Loi Travail : les manifestants ont le soutien des Français

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Par Nicolas Boudot Publié le 4 mars 2016 à 8h55
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@shutter - © Economie Matin
41 %41 % des Français estiment qu'il faut retrer le projet de loi porté par Myriam El Khomri.

Le 9 mars, les syndicats étudiants appellent à manifester contre le projet de loi El-Khomri sur la réforme du code du travail. Vous personnellement, à propos de cette manifestation, diriez-vous que vous la soutenez ?

Sous total « oui » : 57 %

• Sous total « non » : 42 %

• NSP : 1 %

57% des Français interrogés soutiennent les syndicats étudiants qui ont appelé à manifester contre le projet de loi El-Khomri le 9 mars.

Avis de tempête pour le gouvernement, les Français interrogés cette semaine soutiennent l’appel à la grève lancé par les syndicats étudiants avec au premier rang l’UNEF. Il pourrait s’agir d’un événement banal tant les appels à la grève estudiantins ont été nombreuses naguère dans le cadre des modifications de règles régissant le droit du travail. On peut notamment citer les grèves qui avaient accompagné les tentatives de mise en oeuvre de contrats ad hoc pour les jeunes entrants sur le marché du travail : le CIP en 1994, le CPE en 2006.

La situation impose deux remarques :

• D’abord, que le gouvernement Hollande avait jusque là été assez épargné par les appels massifs à la grève. A ce titre, le soutien de l’opinion publique à l’appel à la grève doit être interprété comme un signe supplémentaire de l’impopularité du gouvernement et de la défiance des Français à l’endroit de l’exécutif.

• Ensuite, et c’est probablement le plus important ici : le gouvernement de gauche est attaqué par des organisations qui lui sont idéologiquement proches, au moins sur le papier. En effet, chacun sait que l’UNEF et les « syndicats » de lycéens UNL et FIDL sont des structures proches du PS et des pouponnières à militants et cadres du parti. Il suffit de regarder le parcours des derniers dirigeants pour finir de s’en convaincre.

C’est ce point qu’il faut retenir en communication : les organisations étudiantes viennent formaliser la fracture née entre deux parties de la gauche de gouvernement, entre les tenants d’une gauche libérale et réformatrice et une gauche plus conservatrice et plus idéologique.

La grève du 9 mars, au delà des désagréments qu’elle pourrait faire peser sur les uns ou les autres, sera une épreuve de force où les deux gauches vont pouvoir se compter. Il s’agit là d’un tournant de la dernière phase du quinquennat, un tournant dans la stratégie du couple exécutif. Qui de Martine Aubry d’un côté ou de Manuel Valls (Emmanuel Macron et Myriam El-Khomri) l’emporteront ?

C’est encore impossible à dire, même si le sondage d’aujourd’hui montre que l’opinion publique donne une petite prime à Aubry… En tout état de cause, l’arbitre de cette guerre des gauches s’appelle François Hollande et c’est finalement un rôle dans lequel il est particulièrement à l’aise.

Quoi qu’il arrive, les semaines qui viennent seront déterminantes pour la gauche et seront un excellent indicateur sur la tonalité idéologique du futur programme que du candidat de gauche à l’élection présidentielle.

A propos du projet de loi El-Khomri, laquelle de ces solutions a votre préférence ?

• Le gouvernement devrait maintenir en l’état son projet : 18 %

• Le gouvernement devrait modifier son projet : 40 %

Le gouvernement devrait retirer son projet : 41 %

• NSP : 1 %

41% des Français interrogés favorables à un retrait du projet El-Khomry (40% pour une modification du projet et 18% pour un maintien en l’état).

Ce résultat est la conséquence directe d’une erreur de communication de la part de l’exécutif. En effet, c’est le manque de pédagogie et surtout le décalage temporel entre l’annonce d’une réforme du Code du Travail qui expliquent ce mauvais résultat. Une réforme aussi importante avec des enjeux qui touchent chaque Français nécessite un temps de préparation de l’opinion publique, a fortiori lorsque le gouvernement qui souhaite porter une réforme est impopulaire.

Certes les rapports Badinter/Lyon-Caen d’abord, Combrexelle ensuite et Mettling enfin ont tracé des jalons et des pistes de travail qui ont donné lieu à un soutien important de la part des leaders d’opinion à l’époque de leur remise. Toutefois, à la fin de l’été dernier, il n’y a pas eu d’actions notables de communication sur la réforme du Code du Travail, à part l’annonce par le président de la République lors de son discours traditionnel des voeux le 31 décembre 2015. C’est trop peu pour espérer fédérer, autour du projet de réforme, un ensemble d’ambassadeurs du texte chargé de faire contre poids dans les médias et auprès de l’opinion publique aux critiques. Les tribunes et prises de paroles de certains Directeurs de ressources humaines cette semaine sont arrivées trop tard.

Cette règle de communication n’a pas été respectée ici, et c’est donc un risque renforcé pour le gouvernement de ne pas être en mesure de faire voter ce texte, qu’il estime pourtant majeur, avant les élections présidentielles dans 13 mois.

Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay du 3 mars 2016

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Directeur de Tilder

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