Actuellement, la plupart des grandes surfaces détruisent leurs invendus. D'où un véritable gaspillage alimentaire, qui choque de nombreux Français. Et parmi eux, Jean-Pierre Decool, un député apparenté UMP : il a déposé une proposition de loi visant à obliger les grandes enseignes de plus de 1 000 m2 à donner leurs produits invendus aux associations d'aide alimentaire. Autant qu'ils profitent à des gens dans le besoin plutôt que d'être jetés ou détruits !
Une fausse bonne idée
L'idée parait judicieuse. Mais en réalité, la plupart de ces grands supermarchés ont déjà des accords avec les banques alimentaires. Ainsi chaque année, les grandes enseignes donnent environ l'équivalent de 120 millions de repas aux associations.
Et puis se pose le problème des produits frais, invendus car ils périment le lendemain. Une fois qu'elles les auraient récupérés, les associations devraient les trier puis se débarrasser de tonnes de produits immangeables. On imagine facilement la complexité de la gestion des stocks ainsi que l'ampleur du coût humain et financier !
Inciter plutôt que contraindre par la loi ?
C'est pour cela que certaines associations, pourtant potentiellement bénéficiaires de cette mesure, se montrent frileuses.
"Nous ne sommes pas favorables à une obligation de don de la part des grandes surfaces, c'est une fausse bonne idée, critique ainsi le directeur de la Croix Rouge. Cela représente des coûts logistiques et humains difficilement abordables". Ne vaudrait-il pas mieux inciter, plutôt qu'obliger, interroge t-il ?
La chasse au gaspillage alimentaire devient un véritable sujet de société. Monoprix et Intermarché ont lancé des opérations "fruits et légumes moches", pour lutter contre les invendus. Le "doggy bag", cher au cœur des Américains, devrait aussi se populariser. Guillaume Garot, ancien ministre délégué à l'Agroalimentaire, a ainsi été missionné par Manuel Valls, premier Ministre. Il doit présenter prochainement des propositions permettant d'atteindre l'objectif de diminution de 50% du gaspillage alimentaire en France d'ici à 2025.
Au total, les déchets alimentaires représentent chaque année en France près d'1,2 million de tonnes. Ce gâchis représente une perte plus de 400 euros par an et par foyer. À l'échelle mondiale, des études menées par la FAO (Food and Agriculture Organization) ou l'Institut de l'eau de Stockholm ont démontré que jusqu'à 50% de la production alimentaire est gaspillée, perdue ou jetée entre le champ et l'assiette.