Cinq millions trois cent soixante douze mille fonctionnaires. On vous fait grâce des six cent en plus, car de toute façon ce chiffre, calculé par l'INSEE pour 2012 dans une étude parue ce mercredi 23 avril est déjà faux. Ah oui, à ces 5 372 600 fonctionnaires, il faut rajouter au moins 150 000 emplois publics aidés, et cela ne fait que commencer, car en 2013 et 2014, les emplois d'avenir ont été distribués par dizaines de milliers
L'Etat, irresponsable ? Et bien pour une fois, ce n'est pas lui le fautif. Grâce aux règles établies sous le gouvernement Fillon par la RGPP (révision générale des politiques publiques), qui prévoyait notamment le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux lors de son départ à la retraite, l'Etat a maigri de quelques 25 500 fonctionnaires l'année dernière en 2012, l'année de l'arrivée au pouvoir de François Hollande. Trop tard pour changer la donne. La RGPP a été rapidement enterrée, et remplacée par la MAP (modernisation de l'action publique) qui en théorie a fait table rase de la règle d'un départ sur deux non remplacé. On observera ses premiers effets sur l'année 2013, quand l'INSEE daignera compiler les données, en...2015. Kafka n'est pas mort.
Non, l'Etat, en supprimant (ou en ne remplaçant pas) plus de 25 000 fonctionnaires partis à la retraite en 2012 a fait son job, mais les tricheurs sont les collectivités territoriales, qui ont créé 31 000 emplois publics sur l'année 2012 ! On imagine aisément que dans les fiefs de gauche, l'année 2012, enjeu électoral majeur avant la présidentielle, a du susciter quelques unes de ces créations de poste, et la liesse de la victoire, le reste. Autre administration montrée du doigt par l'enquête de l'INSEE : les hopitaux publics qui, malgré leurs déficits chroniques ont créé 7 500 emplois publics toujours en 2012.
Bien sûr, les collectivités territoriales répliqueront et expliqueront que cette explosion du nombre de fonctionnaires dans les communes en particulier est la faute de l'Etat, qui s'est délésté d'un certain nombre de ses missions au profit des villes ces dernières années. Et tant pis si c'est aussi dans la fonction publique territoriale et en particulier dans les villes que l'absentéisme est le plus marqué. A Montpellier, l'absentéisme atteignait... 39 jours par fonctionnaire et par an en 2011 selon l'IFRAP (institut français de recherche sur les administrations publiques) ! A Strasbourg (où il n'y a pas l'excuse de la plage à proximité) le chiffre atteignait 32 jours en 2011, et à Bordeaux, 29 jours. Toutes les grandes et moyennes villes françaises sont logées à la même enseigne, les plus "vertueuses" ne déplorant "que" 15 jours d'absence par an de leurs personnels, en plus des vacances, jours fériés et autres jour du maire...