Donc, les Grecs ont dit non. Et l’Eurozone se retrouve dans le rôle — difficile, ingrat, désagréable — de parents confrontés à leur fille adolescente, fugueuse, accro aux substances illicites… debout devant eux dans le salon, enragée et pleine de défiance après des semaines de drames et de portes claquées, de menaces et de hurlements…
Que faire ? La déshériter ? Lui claquer la porte au nez et la laisser sur le trottoir, à seize ans, se débrouiller seule ? C’est votre enfant, tout de même, celle à qui vous avez appris à marcher… dont vous avez pansé le genou après sa première chute en patins à roulettes… et si elle a ainsi “mal tourné”, les parents n’ont-ils pas leur part de responsabilité ?
La solution — aussi simple qu’ardue — serait bien entendu de réussir à renouer le dialogue, associer compromis bienveillants et discipline intelligente, et ramener la jeune rebelle à sa place dans la famille.
Personnellement, je ne pense pas que les autorités européennes soient capables d’un tel tour de force. Le dossier grec est un ratage d’un bout à l’autre ; l’Union européenne a mal géré la situation et a perdu le pari que la Grèce finirait par plier sous la pression.
La question du jour — on commence à avoir l’habitude — c’est : et ensuite ?
Une réunion a été décidée en urgence pour le 7 juillet. La prochaine “vraie” grosse échéance — qui pourrait être le vrai point de bascule — a lieu le 20 juillet, date à laquelle la Grèce doit rembourser 3,5 milliards d’euros à la BCE.
En attendant, les contrôles de capitaux sont toujours en place… le ministre des Finances Yannis Varoufakis a démissionné… et les marchés chutent — quoique le plongeon n’est de loin pas aussi catastrophique qu’on aurait pu le craindre (-1,5% pour le CAC 40 à l’heure où j’écris ces lignes).
Une nuance à garder en tête
Ce qu’il faut comprendre absolument, c’est que la Grèce n’a pas voté non à l’euro/l’Union européenne. Elle a dit non à l’austérité.
Dans les faits, elle demande aux autorités de réexaminer la situation, de revenir à la table des négociations, de réfléchir encore, de trouver, en deux mots, une meilleure solution. Ce qui ne signifie pas qu’un Grexit sera évité… mais que s’il a lieu, il ne trouvera pas son origine en Grèce.
Qui en Europe voudra être le “méchant” — le père inflexible de notre adolescente — celui qui lui coupera les vivres et la mettra à la rue ?
Vous connaissez notre point de vue sur la question, cher lecteur : les autorités politiques et bancaires nous ont mis dans ce pétrin, il y a très peu de chances qu’elles parviennent à nous en sortir. Au contraire — sauf miracle, elles ne feront qu’aggraver la situation. Il y a des bonus à distribuer, des élections à gagner ; on ne va tout de même pas laisser un petit pays du sud enrayer la bonne marche de la machine à fric et à électeurs, n’est-ce pas ?
En attendant…
A votre niveau, je réitère les conseils que nous vous donnons depuis quelques jours. Restez calme ; sur les marchés boursiers, surveillez bien les valeurs bancaires.
Prenez les quelques mesures de précaution recommandées par Simone Wapler ici même.
Les marchés obligataires seront d’une importance cruciale dans la suite des événements — nous restons à l’affût sur ce front-là, et nous vous tiendrons bien entendu au courant.
Enfin, notre pétition NON à la société sans cash prend de l’ampleur — grâce à vous. Merci. Ne nous arrêtons pas en si bon chemin. La crise grecque cristallise de nombreux thèmes que nous abordons de longue date : fermeture des banques, gel des capitaux, contrôles accrus… Chypre n’est pas si loin, et l’effet domino pourrait aller vite.
Signez pendant qu’il est encore temps — et surtout, surtout… faites circuler l’information.
Pour plus d’analyses de ce genre et de conseils pour votre argent, c’est ici et c’est gratuit