Concilier numérique et environnement : l’Arcep entre en jeu

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 17 décembre 2020 à 16h56
Telephone Portable Reseau Fonctionnement 2g
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99,9%En 2010, 99,9% des souscriptions de forfaits mobiles impliquaient l'achat d'un nouveau téléphone portable.

Limiter la consommation d’énergie par les équipements numériques et lutter contre l’obsolescence des smartphones : telles sont les maîtres mots du rapport sur les impacts environnementaux du numérique que vient de rendre l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep).

Opérer une transition vers des technologies moins consommatrices d’énergie

L’impact environnemental du numérique est un sujet qui revient beaucoup ces derniers temps. La mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique, créée au sein du Sénat en décembre 2019, a d’ores et déjà terminé ses travaux en octobre 2020, débouchant sur une proposition de loi « visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique en France » (déposée le 12 octobre 2020). Il n’empêche que le travail continue dans d’autres bureaux, à savoir ceux de l’Agence de la transition écologique (ADEME) et de l’Arcep (le régulateur français des télécoms), qui s’étaient vu confier en 2019 une mission sur la quantification de l’empreinte environnementale des infrastructures des réseaux de télécommunication. L’Arcep rend aujourd’hui sa copie, où elle esquisse les pistes d’action privilégiées.

Conformément à son cœur de métier (à savoir les réseaux de télécommunication), l’Arcep propose tout d’abord d’opérer une transition progressive vers la fibre, cette technologie étant moins consommatrice d’énergie. Sur le sujet de l’extinction des réseaux 2G et 3G, l’Autorité est néanmoins moins enthousiaste. Une telle démarche supposerait en effet le remplacement de plusieurs dizaines de millions de terminaux, de nombreux appareils détenus par les Français devenant tout simplement inutilisables si cette hypothèse venait à se réaliser à brève échéance.

Lutter contre l’obsolescence des smartphones

S’agissant du remplacement des smartphones, justement, l’Arcep s’alarme de la fréquence très élevée de leur remplacement (tous les 23 mois en moyenne). L’Autorité estime que ce comportement des consommateurs est dû en partie au subventionnement des terminaux par les opérateurs (les fameux forfaits avec smartphone neuf). Mais il serait une erreur d’oublier qu’un important progrès a pu être réalisé dans ce domaine : si la vente couplée concernait 99,9% des ventes d’abonnement en 2010, en 2019 leur part dans le total a pu être ramenée à 22%.

Dans son rapport, l’Arcep appelle aussi les parties prenantes à engager une réflexion sur la faisabilité de la séparation des mises à jour des systèmes d’exploitation, d’une part, les mises à jour obligatoires et strictement nécessaires au fonctionnement de l’appareil et, d’autre part, des mises à jour non-critiques, qui pourraient être rendues optionnelles. Selon l’Autorité, la non-installation de ces dernières permettrait d’éviter de ralentir le terminal (car on sait que ce phénomène pousse justement les consommateurs à accélérer le renouvellement de leur appareil). L’Arcep propose enfin d’améliorer la transparence sur le sujet de la réparation afin de faciliter la maintenance par des tiers.

Des sites internet et des data centers conçus pour moins consommer

L’Arcep formule ensuite des propositions à destination des éditeurs de sites et applications. L’Autorité propose de réfléchir à l’adaptation obligatoire de la résolution des contenus vidéo aux écrans (en d’autres mots, éviter d’envoyer sur les smartphones des images vidéo d’une résolution aussi élevée que sur les téléviseurs) et interdire le lancement automatique des vidéos. Auditionné par la Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable et la Commission des affaires économiques du Sénat le 2 décembre 2020, Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, avait d’ailleurs jugé ce dernier point difficilement faisable, d’un point de vue juridique.

S’agissant des data centers, enfin, l’Arcep propose à leurs architectes de privilégier un refroidissement naturel lorsqu’il fait moins de 30°C à l’extérieur, et ne basculer en production de froid que lorsque la température à l’extérieur dépasser cette valeur. Dans un deuxième temps, l’Autorité propose de remplacer progressivement les serveurs existants par des serveurs de nouvelle génération, pouvant supporter une température de 40°C, diminuant ainsi les besoins en refroidissement. La récupération de la chaleur produite pour chauffer des logements voisins ou produire de l’eau chaude devrait également se généraliser.

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Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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