Pour son édition 2017, le OuiShare Fest mettra les Smart City sous le feu des projecteurs. En France, les villes de Nantes et Lyon ont déjà pris leur virage « intelligent » : applications qui facilitent le quotidien des administrés, incubateurs de futures pépites, smart grids avec le développement des compteurs Linky... Tour d'horizon des villes françaises les plus connectées.
« Villes du monde, unissez vous ! » : l'invitation pour le OuiShare Fest, qui se tiendra du 5 au 7 juillet prochain à Paris, est lancée. En cette année – et avec un slogan – qui célèbre explicitement le centième anniversaire de la révolution russe de 1917, l'urbanité dessinée par Ouishare entend bien faire trembler le système établi. Un événement qui rassemblera les « radicaux, rebelles et révolutionnaires » que sont les « entrepreneurs, influenceurs, cadres de grands groupes et maires » qui façonneront les villes de demain.
Pour le visionnaire directeur de OuiShare Fest, Samuel Roumeau, l'objectif de cet événement de portée mondiale est de dépasser « l'angle de la ville servicielle et de l'innovation » pour, enfin, parler de « gouvernance ». Budget participatif, innovation sociale, mobilité douce, circuits courts... « De plus en plus souvent, des projets citoyens entrepreneuriaux contribuent à créer de l'inclusion », prophétise Samuel Roumeau. Mais cette Smart City n'est pas qu'un doux rêve où les flux ininterrompus d'informations facilitent la vie des habitants et de ceux qui les gouvernent. Plusieurs villes françaises, à l'image des pionnières Lyon et Nantes, sont à l'avant-garde de cette révolution avec un grand « R ».
Lyon, « une métropole résolument co-intelligente »
Partant du principe qu'en 2050, 70% de la population mondiale vivra en ville, les édiles de Lyon voient dans cette surconcentration « une formidable opportunité de développer une nouvelle démarche d'innovation urbaine ». Et ambitionnent de faire de leur ville une « métropole résolument co-intelligente ».
Les projets, en cours ou à venir, ne manquent pas. À commencer par TUBA, pour tube à expérimentations urbaines, qui se veut un lieu d'innovation, d'incubation et de développement d'entreprises innovantes sur la ville de demain, à partir des données urbaines. Ou encore Hiraki, le premier quartier à énergie positive. Inauguré en septembre 2015 en plein cœur de Lyon, Hiraki est le premier quartier de France à produire davantage d'énergie qu'il n'en consomme. Mené par Bouygues Immobilier, le chantier mêle bureaux et logements munis de panneaux photovoltaïques et même d'un cogénérateur à huile de colza.
Mais c'est en matière d'énergie que la métropole lyonnaise a certainement le plus d'avance dans la féroce concurrence entre villes de demain. Le Grand Lyon est ainsi le premier territoire d'expérimentation des smart grids, ces réseaux de distribution d'électricité intelligents, en Europe. Avec Grenoble, Lyon participe en effet, depuis 2012, au projet GreenLys, une expérimentation « grandeur Nature » de gestion intelligente du réseau. Equipés de leur compteur vert pimpant Linky, les consommateurs lyonnais peuvent désormais suivre leur consommation d'énergie en temps réel. Une avancée longtemps attendue. Qui permet de plus aux fournisseurs d'adapter leur production d'énergie en fonction de la demande. En partenariat avec EDF, la ville a également mis en place « Smart Electric Lyon », un dispositif qui a déjà permis à 25 000 clients de tester des radiateurs intelligents ou des offres tarifaires mieux adaptées à leurs usages. Avec un mantra : chaque petit geste, chaque changement d'habitude, est un petit coup de pouce pour la planète.
En tout, ce sont plus de 100 projets d'expérimentation qui sont lancés à Lyon. À terme, plus de 33 emplois devraient être créés dans la conception et la recherche, et plus de 50 000 dans le numérique et les industries créatives.
Nantes, « vers une ville des intelligences »
À Nantes, les autorités municipales sont bien décidées à faire de leur ville l'une des plus avancées dans cette longue marche numérique. Pour faciliter la vie des habitants et des touristes, la ville innove à tout va et propose désormais plusieurs outils numériques qui rivalisent d'ingéniosité. À l'image de « Nantes dans ma poche », une application mobile lancée en 2015, dédiée à la vie quotidienne des usagers de Nantes Métropole en situation de mobilité. Elle a déjà été téléchargée 60 000 fois. Signaler un nid de poule ou un lampadaire en panne n'a jamais été aussi facile. Une fois son devoir de citoyen rempli, l'utilisateur peut même profiter des bons plans shopping dans son quartier.
Toujours à Nantes, et grâce à des e-démarches, les habitants peuvent remplir une quarantaine de démarches indispensables en ligne, telles que le règlement des factures de crèches ou d'activités périscolaires. Pas moins de 140 000 démarches ont ainsi été effectuées en 2015.
« Nantes est déjà une métropole collaborative engagée dans les transitions numérique, écologique (et) démocratique », affirme l'adjoint au maire Francky Trichet, en charge du numérique et de l'innovation, pour qui « la stratégie ''Smart City'' à la nantaise ambitionne d'utiliser le numérique comme moyen pour tendre vers une nouvelle organisation plus collaborative de la ville ». Rien ne semble pouvoir empêcher Nantes de tendre « vers une ville des intelligences, une ville où l'innovation, qu'elle soit technologique, économique et sociale, est partout, par tous et pour tous ».
Preuve en est, la création prochaine d'un datalab métropolitain, qui permettra un suivi précis et en temps réel de la consommation d'énergie et d'eau du territoire. « Chacun pourra connaître en temps réel sa propre consommation et la comparer avec celle de ses amis, de ses voisins », se prend même à rêver Francky Trichet.