Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Avant que je ne vous parle d’or, car un excellent papier vient d’être rédigé par l’Agence de Presse Reuters à ce sujet, je souhaitais me faire l’écho des difficultés budgétaires de notre maréchaussée. Nos pandores à képis manquent de carburant et d’argent…
Je dois vous avouer que je suis un homme ambigu… Par exemple je suis très socialiste lorsque je perçois des aides et paie peu d’impôts… Je me sens nettement plus libéral lorsque c’est l’inverse et que je dois payer beaucoup d’impôts et que je ne reçois rien du tout en échange.
Une partie de moi aime l’ordre et la discipline… surtout pour les autres qui doivent bien se tenir car évidemment, j’aime bien faire ce que bon me semble et tous ces empêcheurs de tourner en rond me fatiguent bien vite.
Je suis profondément favorable à l’ouverture dominicale le dimanche de mon magasin de bricolage surtout le jour où j’ai décidé de bricoler et qu’il me manque le machin indispensable pour mener à bien la mission confiée par mon épouse il y a 13 ans de cela… C’est vrai quoi ! Madame attend que je lui répare enfin le placard de la salle de bain qui pend lamentablement sur une charnière depuis 13 ans.
Aujourd’hui, c’est dimanche, et il me faut donc une charnière supplémentaire (j’ai parfois une vie trépidante)…Évidemment, aujourd’hui je trouve le principe du travail le dimanche parfaitement moderne, efficace et utile à l’économie française et surtout à mon petit confort personnel. Maintenant, si vous me demandez si je suis pour que ma femme travaille le dimanche à l’usine et que je me farcisse les gosses tout seul, je vais vite redevenir très « conservateur »… Et la vie de famille, vous n’y pensez pas braves gens,… surtout mon petit confort personnel.
Eh bien pour nos gendarmes, c’est pareil. Une partie de mon esprit rigole franchement de voir tous ces beaux véhicules bleu marine avec gyrophares (je précise pour la bien-pensence que le bleu marine est la couleur des voitures de nos gendarmes en plus d’être désormais un mouvement politique, donc… pas « d’amalgame ») immobilisés faute de carburant avec à l’intérieur tous ces beaux radars pour me flasher lorsque je me transforme en horrible « délinquant de la route » roulant à 53,8 km/heure au lieu de 50,00 km/heure… Oui mes chers contrariens, je jubile pour tout vous dire, et j’ai effectivement remarqué que nos gendarmes sont un peu moins présents sur la route…
En revanche, si je me fais attaquer, agresser, ou que sais-je encore, il me serait insupportable que les secours n’arrivent pas et la cavalerie non plus parce que les chevaux n’ont pas eu leur plein de foin…
Et comme j’ai une femme et des enfants et que je suis respectueux de la loi, je ne peux que revenir sur cet article du journal Acteurs Publics.
Faute de crédits, les réservoirs des véhicules de gendarmerie sont à sec
« Selon des parlementaires de l’opposition qui ont auditionné le directeur général de la gendarmerie nationale, les crédits commencent à manquer chez les gendarmes pour payer carburant et loyers. Le député UMP Nicolas Dhuicq craint la cessation de paiement. »
Diantre ! Manifestement les sous commencent à manquer… Il faut dire que les deux dernières années, grâce à la mise en place d’un nouveau système pour gérer les payes des militaires, l’État a grandement économisé puisque les salaires n’étaient pas versés très souvent…
« Les gendarmes vont connaître une fin de mois, voire d’année, difficile. Selon un communiqué du collectif de la Droite populaire, à la fin octobre, la gendarmerie nationale n’a plus les moyens de régler ses loyers aux collectivités territoriales. De plus, selon ces parlementaires, de nombreux logements de nos gendarmes sont insalubres, les familles doivent parfois vivre dans des appartements où, faute d’argent pour le chauffage, la température chute à moins de 16 degrés. »
Ce qui est bien avec les militaires, c’est qu’ils n’ont pas le droit de l’ouvrir même quand tout va vraiment très mal. Si l’on pousse la logique jusqu’au bout, il faudrait dans le cadre de la réforme de l’État, donner le statut de militaire à tous les fonctionnaires… cela pourrait être assez drôle. 16° dans la gendarmerie, une honte… Dans n’importe quelle société d’HLM, les locataires font la grève des loyers en dessous de 18° minimum syndical de rigueur dans le civil…
Gel et surgel des crédits
« Joint par Acteurs publics, Nicolas Dhuicq, signataire du communiqué avec 10 autres députés, assistait en tant que membre de la commission de la défense de l’Assemblée nationale à cette audition. Le compte rendu de cette audition n’est pour l’heure pas public. Il faut donc s’en tenir aux allégations du collectif de parlementaires. Ex-patron du GIGN, nommé en avril dernier, Denis Favier doit affronter de plein fouet les conséquences du gel et plus encore du surgel des crédits décidés par Bercy, selon l’analyse faite par le député. Le ministère du Budget avait imposé en février dernier aux ministères, dans des proportions variables, un nouveau train d’économies à hauteur de 2 milliards d’euros, en plus des 6 milliards déjà décidés pour 2013. »
J’aime beaucoup cet intertitre. « Gel et surgel ». Il faut dire qu’à 16° ils sont tous gelés, d’où sans doute le concept de surgel après le gel du budget… Quand il n’y a plus de gras dans la trésorerie de l’État, on fait un « gel » des crédits. Quand le gel des crédits ne suffit pas, on fait un surgel… A priori, le concept du surgel impacte directement la température moyenne dans les gendarmeries. Quand on attaquera le surgel de surgel… on inventera sans doute le concept de congélation des crédits et des personnels…
Quant à Patrick Verchère, il relève de son côté que « les véhicules neufs se font effectivement plus rares et qu’ils ont changé de couleur. Pour l’anecdote, le bleu marine foncé coûterait moins cher que l’ancien bleu qui recouvrait jusqu’à présent les carrosseries »… Décidément, c’est une manie ces derniers temps cette histoire de bleu marine…
Bref, je vous laisse lire cet article si vous le souhaitez, mais je crois qu’il faut en retenir que les caisses de l’État sont vraiment à sec en dépit de tous nos points en moins cumulés et de toutes nos amendes additionnées.
Or, vous devez savoir une chose essentielle. Lorsque les caisses de l’État sont vides, c’est à nous qu’il est demandé de les remplir… et c’est là que ça ne devient pas drôle du tout cette histoire de gendarmes à pieds…
Conclusion ? Eh bien il est fort à parier que le ralentissement de la pause fiscal va se prolonger et qu’à force de ralentir, il n’y aura plus de pause fiscale du tout, dans la mesure où quand je fais mes comptes, je me rends bien compte que tout compte fait… j’ai nettement moins de pognon qu’avant… et j’ai comme qui dirait l’impression que ça ne va pas s’arranger et qu’ils vont bien finir par me demander de payer le plein de la gendarmerie du coin…
Les marchés interpellés par les cahots des cours de l’or
Bon, passons à la partie importante concernant l’or de cet édito.
C’est un papier de Reuters qui détaille quelque peu le fonctionnement pour le moins opaque et surprenant des marchés de l’or « confrontés jeudi matin à un afflux d’ordres massif, avec 2,3 milliards de dollars d’achats qui ont provoqué une hausse des cours de 3 % et donné le ton de la séance. Certains expliquent ces mouvements par une répartition inégale du nombre d’ordres en fonction de l’heure de la journée, d’autres évoquent la piste de la manipulation d’un trader ou celle d’un algorithme informatique élaboré ».
Je suis très heureux que l’Agence de Presse Reuters se penche sur les manipulations des cours de l’or, mais sans doute aurait-il été souhaitable que l’Agence de Presse concernée ne le fasse pas uniquement le seul jour où les cours se sont effectivement envolés de plus de 3 %…
Cet article ne le dit pas, mais soyons taquins. Disons que personne n’est gêné par les manipulations de l’or à la baisse par JPMorgan, mais nettement plus agacé par les achats intempestifs chinois qui ont montré jeudi dernier qu’ils étaient en mesure à n’importe quel moment eux aussi… de faire exploser l’or, chuter le dollar sans même avoir besoin de déverser des tombereaux de bons du Trésor américain sur les marchés.
Comme le dit Reuters qui s’en étonne… « alors qu’à peine quelques centaines de contrats à terme sont habituellement échangées en matinée, les marchés de l’or ont été confrontés jeudi matin à un afflux d’ordres massif, avec 2,3 milliards de dollars d’achats qui ont provoqué une hausse des cours de 3 % et donné le ton de la séance »…
Que c’est bizarre tout de même ces acheteurs… c’est vrai quoi, l’or est une relique barbare, et vous, le petit peuple, êtes appelés à faire preuve d’intelligence et à vous débarrasser dans les plus brefs délais de tous vos petits débris dorés. Alors que l’on réussisse à faire baisser les cours sans volume avec juste un ordre de vente de 2 500 contrats « futurs », ça c’est parfaitement normal et légitime… Mais que des gens achètent massivement de l’or, c’est inadmissible surtout s’ils sont un peu chinois sur les bords… Bref, une enquête est IN-DIS-PEN-SA-BLE !
« Ils ont également alimenté les interrogations dans les rangs des investisseurs confrontés depuis deux semaines à une longue série d’ordres aussi volumineux et soudains qu’inexpliqués »… Mais non voyons, quel esprit mal placé. Le marché de l’or est efficient et libre, jamais manipulé et toujours transparent, c’est même sa qualité première et historique… Là encore je rêve devant autant de naïveté et de mensonge.
« Si les marchés de l’or sont habitués aux brusques retournements de tendance, souvent provoqués par des informations économiques inattendues, voire par un « gros doigt », ces explications ne convainquent pas, surtout quand on compare le repli du dollar à la hausse phénoménale de l’once »… Effectivement, il ne s’agit pas d’une erreur. Un « gros doigt » c’est l’expression utilisée sur les marchés pour parler d’un trader qui, ayant des gros doigts, appuie sur plusieurs touches en même temps et du coup… l’ordre est beaucoup plus important que ce que le trader souhaitait… Bref, une erreur !
« Certains expliquent ces mouvements par une répartition inégale du nombre d’ordres en fonction de l’heure de la journée, certains moments de la séance étant quasiment privés de liquidité du fait d’un nombre trop peu élevé d’investisseurs… »
Et c’est là que l’Agence de Presse Reuters découvre l’eau chaude et le fil à couper le beurre, dans la mesure où c’est exactement de cette façon-là que les cours de l’or sont manipulés depuis plusieurs années à la baisse et à la hausse pour limiter au maximum son envolée.
Encore une fois, lorsque ces manipulations sont réalisées de manière consensuelle par les banques anglo-saxonnes, tout va pour le mieux, mais lorsque des Chinois s’en mêlent, l’histoire devient autrement plus grave.
Les Chinois ont montré leur capacité à contrer les manipulations sur l’or et mettent le dollar en danger
La seule et unique raison pour laquelle l’or est stratégique, c’est que les hausses de l’or se font toujours au détriment des monnaies papiers. Ce n’est pas tant l’or qui monte que la valeur des monnaies qui baissent… or les États-Unis tirent leur puissance de deux choses. La première c’est leur nombre de porte-avions, c’est-à-dire leur puissance militaire, la seconde est la prédominance du dollar comme monnaie des échanges mondiaux. Autrefois, les USA avaient également une attirance mondiale liée à leur modèle économique et ils incarnaient la « Liberté » avec un grand L… Il ne reste plus aujourd’hui que la puissance militaire et économique. Or fondamentalement, ce qui fait l’attrait et la force d’une civilisation au-delà de sa puissance militaire, c’est bien ce que cette civilisation incarne et apporte au reste du monde.
« La volatilité des cours de l’or exaspère certains opérateurs qui remettent en question son statut de valeur refuge et qui regrettent une performance bien décevante durant la crise budgétaire américaine »… Ha, voilà le fond du problème : l’or valeur refuge, beurk, pô bien, vendez braves gens… C’est vrai, l’or vient d’augmenter de 3 % ce qui est agaçant pour beaucoup n’est-ce pas, mais c’est une performance très décevante durant la crise budgétaire… Or il n’y a rien de décevant dans le parcours de l’or durant cette crise budgétaire américaine dans la mesure où l’ensemble des intervenants ont tous parié et misé sur un accord, même au dernier moment, ce qui fut bien le cas. Il n’y avait donc aucune raison d’être acheteur d’or si votre scénario était l’accord, vous aviez au contraire toutes les raisons d’être vendeur d’or à découvert.
« Ce qui est inhabituel avec ces mouvements, c’est que le prix reste à son nouveau niveau, ce qui laisse entendre qu’il y a un acheteur ou un vendeur qui se positionne sur la durée, a déclaré Chris Concannon, vice-président exécutif chez Virtu Financia. »
Bravo mon cher Chris, tu as bien vu, mais pas compris grand-chose, et comme au Contrarien Matin on est sympa et que l’on estime que l’information cela se partage, je vais te donner un petit tuyau… L’acheteur long terme c’est la Chine et le vendeur long terme c’est JPMorgan et consort qui tente désespérément de coiffer le cours de l’or.
« Cela fait bouger les cours et cela les fixe à un nouveau niveau, si bien que cela ne peut être imputable qu’à quelqu’un qui vend ou qui achète des volumes significatifs pour les conserver. »
Vous vous rendez compte, il y en a un qui est acheteur, qui fait monter les cours et en plus ce n’est même pas de la spéculation parce que cet espèce de fou les conserve… une honte, un scandale, l’or doit être vendu, jamais acheté…
« Ces mouvements étonnants ont commencé au premier jour de la paralysie budgétaire – qui a provoqué la fermeture d’un certain nombre d’agences fédérales – sans pour autant qu’un lien de cause à effet puisse être trouvé.
Les opérateurs ont proposé un certain nombre d’explications, avançant notamment des ventes passées par un fonds en difficulté, mais cette solution paraît peu probable, les incidents s’étant produit trois semaines durant.
D’autres suggèrent l’hypothèse d’un manque de liquidité, mais certains ont d’autres explications, plus inquiétantes, évoquant la piste de la manipulation d’un trader, ou celle d’un algorithme informatique élaboré pour maximiser les potentiels des impacts de marché en bousculant brusquement les volumes avec le passage d’une quantité d’ordres en l’espace de quelques millisecondes. »
Que les algorithmes soient utilisés pour manipuler les cours à la baisse est une certitude. À la hausse, c’est nettement moins sûr. Reuters devrait faire attention à ce qu’ils écrivent à propos des logiciels qui « pipotent » les cours.
« La poussée de fièvre de jeudi a commencé peu de temps après 08h00 GMT, lorsque près de 18 000 lors, soit 1,782 million d’onces d’or ont changé de mains en l’espace de dix minutes, provoquant une hausse de 3 % des cours à un plus haut d’une semaine. Le contrat décembre a fini en hausse 2,7 % à 1,319 dollars l’once. »
Ce qui sera passionnant, c’est de voir la seconde étape de l’histoire, à savoir les demandes de livraisons physiques car acheter de l’or pour le long terme c’est parfait, mais se le faire livrer c’est encore mieux, 10 contre 1 que l’adresse de livraison sur le bordereau sera : Banque de Chine, Pékin et le plus dur pour le Comex ou le CME (le marché de l’or) sera de trouver les bonnes quantités d’or physique pour honorer la livraison, car je doute que les Chinois acceptent un règlement… en dollars ou en bons du Trésor US, ce qui nous promet encore de belles aventures pour le mois prochain.
« Le 1er et le 11 octobre, les volumes ont dépassé les 20 000 en dix minutes, ce qui représente près d’un dixième de la moyenne quotidienne enregistrée depuis le début de l’année.
Fait rare, deux de ces incidents ont conduit le Chicago Mercantile Exchange à utiliser un coupe-circuit qui interrompt immédiatement les échanges afin d’éviter les mouvements excessifs. »
Haaaaa mes amis, me voilà rassuré, le CME (marché de Chicago) a stoppé les transactions pour éviter que la hausse ne soit trop forte.
Les manipulations sur l’or sont donc parfaitement officielles, reconnues, et les autorités de marché américaines n’utilisent jamais les coupe-circuits lorsque l’or perd 10 % en une journée ou presque. En revanche, à plus 3 %, on coupe tout et on interdit les achats et les transactions.
Retenez donc la chose suivante :
Les actions ne peuvent que monter et vous êtes priés de ne faire qu’acheter, de toute façon les banques centrales font monter les actions donc aucun risque.
Pour l’or, vous n’avez le droit que de vendre, s’il y a trop d’acheteurs on suspend les cotations.
Cela n’est plus ni un marché libre, ni un marché efficient, alors en bon contrarien, je fais l’inverse de ce que l’on me demande partant du principe que l’on ne me veut pas que du bien, mais plutôt que l’on souhaite me piquer mon argent et ce n’est pas le FMI qui me dira le contraire…
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez-bien !!