Depuis des années, des politiques, élus, économistes, journalistes même la plupart de nos concitoyens clament que les français sont des travailleurs, des bosseurs, avec une productivité dans les meilleurs du monde. S’il faut reconnaître que les français sont assez inventifs, créatifs, ils ne sont pas trop motivés pour se fatiguer au travail, ni pour travailler beaucoup d’heures. Ce constat est surtout valable pour les « non-cadres » puisque les cadres à l’inverse se situent dans le haut du tableau pour ce qui est de leur constance et implication au travail et heures travaillées : 53,5 heures semaine estimées. Les premiers ou deuxièmes en Europe suivant les années.
Qu’est-ce que la productivité et comment se mesure-t-elle ?
Définition : La productivité est le rapport entre une production et les facteurs qui ont permis de la réaliser. Il existe trois grandes mesures de la productivité.
- Productivité du travail :
L’indicateur mesure le rapport entre la production et le volume de travail effectué. Les concepts de productivité du travail diffèrent selon le mode du facteur travail retenu au dénominateur (productivité par tête, productivité horaire).
- L’accumulation du capital
Il a un impact sur la productivité du travail ; l’utilisation du capital – machines ou idées – explique en grande partie la hausse de la productivité du travail. On calcule donc également une productivité du capital.
- Productivité de tous les facteurs de production (globale ou totale)
Elle est calculée en rapportant la production au volume de travail et de capital utilisé. C’est la meilleure mesure de l’efficacité globale d’un processus productif.
C’est le rapport entre le PIB/habitant annuel, qui représente la production, et les heures travaillées par personne et par an, qui sont les ressources.
Le facteur travail dépend pour une large part de la présence et/ou de l’utilisation d’autres facteurs (capital, facteurs intermédiaires, évolution technique ou organisationnelle, gain d’efficience, économies d’échelle, par exemple). Cet indicateur est mesuré en USD (prix constants 2010 et PPAS) et indices.
Les personnes ou personnalités qui veulent rassurer nos concitoyens font exclusivement référence à la Productivité horaire.
Celle-ci est intéressante pour mesurer une heure travaillée, mais peu valable en terme économique de résultats d’une nation.
Un pays peut être très performant sur une heure travaillée et très mal classé pour sa productivité globale. Mesure qui est de loin la plus probante pour mesurer les performances d’un pays.
Autre facteur aggravant, la productivité en France ne cesse de baisser depuis 1970, comme la plupart de tous les pays.
Nous avons pourtant eu une séance de « rattrapage » pour ce qui concerne la productivité horaire après 2000, avec la mise en place des 35 heures. Cette productivité horaire qui a mis près de cinq années pour performer n'a toutefois pas rattrapé la perte de 4 heures de travail par semaine.
Sans modification d'horaires, les gains de productivité sont la principale source de croissance du PIB et donc du niveau de vie futur.
Le CNP : Conseil National de Productivité, créé en 2018 à la demande du Conseil de l'Union européenne dans chaque état membre regroupe une douzaine d'économistes. Le premier constat révèle que la France n'a progressé en cinq ans (de 2012 à 2017) que de 0,8% par an, ce qui est peu au regard des dépenses d'état et pour le pouvoir d'achat des français.
Deux tableaux présentant les gains de productivité : Le premier de 2000 à 2017 et le deuxième de 1990 à 2017
Cela semble peu mais il manque un dixième de point de gains de productivité par an. Sur trente années c'est très conséquent et cela ne permet pas de boucler tous les budgets sans avoir recours aux emprunts.
C'est surtout la désindustrialisation qui a aggravé cette perte de productivité. C'est dans ce secteur que les gains sont les plus forts.
Mais ce qui est bien plus grave, c'est la déqualification des jeunes et même des moins jeunes par manque d'une formation continue plus conséquente et adaptée. C'est aussi le niveau en mathématiques, langues étrangères et le français qui baisse à l'entrée en sixième et même ensuite.
C'est aussi les entreprises qui prennent du retard dans l'adoption des nouvelles technologies de l'information. Cela en est de même au niveau du management et des compétences y compris dans l'aspect humain du mangement.
Suite à ce constat, c'est le niveau de vie qui est en train de reculer entraînant la France dans un cycle infernal de déclassement.
Bref, à l'heure de la mondialisation, si les Français veulent garder un certain niveau de prospérité, cela passe nécessairement par un effort en matière d'éducation et de formation.
Mais pas seulement, la baisse de la compétitivité globale a commencé avec les diminutions des temps de travail, principalement au début du premier mandat de François Mitterrand, puis en 2000 avec les 35 heures de Martine Aubry.
Ce n'est la peine de travailler à fond sur une heure si l'on en fait peu et moins que les autres !!!
Sachant qu'en productivité horaire nous sommes passés depuis 2000 de la 3ème à la 12 ou14ème place, (selon les classements) et qu'en productivité globale nous sommes relégués à la 29ème place. Le premier étant le Luxembourg, devant la Norvège, la Suisse, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark et la Suède. A part le Luxembourg qui fait exception, les pays suivants qui devancent la France ont tous des temps de travail supérieurs et encore beaucoup plus sur la durée des carrières.
Ce n'est pas la peine de pavoiser, il va falloir donner un sérieux coup de collier si nous ne voulons pas être complètement distancés !