Le numérique, une chance pour la culture

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Par Philippe Herlin Publié le 5 décembre 2014 à 3h32

Le 2 décembre au Palais de Tokyo avait lieu le « Forum de Tokyo » réunissant les acteurs du numérique et des représentants du monde de la culture. Ce sont plutôt les craintes qui dominent jusqu'ici, les artistes ayant peur de se faire littéralement dépouiller par les nouveaux acteurs de l'Internet. Et s'il fallait plutôt se concentrer sur les opportunités ?

Les deux organisateurs de cette manifestation, le think tank Renaissance Numérique et l'AFDEL (qui représente plus de 300 entreprises numériques) ont publié un livre blanc intitulé « Le numérique, une chance pour la culture ». Les industries culturelles proposent une vision essentiellement critique de l'impact du numérique, alors qu'il faut plutôt prendre conscience du formidable pouvoir de démocratisation de la culture et de diversification de l'offre que les nouvelles technologiques permettent. Maintenant, c'est évident, de nouveaux acteurs apparaissent et il faudra leur faire de la place, la chaîne de valeurs sera modifiée et certains seront perdants.

Les promoteurs de cette journée ne se privent d'ailleurs pas critiquer le « modèle culturel français » et ses rigidités, au point d'ailleurs que la ministre de la culture Fleur Pellerin n'a pas assuré la clôture de la journée, comme il était prévu au départ... Le livre blanc dénonce une économie du livre « artificiellement entretenue » et accuse les éditeurs en place de maintenir le prix des ebooks à un niveau trop élevé, parce qu'ils ont peur de cannibaliser les ventes des livres de poche, très rémunératrices. Il dénonce également le fait que les radios passent toujours les mêmes chanteurs (2% des titres français occupent 70% du temps de diffusion), alors que le streaming assure une meilleure représentation des artistes émergents.

Le livre blanc critique aussi la « chronologie des médias » : un film de cinéma doit attendre trois ans avant de pouvoir être disponible en vidéo à la demande, ce qui empêche le décollage de ce secteur en France. Il dénonce aussi le système de financement des films français, géré par le CNC (Centre National du Cinéma), et qui se révèle peu efficace : « 50 à 60 % des films sortis chaque année réalisent moins de 50.000 entrées. »

Il faut au contraire saisir les opportunités qu'offrent les technologies numériques, et 22 startups françaises étaient présentes à ce forum. Ainsi par exemple, les musées français doivent sans tarder accélérer leur mue numérique et le livre blanc appelle à mettre en ligne en accès gratuit l'ensemble des œuvres présentes dans les musées publics français. Le géant Google a déjà pris de l'avance dans ce domaine avec Google Museum qui permet d'accéder à plus de six millions d'œuvres. Certains responsables de musées sont réticents, d'autres ont compris cette mutation comme le chef de projet numérique du Château de Versailles qui explique que depuis 2010 le nombre de visiteurs virtuels a dépassé celui des visiteurs réels, un formidable levier de diffusion à l'échelle internationale.

La France possède un patrimoine incomparable, elle pourrait figurer dans le peloton de tête de l'industrie culturelle numérique. Il faudrait juste moins de rigidités et plus de souplesse, est-ce trop demander ?

Le financement du cinéma français est fortement critiqué

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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