La réussite universitaire est une des voies, une étape particulière indispensable pour le devenir individuel. Le résultat de ce parcours supérieur est censé permettre de comprendre et d’intégrer les paramètres du sociétal et de trouver sa place dans le social. L’origine et les conditions initiales sont-t-elles déterminantes ?
Une simple réponse affirmative ne peut pas être satisfaisante. Cette question est intemporelle. Elle traverse les générations et ne peut trouver de réponse suffisante à court voire à moyen terme. Pour apprécier la complexité du problème, il faut déjà comprendre le sens des mots et des qualificatifs.
L’origine socioculturelle
Parler d’origine sociale ou socioculturelle, c’est accepter de se replacer dans le passé en référence à un environnement, un contexte familial, prélude à l’éducation (primaire et secondaire). Pour compléter le parcours éducatif à l’entrée dans le supérieur, les données fondamentales sont à comprendre dans le présent : le niveau de vie, la situation familiale, artisans, employés de premier rang ou agriculteurs, ou encore l’origine culturelle et la religion. Elles caractérisent la situation sociale et professionnelle des parents et déterminent la poursuite du parcours universitaire dans de nouvelles conditions initiales. A noter que plus de la moitié des élèves du secondaire ayant eu le baccalauréat (51%) ne poursuivront pas leurs études supérieures ou professionnelles.
Sur les 49% de bacheliers qui s’engagent dans des études universitaires (2021), 37% sont des enfants de commerçants, de cadres moyens ou supérieurs, environ 12% néanmoins sont issus de familles modestes. Pour comprendre cette affirmation, il faut se rappeler que depuis le collège le rapport en nombre entre les enfants de parents modestes (très élevé) et ceux de parents plus aisés s’inverse rapidement à l’entrée dans les études supérieures pour être réduit au minimum au fur et à mesure de la progression vers le haut niveau. Ce pourcentage (< 2%) est très faible en ce qui concerne l’accès aux classes préparatoires aux grandes écoles.
L’impact de l’origine sociale est déterminant suivant le niveau d’études pressenties.
La destinée sociale et la réussite universitaire
Une majorité d’étudiants, les plus motivés, les mieux encadrés (15%) et les plus aisés (8%), parle destinée sociale : faire carrière, de prise de responsabilité, de pouvoir et de devenir financier. Une seule obsession pour les meilleurs : intégrer une grande école ou faire un doctorat dans un laboratoire de réputation mondiale. Suivant leur spécialité et leur formation, ils choisissent la haute fonction publique ou le privé.
Leur métier va dépendre de l’offre et du besoin. Qualifier cette activité à ce stade n’a pas de sens. Pour beaucoup d’entre eux, seule la notion de réussite vers le pouvoir les motive et les intéresse. Le niveau de cadre supérieur est un objectif à atteindre. Les résultats montrent que 4 à 5% pour les étudiants d’origine sociale moyenne supérieure ou aisée y parviendront. Le taux de réussite des plus modestes est inférieur à 0,5%.
Les étudiants d’origine, plus variée et plus modeste (26%), diplômés du secondaire en fonction de leurs résultats et de leur choix, vont être tentés par une poursuite de leurs études professionnelles ou universitaires. En priorité, ils veulent accéder à un diplôme et à une reconnaissance.
Leur problème d’accès au supérieur n’est pas le même. Parmi les plus assidus, nombre d’étudiants (8%) issus de familles modestes trouveront ainsi des formations satisfaisantes et plus adaptées pour parvenir à franchir de nouveaux échelons sociaux, synonymes de réussite. Les mal orientés, moins qualifiés ou donnant dans la facilité vont occuper (6%) les amphis universitaires sans réelle destinée. Ce sera à court terme la culture de l’échec
Pour certains assez nombreux, mais encore minoritaires (12%), ils sont en priorité les plus assidus à la recherche d’une qualification professionnelle pour accéder à un métier. Le diplôme devient le sauf-conduit indispensable pour exister et trouver un travail dans la mesure où il est complété par des actions concrètes sur le terrain.
Conclusion
Ignorer que l’origine socioculturelle n’a pas de conséquence sur la destinée sociale serait un non-sens. Les différentiels de vie sont tels qu’ils ne peuvent laisser indifférents. La persistance de ces écarts continuera à peser sur l’avenir social des jeunes d’origine modeste. Si privilégier l’excellence est une donnée essentielle pour préserver la qualité du haut-niveau, comment alors imaginer une progression sensible pour les plus modestes dans le supérieur ?
Dans tous les cas, ce ne sera pas en abaissant le niveau d’accessibilité au haut niveau et en instaurant un régime de quotas que l’on parviendra à aider les plus défavorisés. Mettre en place un régime particulier de formation aux études supérieures et d’encadrement peut être une meilleure réponse. C’est là une autre question ?