralement opposées, se sont entrecroisées contribuant à l’entrée en déficit perpétuel et dette.

  • - L’augmentation de la durée de vie (7h1/2 de plus chaque jour)
  • - La diminution progressive du temps de travail
  • - Le niveau des dépenses de l’état
  • - Le niveau du PIB (Produit Intérieur Brut)

Augmentation de la durée de vie

Cela fait très longtemps que la durée de vie augmente. En 1750, elle était de 25 ans, en 1850 de 43 ans, en 1945 à la sortie de la dernière guerre, de 60 ans. Aujourd’hui, 82 ans, mais celle des retraités de 85 ans en moyenne.

Diminution du temps de travail et d’activité

En 1945, la durée de base est de 40 heures semaine et la retraite à 65 ans. Dans l’industrie, le temps de travail moyen hebdomadaire était d’environ 50 heures par semaine (un peu plus de 46 heures toute branche confondue, y compris fonction publique, la SNCF était elle, à 48 heures)

Après les fortes diminutions de 1982 : 39 heures semaine, 5ème semaine de congés, retraite passée de 65 à 60 ans, le 8 Mai redevenu férié, puis le coup de grâce avec les 35 heures entre 2000 et 2002 ; la durée moyenne du travail salariés base 35 heures, est tombée aujourd’hui, à 36,2 heures semaine. Quant à la durée moyenne de cessation d’activité, de 58,5 ans en 2010, suite à la retraite Fillon de 62 ans à terme en 2017, elle se rapproche, aujourd’hui, progressivement des 60 ans.

Autre critère, le démarrage en activité, il est passé progressivement de moins de 16 ans à 23,5 ans.

Soit depuis 1945, une diminution de près de 14 heures de travail par semaine et de près de 14 années sur la durée de vie.

Le niveau des dépenses d’état

Il ne s’est pas passé une seule année où le budget des dépenses n’a pas augmenté et en général plus que l’inflation. Pourquoi ?

Chaque année, le Gouvernement, ne procédant pas comme toute entreprise, établit en premier le budget de dépenses. Chaque ministère établit le sien, bien évidemment supérieur à celui d’avant et de l’inflation, il faut bien appâter les électeurs. Puis l’addition est faite. Les rentrées sont mises en parallèle (impôts, taxes, charges, etc…). C’est surtout en 1975, qu’on découvre qu’elles ne se trouvent plus assez importantes pour couvrir les dépenses. Alors que faire ? Rien de plus simple : On augmente les prélèvements et le tour est joué. Mais ce n’est en général pas suffisant puisqu’en cours d’année, des imprévus arrivent : grèves, revendications agricoles, etc…Il faut rajouter des dépenses imprévues. Alors créons de nouvelles taxes. Ce n’était pas les premières. Bien avant 1975, la plus "lourde" a été la TVA le 10 Avril 1954, la taxe qui rapporte le plus aujourd’hui, dans les caisses de l’état. Elle a d’ailleurs été copiée par les pays européens et même ceux du Monde. Puis la première vignette automobile, le 27 juin 1956 qui devait servir à créer un revenu minimum aux personnes âgées. Depuis 1975, c’est à qui a été le plus créatif et prolixe pour créer une foultitude de prélèvements supplémentaires, des visibles ou plus obscures. La CSG créée par Michel Rocard le 20 Décembre 1990, ayant été la plus fructueuse, puisqu’aujourd’hui, après de multiples aménagements à la hausse et sur presque l’ensemble de tous les revenus, elle est devenue la première contributrice de l’URSSAF avec 90 Mds d’euros.

Le niveau du PIB (Produit intérieur brut)

Le constat est simple. Plus le temps de travail a diminué, plus le PIB s’est écarté défavorablement du niveau des dépenses d’état, y compris malgré l’amélioration de la productivité du travail. Moins 23% aujourd’hui.

Tous les pays d’Europe et surtout les plus en avancés socialement, ont connu le même processus d’endettement. Mais à des dates différentes et des degrés divers suivant leur gestion, le temps de travail, de départs en retraite, de durée de vie, solutions mises en place…

La France est celle qui a vraiment été le plus loin en s’écartant au maximum entre temps d’emploi et durée de vie. Ce qui a contribué à diminuer fortement le niveau de vie par le bas et augmenter d’une façon inexorable notre endettement.

Lorsque l’état est en négatif, la première réaction des gouvernements, pour essayer de réduire les déficits, c’est de procéder à des prélèvements supplémentaires. Mais quand ceux-ci atteignent des sommets qui semblent devenirs insupportables, ce sont les emprunts qui prennent le relais. Puis ensuite comme la situation empire encore, ce sont les deux conjugués. Nous arrivons ainsi à la situation catastrophique que nous connaissons aujourd’hui, où ce gouvernement de gauche semble obligé d’adopter des actions s’apparentant plus à des initiatives de droite.

Celles-ci toutefois, ne s’attaquant pas aux racines du problème, ne pourront que retarder notre enlisement progressif.

La seule issue possible, puisque le niveau des prélèvements est tel que l’économie seule n’en est plus capable, c’est de recréer de la richesse et surtout par "le bas". Remonter le niveau du PIB est la seule initiative à prendre. C’est exactement comme une entreprise qui n’a plus ni bénéfice, ni marge, il lui faut retrouver des marchés pour augmenter son chiffre d’affaires et ensuite ou en parallèle, diminuer ses charges.

Il faut bien de se mettre dans la tête que c’est l’augmentation de la durée de vie au regard d’un temps de travail devenu trop faible qui est la cause de notre perte de compétitivité nationale et surtout internationale, ainsi que l’augmentation du chômage, du niveau de pauvreté, du nombre de SDF, des problèmes de banlieues, du manque de financement des hôpitaux, de la police, etc… pour ne citer que certains.

J’ai repris ci-dessous un article sur le sujet qui m’a paru d’une justesse absolu par rapport à l’analyse effectuée ci-dessus :

Le pacte de 1945, suivant lequel les actifs financent les études des jeunes et les retraites des seniors, dans le contexte actuel, est aujourd’hui dépassé (Si l’on n’augmente pas la durée d’activité). La part de la population qui supporte cette double charge s’est considérablement réduite : près de 80% des emplois en France sont assurés par les 25-55 ans, alors que ceux-ci ne représentent que 40% de la population totale. Cette concentration de l’activité économique n’est pas tenable : elle pèse sur la croissance et fragilise la solidarité entre les générations. Encore faut-il ajouter que le chômage endémique depuis plus d’un quart de siècle a fragilisé les ressources salariales, que l’atmosphère intellectuelle et les politiques publiques n’ont guère compris depuis les années 1970 que le travail n’était pas un stock à partager mais une dynamique à nourrir. Au lieu de promouvoir d’abord l’activité de tous, on a rationné le travail par classe d’âge : aux adultes l’emploi, aux jeunes les études, aux seniors l’inactivité. Ce postulat, archaïque, s’appuie sur une idée forte simple mais totalement fausse : puisqu’il n’y a pas assez de travail pour tout le monde, il est impératif de l’allouer en priorité aux actifs entre 25 et 55 ans.

En un mot, le pacte traditionnel de solidarité s’est transformé en un pacte de sacrifice. Il tend de plus en plus à opposer les inclus aux exclus du système. Non seulement il ne contribue plus à assurer la cohésion sociale, mais il la menace.

Au lieu de ne se débattre qu’avec l’existant, changeons de cible, de stratégie ; augmentons le niveau de richesse, le PIB. Nous pourrons ainsi très rapidement retrouver de la croissance, diminuer le chômage sans avoir besoin de réduire de suite les dépenses, ni mettre en place tous ces pactes qui ne feront que créer des mécontents et retarder l’échéance finale : La chute de la France.

Que le gouvernement ait en tête cette maxime.

Travailler plus pour dépenser mieux.

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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