Le niveau de vie, comment le mesure t-on ? Y-a-t-il des divergences de vue ?

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Par Daniel Moinier Publié le 2 août 2021 à 6h02
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1940 EUROSLe salaire médian en France est de 1.940 euros net par mois.

Le niveau de vie répond à une définition précise : Il est déterminé par ce dont un individu dispose pour vivre. En sciences économiques, le niveau de vie est une donnée couramment utilisée pour effectuer des comparaisons internationales, mesurer des inégalités pour mieux combattre ou évaluer l’incidence du progrès technique.

Il faut tout d’abord ne pas confondre Niveau de vie et Revenu. Une phrase couramment citée peut amener la confusion ! « Vu son niveau de vie, il doit avoir de gros revenus ! » Les deux ne sont pas forcément liés.

Qu’est-ce qu’un revenu ? : Il peut s’agir d’un salaire, d’une activité libérale, des revenus fonciers et autres qui sont sujets à impôts et taxes. Un impôt élevé diminue la possibilité d’avoir un train de vie luxueux.

Ce qui amène à vérifier que les revenus doivent s’apprécier suivant la taille de la famille, la région ou le pays où l’on vit, l’origine de son patrimoine. Vous pouvez avoir un grand logement, une maison dans une région rurale et pourtant percevoir un salaire beaucoup plus faible, alors qu’un parisien pour le même salaire ne pourra se payer qu’un (tout) petit appartement. François Hollande avait bien évoqué le seuil de 4000 euros pour être riche, François Bayrou avait annoncé que 4000 euros par mois c’est la classe moyenne. Même remarque que ci-dessus, exemple à Paris centre, la location d’un F4 s’échelonne de 2700 à 4100 euros par mois, que reste t-il des 4000 euros ? En province ou campagne, par exemple en Lozère, cela peut aller de 450 à 700 euros, c’est le Pérou ! Il reste bien d’autres choses à prendre en compte : les taxes, impôts, les transports, voitures à la campagne, le travail : la distance, la scolarité des jeunes, les études secondaires et plus, les loisirs, la culture, les moyens de santé, les achats et leur proximité ou non, les prestations sociales, marié, pacsé, divorcé, nombre d’enfants, seul ou non…la liste est longue surtout si l’on ajoute la précarité, le chômage, le RSA, la maladie, la retraite, des revenus de placements, immobiliers et autres !

C’est ce que l’on appelle le revenu disponible.

Le niveau de vie n’est pas affaire d’apparences mais bien de statistiques.

La première étape est donc de bien connaître le revenu disponible exact d’un ménage, c’est-à-dire d’un ensemble de personnes vivant sous le même toit qui partagent les mêmes ressources.

La taille de la famille est une économie d’échelle :

Si l’on compare un couple sans enfant et un ménage de cinq personnes (couple et 3 enfants), ils n’auront pas le même niveau de vie.

Par exemple :
chacun aura normalement sa cuisine, l’un pour deux, l’autre pour cinq, idem possible pour la salle de bain, les WC.

Comment est donc réparti le coût ? Pour prendre en compte ces économies d’échelle, on rapporte le revenu disponible non pas au nombre de personnes du ménage, mais en unités de consommation. Ainsi, le premier adulte d’un ménage est compté comme une unité de consommation. Les adultes suivants comptent pour 0,5 seulement, y compris pour les enfants de plus de 14 ans. Les enfants de moins de 14 ans comptent pour 0,3 unité de consommation. Cette limite de 14 ans a été fixée suite à des études internationales qui montrent que c’est à ce niveau de consommation que le niveau se modifie. C’est à ce moment qu’ils mangent comme quatre selon l’expression !

L’étude du niveau de vie (et sa définition) est considérée comme un outil de justice sociale.

C’est l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) qui effectue cette mesure complexe du niveau de vie. Elle se base sur de nombreuses sources : Enquêtes sur l’emploi et sur les revenus fiscaux et sociaux, déclarations fiscales. Cela représente un travail d’envergure qui permet aussi de calculer d’autres indicateurs essentiels, par exemple le seuil de pauvreté qui va donner droit à des aides sociales…

Pour compléter ces données, il existe une carte du niveau de vie en France par commune, des études de données de l’observatoire des inégalités, une autre étude sur le lien entre le bien-être réel des individus et leur niveau de vie et un rapport du PIPAME (Pôle Interministériel d’Anticipation des mutations Economiques), c’est une structure et lieu d’échange pour bâtir un socle commun et assurer une dynamique partenariale et transversale entre toutes les branches économiques : santé, transports, logistique, sécurité, industrie par exemple : Industrie du futur…

Classement Européen des niveaux de vie et qualité de vie :

1er le Danemark avec le coefficient (indice) 198, puis la Suisse 195, la Finlande 194, l’Autriche 191, l’Islande 188, l’Allemagne 187, la Norvège 181, la Suède 179, la France ne se situe qu’à la 19ème place avec 157 points !

D’après cette étude, le niveau de vie des Français est inférieur à la moyenne des pays européens mais le coût de la vie apparaît comme plutôt abordable dans l’Hexagone (moins cher qu’au Royaume-Uni, au Danemark ou en Irlande).

Ci-dessous, le plan européen des pays par ordre de niveau de vie et qualité de vie :

Depuis plusieurs années des voix dissidentes s’élèvent pour dire que ces études ne sont pas forcément fiables, ou très orientées. La ménagère s’aperçoit lors de ses achats quotidiens courants, des augmentations régulières des prix. Le « fameux panier de la ménagère » est-il dépassé ? Il sert encore de base pour le calcul des prix à la consommation. Régulièrement de nouveaux produits y entrent. En fait de panier, il s’agit plutôt d’un énorme camion qui comprend beaucoup de produits qui sont loin de pouvoir rentrer dans un panier en osier standard : Des biens alimentaires, des transports y compris voitures et essence, des loyers, des frais médicaux, les communications, soit un millier de produits qui couvrent 95% de la consommation des ménages. C’est pour cela que la « fameuse ménagère » qui voit ses prix augmenter au marché, dans ses magasins de proximité, ne perçoit pas ceux qui ont diminué dans l’électroménager, l’informatique, etc… Effectivement pour elle, il serait nécessaire de dissocier les achats courants journaliers des gros achats, car elle se rend bien compte que le kilo d’oignons, d’ails, de viande a augmenté alors que son salaire, retraite ou aides sociales ont stagné et qu’on annonce à la radio ou dans la presse que l’indice des prix ou panier de la ménagère sont restés stables, donc sans augmentation !

Dans l’aire des contestations, le PIB (Produit Intérieur Brut) qui mesure la production de richesses d’un pays, l’est aussi. C’est un indicateur devenu obsolète peut-on lire couramment dans certains journaux et même évoqué par certaines banques. Ils estiment que la richesse créée par l’économie est sous-évaluée et de ne pas ou mal tenir compte des enjeux actuels des sociétés. Avec cette économie en pleine mutation, les calculs qui sont encore d’un ancien monde, ont du mal à suivre l’évolution fulgurante, à mesurer les progrès économiques et les modifications de bien-être. Le GPI (Indicateur de Progrès véritable) et l’IDH (Indice de développement Humain) imaginés par le programme des Nations-Unies devraient pouvoir palier aux insuffisances de données du PIB.

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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