Le Parlement européen a approuvé en mars un projet de réforme de la Politique agricole commune (PAC) pour les années 2014 – 2020. Cette réforme ne répondra ni aux attentes des agriculteurs, ni aux besoins des consommateurs.
La PAC est réduite à un marchandage sur le partage d'un budget qui serait présumé corriger les problèmes causés par l'abandon des missions fondamentales de cette grande politique fondatrice de l'UE : assurer la sécurité et l'autosuffisance alimentaire dans le respect de l'environnement, tout en assurant des revenus aux agriculteurs à parité du reste de la population qui doit, elle, bénéficier de prix stables et raisonnables.
Il en est ainsi des mesures dites de « verdissement » - d'une PAC devenue bien noire - qui ne sont qu'un camouflage de cette mauvaise réforme pour la rendre plus acceptable aux yeux de ceux qui ne connaissent rien à l'agriculture.
Le plafonnement des aides, censé soutenir les plus petits, leur convergence, le tout dans un contexte de distorsions en tout genre, ne reflètent aucune autre stratégie politique que celle du saupoudrage. Tout cela ne change pas le fond du problème : l'UE ne pourra jamais remporter cette course à la compétitivité mondiale, dont la récompense est la tromperie ou la perte de la qualité, la régression sociale, le mépris de l'environnement et la dépendance.
La « discipline financière » se traduira, dès 2014, par une baisse de 4,89 % sur les aides du premier pilier, soit 1,471 milliards d'euros ; auquel devra s'ajouter un retrait supplémentaire de 425 millions pour constituer une réserve de crise. La réduction correspondante s'appliquera aux bénéficiaires percevant plus de 5 000 € et ce seuil pourrait même être ramené à 2 000 € ! Ce prélèvement va donc pénaliser la quasi-totalité des exploitations qui perçoivent des aides de la PAC.
De nombreuses petites exploitations, notamment d'élevage, vivant aujourd'hui dans des conditions économiques très précaires, vont donc, de ce fait, plonger encore plus dans les difficultés. La future PAC n'existe pas encore qu'elle envoie déjà le plus mauvais des messages aux jeunes qui rêvaient de s'installer.
Tout ceci ne peut plus durer. L'UE doit immédiatement engager une refondation qui commence par une vraie PAC sous protection douanière, affirmant la souveraineté du peuple européen, permettant à l'Europe de profiter de son atout majeur pour le XXIème siècle, celui d'une agriculture source inépuisable de carbone, nourricière et performante.