Aide-toi toi-même et le département t'aidera. Visiblement convaincu qu'une personne touchant le RSA, c'est-à-dire un chômeur n'étant plus indemnisé par Pôle emploi, ne veut pas travailler, Nicolas Sarkozy, président de l'UMP (ou plutôt des "Républicains", nouveau nom du parti), souhaite contraindre chaque bénéficiaire du RSA à exercer une activité au profit de la collectivité en contrepartie de son allocation. Il le dit dans une interview au Journal du Dimanche.
L'assistanat, nouveau cheval de bataille du candidat Sarkozy ?
L'idée est simple, pragmatique, même si de nombreux risques et de nombreuses inconnues demeurent : le chef de file de la droite appelle les présidents UMP de conseils départementaux à "avoir le courage" d’expérimenter sur leur territoire l'idée de rendre obligatoire 7 heures de travail hebdomadaires au service de la collectivité pour les allocataires du RSA.
Et gare aux bénéficiaires qui refuseraient : ils pourraient perdre leur allocation.
En réalité, l'expérience a déjà été menée, sans grand succès. Pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, 16 départements avaient joué le jeu. Mais seuls 700 contrats avaient été signés, contre 10 000 prévus.
Probablement pour plusieurs raisons :
D'abord, selon un député UMP, un tiers des allocataires du RSA ne seraient pas en état de travailler à cause de problèmes physiques ou psychologiques.
Ensuite, il n'est pas certain que les collectivités aient le temps, les moyens, ni même la possibilité de faire travailler un jour par semaine ces personnes. Dans quel service, à quelle tâche, pour quelle formation ?
Une fausse bonne idée ?
Enfin, comme l'expliquait à l'époque l’un des bras droits de Sarkozy dans un rapport, "envisager une contrepartie obligatoire non rémunérée de travaux d'utilité sociale aux allocataires du RSA inactifs serait une fausse bonne idée (...) parce que le risque d'établir un travail sans salaire pourrait conduire à la destruction d'emplois peu qualifiés, puisque des employeurs pourraient faire travailler gratuitement des allocataires au lieu de leur verser un salaire, y compris subventionné".
On s’en souvient, l’un de ses lieutenants, Laurent Wauquiez, avait parlé en 2011 de l’assistanat comme du "cancer" qui ronge la société. Sarkozy semble vouloir jouer la même partition. A tort ou à raison ?