« Le mieux est l’ennemi du bien », dit l’adage. Est-ce le cas pour le nutri-score, cet affichage censé montrer la qualité nutritionnelle des produits alimentaires qui va bientôt devenir obligatoire ? C’est possible. En tout cas, l’Irqualim (Institut régional de la qualité alimentaire d'Occitanie) est monté au créneau le 17 mai 2021 contre le principe qui se révèle être un véritable paradoxe.
Des notes qui se basent… uniquement sur la composition
Le nutri-score donne à tous les produits alimentaires une note de A à E, A étant la meilleure et E la pire. Pour être objectif, ce classement ne se base que sur la composition du produit et ne prend pas en compte la quantité de produit consommé ou le niveau de transformation… ce qui entraîne des paradoxes majeurs : les produits du terroir, notamment les fromages, sont de facto considérés comme mauvais.
C’est ce que critique l’Irqualim, comme le souligne un reportage de TF1 : ces données trop objectives ne laissent pas place à la réalité du terrain et font la part belle aux produits industriels ultra-transformés. Par exemple, selon l’institut qui a publié un communiqué de presse à ce sujet le 17 mai 2021, un soda light est classé B par le nutri-score, alors qu’un jus de pomme bio non transformé obtiendra la note C. Si le consommateur en venait à choisir ses produits uniquement sur la base du nutri-score, il pourrait donc penser que le soda est meilleur, pour sa santé, qu’un jus de pomme.
Les produits du terroir : exemptés de nutri-score ?
Lait fermier rempli de gras (logiquement), miel trop plein de sucre, fromage affiné trop salé… autant de situations complètement paradoxales que souligne l’Irqualim, qui s’inquiète du choix du consommateur « entre un fromage à tartiner allégé, classé B, et un Rocamadour, un Roquefort ou un Pélardon classés D ou E mais garants d’une recette traditionnelle », par exemple.
L’institut demande donc que la loi soit modifiée et en appelle à la Commission européenne, car c’est au niveau européen que le nutri-score a été instauré. Pour l’instant facultatif, il pourrait devenir obligatoire… mais l’Irqualim demande que les produits du terroir en soient exemptés, sur la base de la garantie d’une production traditionnelle, souvent sanctionnée par des labels.