Interdire les espèces des petits, autoriser le pillage des grands !!

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Par Charles Sannat Modifié le 17 mars 2016 à 10h11
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@shutter - © Economie Matin
5 MILLIARDS €Les banques françaises ont réalisé 5 milliards d'euros de revenus nets dans des paradis fiscaux en 2014.

Je n’aime pas la démagogie, et je pense qu’il faut toujours essayer d’être honnête intellectuellement. Le problème c’est que les faits sont têtus et les faits sont là !

Au moment où la chasse aux espèces (qui représentent moins de 2 % de la masse monétaire totale) est ouverte, c’est une enquête de 3 ONG sur l’évasion fiscale légalisée et institutionnalisée qui vient provoquer chez moi un agacement qui n’est pas nouveau, mais cela permet d’en reparler.

Après les émois de rigueur, rassurez-vous, le Luxembourg continuera à permettre à nos grands groupes “d’optimiser”, l’Irlande continuera à proposer des impôts sur les sociétés défiant toute concurrence, et nous, nous continuerons à nous faire tondre non pas parce que nous ne payons pas assez d’impôts – nous en payons même beaucoup trop – mais parce que les grandes sociétés, nos grands groupes, nos grandes multinationales, avec la complicité de l’ensemble des classes politiques de tous les pays européens, ont décidé de s’arroger le droit d’échapper à l’impôt.

Voilà la réalité. On demandera donc de plus en plus d’efforts aux petits pour préserver les plus gros. Parallèlement, on se plaint de cette crise sans fin et de l’impossibilité de la relance alors qu’effectivement, la richesse ne circule plus puisqu’elle se concentre dans des mains de moins en moins nombreuses.

Les banques françaises entre optimisation et évasion

Ainsi cet article de France Inter nous apprend que 3 “ONG dénoncent les bénéfices que les banques françaises réalisent dans des pays à la fiscalité “avantageuse”.

“C’est un rapport d’une cinquantaine de pages commandé par les ONG CCFD-Terre Solidaire, Oxfam France et Secours Catholique-Caritas France. Ces organisation dénoncent la stratégie d’optimisation fiscale des grandes banques qui réalisent le tiers de leurs bénéfices dans les paradis fiscaux.

Résultat : il y a bel et bien une déconnexion entre les bénéfices déclarés dans les paradis fiscaux et l’activité réelle des banques.

Par exemple dans certaines filiales il n’y a aucun salarié et pourtant il y a des bénéfices…

Les ONG redoutent de l’évasion fiscale mais dénoncent aussi l’optimisation fiscale. Dans le top cinq des pays où nos banques font le plus de bénéfices il y a le Luxembourg – qui n’est pas considéré comme un paradis fiscal par la France -, la Belgique non plus, Hong-Kong, Singapour et l’Irlande où le taux d’impôt sur les sociétés est de 12,5 % mais seulement 8,5 % en moyenne pour nos cinq banques françaises.”

Alors oui nos banques se tiennent mal et ce n’est pas nouveau, mais ce n’est pas le problème. Pourquoi ? Pas parce que je veux les défendre, rassurez-vous, mais parce qu’en entrée de jeu je vous parlais de la nécessité d’être objectif intellectuellement.

Vous ne pouvez pas reprocher à une banque de suivre ses propres intérêts de banque. Le problème c’est que les autorités publiques laissent faire.

L’autre chose c’est évidemment que si les banques sont très très vilaines et très très méchantes, toutes les autres grandes entreprises font exactement la même chose. Si politiquement et publiquement il est facile de critiquer les banques, la réalité c’est que toutes les grosses boîtes font leurs bénéfices ailleurs et payent un impôt dérisoire en France, faisant peser la fiscalité sur les particuliers et les TPE-PME.

Il faut mettre à bas ce système de collusion généralisé

Alors oui c’est la crise, oui la France est surendettée, mais le problème ce n’est ni le travail au noir – que je considère comme “l’huile nécessaire dans les rouages” et nos politiques feraient bien de ne pas l’oublier –, ni même la fraude fiscale des petits lorsque l’on compare cela aux centaines de milliards d’euros qui chaque année ne rentreront pas dans nos caisses parce que “l’optimisation” fiscale est organisée, structurée aux plus hauts niveaux en particulier par nos dirigeants européens, dont l’actuel grand mamamouchi européen est Jean-Claude Juncker, grand donneur de leçon de compétitivité alors que sa seule politique géniale a consisté à faire venir dans ce pays microscopique tous les grands groupes des autres pour leur permettre ne pas payer les impôts qu’ils auraient dû !

Le scandale du “Luxleak” a donc duré quelques jours, ou plus précisément comme à chaque fois quelques heures, et puis une information chassant l’autre, les gens se sont vite remis à regarder Nabilla, “Touche pas à mon poste” ou encore “Top chef”… Et il ne s’est rien passé.

L’année prochaine, nous aurons encore la même étude qui conclura la même chose et il ne se passera rien.

Rien sur l’évasion fiscale.

Rien sur le dumping social.

Rien sur la corruption généralisée de certaines instances soumises aux lobbies.

Rien sur les conflits d’intérêts.

Rien nulle part.

Il y a deux façons de préserver un secret. Soit en ne disant rien comme c’était le cas dans l’ex-URSS, soit en disant trop, c’est-à-dire en noyant les gens sous un tel flot d’informations que plus rien n’est assimilable et que le temps de l’information ne laisse plus le temps à la mobilisation citoyenne.

En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !

Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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