Nord Stream 2, Biden monte en selle

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Par Nicolas Cotto Modifié le 14 février 2022 à 14h23
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@shutter - © Economie Matin

Le président Biden a déclaré lundi dernier que le projet de gazoduc européen, Nord Stream 2, reliant la Russie à l’Allemagne, serait gelé si le Kremlin envoyait ses forces militaires en Ukraine. Un avertissement pour Vladimir Poutine et une manière pour le président américain de faire grimper les enchères.

"Si la Russie envahit l’Ukraine - cela signifie que des chars et des troupes russes traversent à nouveau la frontière ukrainienne - alors il n'y aura plus de Nord Stream 2", a déclaré Joe Biden. "Nous y mettrons fin."

Le gazoduc Nord Stream 2 a suscité des inquiétudes au niveau géopolitique qui ont bien failli torpiller le projet à plusieurs reprises.

Les opposants, notamment aux États-Unis, en Pologne et en Ukraine, craignent depuis longtemps que ce nouveau pipeline ne donne trop de poids à la Russie au sein de l’Union européenne.

Les partisans du gazoduc le considèrent comme une excellente affaire fournissant une énergie moins chère et plus propre. Pour un coût de 11 milliards de dollars, ce nouveau pipeline de 1230 kilomètres de long passant sous la mer Baltique doublera la capacité du Nord Stream original de 2011.

De leur côté, les dirigeants et législateurs américains – démocrates et républicains – craignent que le gazoduc de la Baltique ne donne trop de pouvoir à la Russie sur l'approvisionnement en gaz européen, offrant ainsi à Poutine un marché plus large et un pouvoir géopolitique trop important.

Au cours de son mandat, le président Donald Trump a tenté en vain de torpiller le projet, affirmant que Nord Stream 2 ferait de l'Allemagne « une captive de la Russie ».

Joe Biden partage lui-aussi ces préoccupations, qui deviennent plus prononcées à mesure que la Russie masse ses forces autour de l'Ukraine.

L'Ukraine et la Pologne s'opposent avec véhémence à l'oléoduc.

L'Ukraine est depuis longtemps une nation intermédiaire dans le domaine de l'énergie. Les entreprises russes alimentent une grande partie de l'approvisionnement en gaz de l'Europe via le sol ukrainien et payent des frais de transit à l’Ukraine. Les critiques actuelles pensent que la Russie, en contournant l'Ukraine, vise à affaiblir et à isoler cette dernière.

Biden a intensifié la pression sur le Kremlin en promettant lundi que Nord Stream 2 serait arrêté si les forces russes pénétraient en Ukraine.

Berlin devant prendre la décision finale quant à la mise en service du pipeline, on ne sait quel pouvoir les États-Unis détiendraient pour suspendre le projet.

Lorsqu'on lui a demandé comment il pourrait s'assurer que le pipeline serait abandonné en cas d'attaque russe en Ukraine, Biden a déclaré à un journaliste : "Je vous promets que nous pourrons le faire..."

Le président Biden avait précédemment fait part de son opposition au pipeline lorsque la chancelière allemande de l'époque, Angela Merkel – une vigoureuse partisane du pipeline – s'était rendue à Washington en juillet 2021. Les deux dirigeants avaient déjà convenu à l’époque qu'ils s'opposeraient à toute tentative de la Russie d'utiliser Nord Stream 2 comme outil de répression contre l'Ukraine.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a déclaré en décembre que Nord Stream 2 ne serait pas autorisé à fonctionner « en cas de nouvelle escalade » en Ukraine.

Mais les divisions au sein du gouvernement allemand persistent et le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz, n'a toujours pas offert d'engagement ferme. Le blocage de l'oléoduc causerait des problèmes d'approvisionnement énergétique pour l'Allemagne - mais l'approche divergente de Berlin par rapport aux autres puissances européennes a suscité des inquiétudes quant au fait que la Russie pourrait exploiter ces divisions au sein de l'OTAN.

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