Open Data : Et si la donnée partagée révolutionnait l’administration française ?

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Par Raphaël Allègre Publié le 19 avril 2020 à 5h03
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cc/pixabay - © Economie Matin
4.411En France, 4.411 collectivités locales se sont engagées dans une démarche Open Data

Le partage collaboratif des données en temps réel a permis de comprendre avec plus de précision le monde dans lequel nous évoluons. À l’instar de nombreux acteurs du privé, les institutions françaises se sont elles aussi lancées dans le grand bain de la transformation digitale en utilisant notamment l’Open Data. Malgré son potentiel (accessibilité, utilisation, analyses etc.), ce mouvement soulève également des problématiques d’éthique, d’intégrité et de sécurité.

Open Data : outil d’innovation

Depuis quelques années, l’Open Data a pris une place importante dans les politiques publiques. La plupart des gouvernements et des organisations à but non lucratif se sont engagés dans une mise à disposition des données (Open Data), révélant une volonté de la part des acteurs publics de se moderniser et d’améliorer notamment leur efficacité opérationnelle.

Grâce à cette initiative, l’État fait preuve de transparence et donne aux citoyens la possibilité de mieux appréhender le monde dans lequel ils évoluent. En plus d’avoir un objectif purement informatif, l’Open Data est source d’innovation. Les principes de participation universelle et d’interopérabilité encouragent aussi bien le développement d’innovations technologiques que l’émergence de nouvelles pratiques professionnelles. Depuis plusieurs années, un certain nombre de plateformes et projets Open Data ont émergé en ce sens. Par exemple, la plateforme data.gouv.fr donne accès à plus de 38.000 jeux de données en provenance des institutions gouvernementales mais aussi d’autres organismes comme l’INSEE ou encore La Poste.

Les principes clés pour une plateforme Open Data solide et durable

Le fait qu’elle soit ouverte ne fait pas de l’Open Data une plateforme aisée à mettre en place. Elle doit notamment répondre à de nombreux critères comme par exemple être utilisable par n’importe qui, n’importe où et quand, quel que soit l’usage que la personne compte faire de ces données. De plus, il ne doit y avoir aucune restriction en termes d’accessibilité (notamment des frais). Ainsi, quelle que soit la cible (fonctionnaires, citoyens etc.), il est donc nécessaire que la plateforme Open Data réponde à une réelle demande et puisse être utile de façon très concrète.

En outre, pour garantir le succès et la durabilité d’un projet Open Data, 3 piliers doivent être pris en compte :

Premièrement, la plateforme doit être capable d’accueillir une quantité de données brutes ou déjà traitées extrêmement dense compte tenu des nombreux formats aujourd’hui utilisés pour la transmission d’informations – pouvant aller du simple tableur à la vidéo en passant par l’image et ses métadonnées. Afin de s’y retrouver, la mise en place de règles d’organisation, de classification et de tri est essentielle. En effet, une information mal classifiée ne sera que peu voire pas exploitée. Utiliser des outils de GED, l’Intelligence Artificielle ou encore le Machine Learning permet aux gestionnaires d’Open Data de pouvoir qualifier et organiser les données efficacement et de façon systématique.

Garantir la sauvegarde des données et leur qualité est également un principe clé. Une donnée perdue ou dégradée n’est donc pas exploitable et perd à la fois sa valeur et son utilité publique. De plus, si cette situation venait à se reproduire régulièrement, la réputation et le principe même de la base de données pourrait en pâtir. Les solutions Open Source ou les plateformes d’éditeurs de logiciels spécialisées sont de bons exemples car elles permettent de s’assurer de la marche à suivre pour rester efficace.

La sécurité est le troisième facteur incontournable à prendre en compte. Ici, il ne s’agit pas seulement de sécuriser la plateforme, mais aussi les données. De prime abord, beaucoup de personnes sont angoissées par la notion d’Open Data, notamment parce qu’elles craignent que ne soient dévoilées des informations personnelles sur la place publique. Or, l’Open Data a pour fondement de n’utiliser qu’exclusivement des données non personnelles, c’est-à-dire qui ne comportent aucune information sur des individus, pour des raisons évidentes de respect de la vie privée.

De plus, un palier supplémentaire, le GDPR, induit le contrôle strict de la donnée personnelle et la sanction de quiconque irait à l’encontre de ses principes. À priori, le GDPR qui est censé assurer la confidentialité des données semble aller à l’encontre du principe de l’Open Data visant à mettre l’information à disposition de tous. De fait, les deux concepts pourraient sembler incompatibles. Cependant, la réglementation GDRP, lorsqu’elle est couplée à la considération des collectivités pour la vie privée, permet à l’Open Data de bénéficier d’un nouvel avantage : la préservation du système contre les attaques. D’ailleurs, la CNIL et la CADA ont récemment publié un guide pratique de 28 pages sur l'Open Data donnant les clés pour respecter et protéger les données personnelles. Toujours dans une optique de sécurité, l’État s’est engagé à garantir l’accès aux données à chacun des citoyens mais aussi la non-altération des données, ceci puisqu’une modification d’origine interne ou externe compromettrait toute action entreprise sur cette base de données corrompue.

Vers la transition numérique du secteur public

Aujourd’hui, de nombreuses autres entités bénéficient de l’Open Data. Les données qui en sont issues peuvent être utiles dans de nombreux secteurs, à divers groupes de personnes et autres organisations. Il est impossible cependant de prédire avec précision comment et dans quel domaine la valeur sera créée à l’avenir, même si de nombreux bénéfices ont déjà été dégagés.

Cependant, l’Open Data et plus particulièrement les données gouvernementales, constituent une précieuse ressource. Avec des plateformes bien construites et un triage des données efficace, les informations proposées par les Open Data pourront être utilisées par l’IoT ou encore contribuer à créer nos futures Smart Cities. Cette transition numérique du secteur public offre des opportunités et des expériences de vie aujourd’hui sans égal pour les habitants.

Pourtant, seules 4.411 collectivités locales se sont engagées dans cette transition et ce, malgré la loi pour une République Numérique du 7 octobre 2018 imposant aux collectivités d’une certaine taille de mettre en place un dispositif Open Data. Ce chiffre peut surprendre au regard des nombreuses collectivités territoriales françaises (communes, départements, régions et organismes rattachés). On peut tout à fait comprendre que la transformation digitale ne soit pas la priorité de nombreuses communes, mais l’Open Data n’est pas négligé pour autant face à la demande des citoyens.

La Ville de Paris et son site opendata.paris.fr a permis le référencement et la consultation de plus de 260 jeux de données. Il est donc possible d’accéder aux informations de la Direction de l’urbanisme, des finances et des achats, de la voirie et des déplacements, entre autres. C’est la possibilité d’effectuer un certain contrôle démocratique tout en engageant davantage les citoyens à participer à la vie locale et à l’intelligence collective publique. De même, des applications participatives ont été développées sur ces bases pour donner des informations, par exemple, sur la localisation des toilettes publiques de Paris, sur les bibliothèques, l’organisme EcoEmballages, et même les disponibilités des Velib en temps réel. D’autres villes en France se sont lancées dans cette même mouvance comme Nantes. Mais elles ne sont pas les seules à mettre en place des plateformes, API et applications exploitant l’Open Data pour faciliter la vie des utilisateurs : SNCF ou encore Météo France sont d’autres exemples.

À terme, l’utilisation massive de l’Open Data permettra de transformer nos Smart Cities en Smart Country, de servir l’innovation au sein des institutions et de partager une grande quantité d’informations publiques pour servir les besoins des Français. Les entreprises développent elles aussi de plus en plus de solutions et de logiciels basés sur ce principe. Les enjeux principaux d’une telle plateforme résident dans le stockage, la catégorisation et l’accessibilité des données en temps réel. Malgré les difficultés liées à l’établissement d’une définition précise et universelle de l’Open Data, les données ouvertes ont d’ores et déjà permis d’étendre considérablement le savoir et les connaissances, et favorisent également la croissance économique.

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Raphaël Allègre est responsable marketing produit senior chez Alfresco.

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