Emploi : l’orthographe est devenue un enjeu professionnel #BEST OF

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Par Pascal Hostachy Publié le 24 juillet 2014 à 2h31

Une relation clients vertueuse repose en grande partie sur la qualité de la communication. Une orthographe hasardeuse fait perdre des points précieux. Les entreprises et les écoles sont de plus en plus attentives à ce problème et mettent en place des stratégies.

Tant qu'on se comprend...

Nous sommes à la conjonction de deux phénomènes. Le premier est une baisse générale du niveau de maîtrise de l'orthographe française par les francophones. Difficile à justifier, cette baisse a longtemps été masquée. Mais le malaise est manifeste. Il est clair pour tout le monde qu'il n'entre plus dans les attributions du bac de valider un niveau minimum en orthographe.

Le second phénomène est lié à l'avènement des nouveaux moyens de communication. Il y a vingt ans, lorsque l'on devait écrire à un client, c'était un événement ! On choisissait le papier, l'enveloppe, le timbre. On faisait écrire plus qu'on n'écrivait. Et on relisait et faisait relire. Aujourd'hui, on écrit tous les jours, à tout le monde, sans relecture par un tiers. Il est difficile de s'exposer davantage à l'écrit qu'on ne le fait actuellement. L'e-mail est devenu l'outil de communication professionnelle de tous les instants.

On n'a jamais autant écrit et le niveau baisse. Voilà un cocktail gentiment explosif. Et après ? Et si tout cela n'était pas grave ? Certains nous disent : finalement, quelle importance, tant qu'on se comprend...

Ayez confiance...

Je ne ferai pas ici l'exégèse de ce que je pense de l'importance de la grammaire dans une langue, et de l'importance de la langue dans une culture. Restons sur un terrain professionnel et économique. L'économie, le business, c'est quoi ? C'est la rencontre entre un acheteur et un vendeur. Pour sortir ses billets ou sa carte bleue, il faut être en confiance. La confiance, c'est comme la dictée : au départ, tout le monde a 20/20, c'est quand on commence à écrire que ça se gâte. Il y a des signaux d'alerte qui ébranlent la confiance. Ces signaux sont multiples et dépendent du contexte : une infirmière avec une blouse maculée de taches, un ministre avec des cheveux longs (à quoi ça tient, parfois), un vendeur pressé, un dentiste aux mains sales, un garagiste aux mains propres... Je n'ai pas besoin que mon garagiste ait une bonne orthographe, j'ai besoin d'avoir confiance en lui pour lui laisser ma voiture.

Tant qu'on se comprend... Le partage de sens est le degré zéro de la relation entre deux êtres ! L'enjeu n'est pas de se faire comprendre mais de se faire accepter. L'enjeu n'est pas de vendre mais de ne pas empêcher l'autre d'acheter. Une étude anglo-saxonne montre que sur une page de vente en ligne, une faute d'orthographe fait chuter les ventes de 50 %. Acheter, c'est faire confiance. Si on n'est pas en toute confiance, on hésite, et si on hésite...

Respect...

Il y a des fautes d'orthographe dans un e-mail qui font l'objet d'une certaine tolérance : des lettres manquantes, des inversions de lettres... enfin tout ce qui s'apparente à des fautes de frappe. Les fautes qui coûtent des points sont les fautes de grammaire et les fautes de sens (sémantiques).

« Je suis aller », « nous sommes senser vous retrouvez à quatres heures », etc.

Une accumulation de telles fautes peut envoyer les signaux d'alerte suivants à mon destinataire : « je ne suis pas consciencieux », « tu n'es pas important(e) pour moi », « mes compétences sont limitées ». C'est peut-être faux, mais le lecteur se fera son opinion. Une chose est sûre pour le lecteur : envoyer un message sans se relire est un manque de respect. Respectez-vous les gens qui vous manquent de respect ?

La revalorisation de l'orthographe

Alors les entreprises font attention. Elles accompagnent leurs salariés dans des programmes de remise à niveau. Elles sont très regardantes sur les nouvelles recrues. 82 % des recruteurs sont sensibles à l'orthographe des candidats. 30 % des CV partent à la poubelle dès la 2e faute d'orthographe. 500 établissements d'enseignement proposent d'enrichir le CV de leurs étudiants et stagiaires avec le Certificat Voltaire pour rassurer les recruteurs sur leur niveau en orthographe, comme on le fait depuis longtemps avec le TOEIC® pour l'anglais.

L'orthographe redevient une valeur prisée par les entreprises, une compétence reconnue par les recruteurs.

Ayez grand soin de vos écrits comme de vos interlocuteurs. Et n'oubliez pas le plus important : relisez-vous.

Cette tribune a été initialement publiée le 19 décembre 2013.

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  Pascal HOSTACHY, 45 ans, président fondateur de WOONOZ en 2005 et du Projet Voltaire en 2008. Programmeur depuis l’âge de 13 ans, il a commencé sa carrière professionnelle comme développeur informatique en 1989 chez ORTEMS, éditeur logiciel lyonnais spécialisé dans la planification industrielle. Il devient responsable du moteur d’intelligence artificielle sur lequel repose l’offre ORTEMS ; prend la responsabilité d’une cellule de développeurs, puis de toute l’équipe de développement. A quitté l’entreprise en 2004 pour se consacrer à un projet personnel qui allait devenir WOONOZ. Ses diplômes : Bac C, DUT Informatique, DEST Informatique puis, passionné par la littérature et la langue française, DEUG de Lettres modernes passé parallèlement à son activité professionnelle.  

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