Le retour de l’essence à 1 euro le litre, c’est pour bientôt !

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 9 mars 2020 à 9h56
Petrole Afrique Crise
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50%Le cours du pétrole a chuté de plus de 50% depuis le début de l'année 2020.

L’annonce a fait l’effet d’une bombe, car personne ne s’y attendait : la Russie a décidé de faire cavalier seul et a refusé catégoriquement la proposition de l’Opep vendredi 6 mars 2020. En réponse, le carte de l’Or noir a lancé une guerre des prix. Et en Bourse, le cours du pétrole s’est littéralement effondré alors que la demande devrait continuer de chuter sur fonds de pandémie de coronavirus.

Vers une guerre du prix du pétrole entre Opep et Russie

Le 5 mars 2020, réunis à Vienne, les pays membres de l’Opep avaient annoncé leur volonté de réduire leur production journalière de pétrole de 1,5 million de barils par jour. L’objectif affiché était de stabiliser les cours du brut qui avaient, à cette date, chuté de plus de 20% depuis le début de l’année à cause de la crise du coronavirus en Chine et la baisse de la demande chinoise. 1,5 million de baril, c’était beaucoup, mais sans doute l’Opep s’attendait à une sorte de contre-offre de la part de la Russie et donc à un accord a minima.

La stratégie se sera retournée contre l’Arabie saoudite et les autres pays de l’Opep : la Russie leur a répondu un « Niet ! » fracassant : l’alliance entre l’Opep et Vladimir Poutine est rompue. Refusant de se laisser faire et tentant de rappeler qui est le chef, l’Arabie saoudite a donc lancé une guerre des prix de l’or noir dont les conséquences risquent d’être désastreuses.

L’Arabie saoudite brade son pétrole et annonce augmenter sa production

Première étape de la guerre des prix : l’Arabie saoudite a décidé de brader son pétrole et a vendu les barils 6 à 8 dollars moins cher. Forcément, en Bourse, c’est la panique : le prix du baril a chuté de près de 50% durant le week-end, passant de 47 dollars le 4 mars à 27 dollars le 9 mars 2020. Il faut remonter à février 2016 pour retrouver un prix aussi bas. Le 6 mars 2020, la chute a été telle qu’il faut même remonter à mars 2009, soit au lendemain de la crise économique, pour en retrouver une de même ampleur.

Et ce n’est pas fini : voulant corriger la Russie, l’Arabie saoudite a déjà annoncé que dès le 1er avril 2020, le pays arrêtera de freiner sa production du brut. A cette date, les accords de réduction de production déjà pris par l’Opep et ses alliés, et qui ont réduit l’offre de 2,1 millions de barils par jour depuis le début de l’année 2020, prennent fin : l’offre va donc être augmentée, ce qui va faire une nouvelle fois chuter le cours du pétrole en Bourse.

Vers l’essence à 1 euro ?

Cette guerre des prix va probablement chambouler le marché de l’énergie et risque de causer bien des soucis aux compagnies pétrolières en Bourse, Saudi Aramco ayant chuté de près de 10% à la suite de ses annonces, Shell de près de 5% tout comme BP ou encore Total.

Les automobilistes, eux, devraient être contents : si la guerre des prix se poursuit sur la durée, c’est le prix de l’essence qui va chuter. Lors de la crise du pétrole de 2014-2016, le prix du baril était passé à 35 dollars, ce qui a porté le prix de l’essence sous la barre des 1,30 euro le litre et celui du gazole sous celle de l’euro. Or, le baril de pétrole est déjà moins cher que ça, et la tendance devrait se poursuivre.

Le portefeuille des automobilistes devrait donc s’en féliciter, dans quelques semaines… Pour ce qui est du secteur pétrolier, par contre, le contre-coup risque d’être dur : entre la baisse de la demande mondiale sur fonds de pandémie et la guerre des prix du brut qui vient de commencer, les résultats 2020 risquent d’être dans le rouge. Et cela signifie, comme toujours, baisse des investissements ou encore licenciements massifs…

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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