Triste Noël pour les marchés boursiers ?

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Par Bill Bonner Publié le 24 décembre 2015 à 5h00
Noel Financers Marches Taux Cours
@shutter - © Economie Matin
1/4La Fed a relevé d'un quart de point son taux directeur.

On dirait que les investisseurs n’auront pas grand’chose dans leurs souliers cette année. Mercredi dernier, la Fed a augmenté les taux d’intérêt — comme attendu — dans des proportions symboliques.

D’abord, il y a eu un petit rally des actions. Mais depuis, le Dow recule. Les volumes seront limités, cette semaine, avec l’approche de Noël — les investisseurs se transformant de M. Scrooge en joyeux fêtards. Et hier, le marché japonais a subi une grosse baisse — un mauvais début à ce qui pourrait être une mauvaise journée… une mauvaise semaine… et une mauvaise année.

Pâli, fatigué et en lambeaux

?Les investisseurs observant ce qui s’est passé jeudi et vendredi pourraient penser assister à une tendance. Ils pourraient décider de passer les vacances "sains et saufs" — sur le banc de touche. La chute des prix pourrait créer une panique… Qui sait ? Nous hisserions notre pavillon d’"Alerte au Krach". Mais le vieux drapeau est en lambeaux. Nous avons pris pitié de lui et l’avons mis à la retraite. Chaque fois que nous avons pensé qu’une panique pourrait avoir lieu, nous l’avons sorti et l’avons hissé. Chaque fois, il est resté suspendu… voletant au vent… avertissant les investisseurs. Et chaque fois… il n’y a pas eu de krach donnant un sens à son existence.

Pâli… fatigué… en lambeaux, le pauvre drapeau est au repos — peut-être au moment même où nous en avons le plus besoin ! Le sommet a-t-il été atteint ou non… nous n’en savons rien. Mais ça ne peut que se produire un jour. Et si non maintenant… alors quand ? Il se passe tant de choses dans le monde qui restent un mystère total — y compris la magie de la saison des fêtes — que nous hésitons beaucoup avant de faire quelque prédiction que ce soit, sans parler d’une prédiction boursière.

Ceci dit, les investisseurs feraient probablement mieux de se persuader que le sommet est dépassé… même si ça se révèle faux. Il ne peut guère rester de vie dans un marché haussier aussi âgé… aussi cher… et dans les dernières étapes du cycle de crédit.

Un monde anormal ?

Si la Fed pouvait contrôler les marchés boursiers, les investisseurs n’auraient à s’inquiéter de rien. Sauf qu’elle ne le peut pas. Elle peut trafiquer le prix du crédit… mais elle n’a aucun moyen de forcer les gens à emprunter. Tout ce qu’elle peut faire, c’est utiliser ses gros sabots — comme le QE et les taux zéro — pour tenter d’influencer les marchés et "réparer" les pannes. Ces politiques créent des distorsions qui mènent invariablement à de nouveaux problèmes. Le gros souci, à présent, c’est qu’on trouve trop de gens dans trop de situations dépendant d’une quantité croissante d’argent facile de la Fed.

La Fed affirme qu’elle souhaite ramener les taux d’intérêt à des niveaux "normaux". Mais elle a créé un monde extrêmement anormal où des milliers de milliards de dollars d’actifs — actions, obligations, immobilier — ont besoin de taux d’intérêt anormalement bas pour survivre. La Fed déclare qu’elle augmentera les taux courts progressivement, donnant à l’économie le temps de se renforcer et de s’adapter. Mais les dinosaures n’ont pas pu s’adapter à l’âge de glace ; les investissements de "l’âge du taux zéro" ne survivront probablement pas au gel de taux plus élevés. Il ne serait pas totalement incongru, de la part des investisseurs, de regarder à l’horizon… de voir les nuages d’orage se former… et de décider de sortir des actions pendant qu’il est encore temps.

Recul

?Et ensuite ? Ensuite, la Fed recule. Ambrose Evans-Pritchard, dans le journal londonien The Telegraph :

"Le cimetière de la politique mondiale est jonché de banquiers centraux qui ont augmenté les taux d’intérêt trop tôt, pour ensuite battre en retraite après avoir fait rebasculer leurs économies dans la récession ou après avoir mésestimé les puissantes forces déflationnistes dans le monde post-Lehman.

La Banque centrale européenne a augmenté les taux à deux reprises en 2011 avant que l’économie ait atteint sa ‘vitesse d’évasion’ et juste au moment où les Etats du sud s’embarquaient dans une austérité budgétaire drastique. Il en a résulté le quasi-effondrement de l’union monétaire.

La Suède, le Danemark, la Corée, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Israël et le Chili, entre autres, ont tous été forcés de faire demi-tour — certains étant passés depuis en territoire négatif pour compenser les dégâts".

A la Chronique, nous ne pensons pas que la Fed ait augmenté les taux trop tôt. Nous pensons qu’elle les a augmentés bien trop tard. Trop de mauvaises décisions ont été prises en se basant sur des taux d’intérêt ultra-bas. Désormais, nous attendons de voir ce qui se passera ensuite.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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