À l'heure où l'État cherche à économiser de tous côtés, il n'existe plus de vaches sacrées qu'on ne saurait toucher. Et pourquoi ne pas s'interroger sur la politique nucléaire du pays ?
Un coût de production en forte hausse
Le nucléaire représente 75% de l'énergie électrique en France. C'est un des éléments essentiels de l'indépendance énergétique du pays. Mais cela a un coût, prévient la Cour des Comptes, qui pointe des dépenses d'investissements particulièrement importants pour maintenir et supporter les 19 centrales vieillissantes d'EDF. De fait, le coût de production va s'en ressentir, à la hausse bien évidemment.
Cette tendance à la hausse a d'ailleurs déjà débuté. Entre 2010 et 2013, le prix du mégawattheure (MWh) a été de 59,80 euros, alors qu'il était de 49,60 euros en 2010 — une hausse de 20,6% en euros courants, bien plus élevée que l'inflation. Les dépenses d'exploitation d'EDF, qui regroupent des postes comme la logistique, l'achat du combustible, les taxes et impôts etc. ont augmenté de 11%; les coûts de la maintenance ont explosé de 118%, les charges futures de 14%.
Augmenter la durée de vie des centrales
Quand on sait que 40% du prix de l'électricité payé par le consommateur supporte le coût de l'électricité nucléaire, on comprend mieux les augmentations qui se sont succédés. Dernière en date, une hausse de 5% appliquée en août dernier. Et ce devrait être le cas aussi cet été, à moins que la ministre de l'Écologie Ségolène Royal n'y mette le hola.
EDF prévoit un investissement de 55 milliards d'euros à l'horizon 2025 afin de maintenir les 58 réacteurs exploités par l'entreprise publique (l'État en détient 84,4%). Il s'agit d'aller au-delà des 40 ans de durée de vie des centrales; la Cour penche elle plutôt pour 62,5 milliards d'euros… 2025, c'est aussi l'horizon que s'est fixé l'exécutif pour réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique français, qui doit passer de 75% à 50%. Un pari qui sera difficile à tenir : l'Allemagne, qui veut sortir du nucléaire, rencontre toutes les difficultés.