Les syndicats jouent la conciliation avec le pouvoir

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 15 septembre 2014 à 7h27

La semaine qui s’achève a été riche en événements sociaux: mardi, les partenaires se retrouvaient au MEDEF pour fixer l’agenda des négociations à venir, mercredi ils étaient convoqués par le ministre du Travail pour évoquer le pacte de responsabilité.

Assez curieusement, derrière les déclarations parfois tonitruantes, les syndicats nationaux ont joué la concorde et l’apaisement. Berger présent dans les médias en début de semaine La semaine a pourtant commencé (dimanche dernier) par une prestation de Laurent Berger sur France Inter qui n’est pas passée inaperçue. Laurent Berger : « le patronat doit aller plus… par franceinter Le leader de la CFDT a adopté un ton offensif vis-à-vis du MEDEF en déclarant notamment que le gouvernement devait avoir «un discours extrêmement virulent et exigeant» à l’égard du patronat pour qu’il s’engage «vite» sur des contreparties aux aides accordées aux entreprises par le pacte de responsabilité. Dans le même temps, Laurent Berger a quand même veillé à ne pas perturber la partition de François Hollande, en affirmant notamment qu’une dissolution de l’Assemblée nationale n’aurait pas d’impact sur l’emploi ni sur la croissance.

Certains ont pu déduire que la CFDT allait épouser un discours offensif dans cette semaine très intense socialement. Cette perspective a même suscité quelques railleries à la CGT, où l’on a parlé de « prière au patronat« . Les mêmes de la CGT n’étaient, au passage, pas plus tendres avec leur secrétaire général, accusé de chercher à « revenir dans la danse« . Sous la plume de Michel Noblecourt, Laurent Berger était décrit comme « mal à l’aise » dans son soutien au gouvernement, coincé entre sa volonté d’être le syndicat réformateur de référence d’un côté, l’impopularité contagieuse du Président de l’autre. Mailly monte en première ligne Dans le même temps, Jean-Claude Mailly intervenait sur Europe 1 pour exclure toute avancée sur les seuils sociaux. Le secrétaire général de FO a commencé à rentrer dans le « dur » des sujets en demandant par ailleurs au ministre Rebsamen une réunion sur l’avenir de l’AFPA, menacée de fermeture.

L’attitude de FO dans cette réunion a témoigné d’un certain esprit offensif, accompagné par un éditorial de Jean-Claude Mailly qui sonnait comme un avertissement pour le gouvernement, où l’on pouvait lire : Dans ce contexte, les annonces gouvernementales, soutenues par le patronat, sur les seuils sociaux ou le travail dominical, sont des provocations et des preuves d’une soumission aux marchés financiers. Nous les dénonçons donc activement. Nombreux sont ceux qui expliquent que l’économie dépend beaucoup de la psychologie et de la confiance. Ce n’est pas faux. Mais la confiance est rompue avec les salariés. Pour la rétablir, il faut que les pouvoirs publics répondent à leurs attentes, à nos revendications de syndicat libre et indépendant. On aurait donc pu s’attendre à un tir de barrage de FO lors de la réunion du lendemain… Finalement, la réunion du mardi 9 au MEDEF sur l’agenda social s’est tenue sans surprise et sans mouvement majeur. Comme prévu, les partenaires sociaux ont décidé de tenir sans délai une négociation sur la modernisation du marché du travail, qui devrait aboutir en fin d’année. Elle devrait déboucher sur un assouplissement des seuils sociaux auquel souscriront la CFDT, la CFTC et la CGC. Ni FO ni la CGT ne devrait signer l’accord.

Tout l’enjeu consistera à « habiller » le texte de telle sorte que les organisations syndicales signataires ne donnent pas le sentiment d’avoir cédé à une injonction patronale. Comme le relevait le compte-rendu de FO sur le sujet: « Neuf points ont été retenus après quatre heures de réunion, dans un climat plutôt apaisé selon la délégation FO. » Rappelons que l’agenda social a permis de fixer la tenue de trois négociations (celle sur la modernisation du dialogue social incluant les seuils, mais aussi une négociation sur les retraites complémentaires qui devrait aboutir en mai 2015, et une dernière très courte sur les contrats de sécurisation professionnelle prévue pour novembre), mais aussi différents bilans sur les accords précédents, qui sont autant de diables cachés dans les détails. Le vice-président de l’ARRCO a ainsi obtenu une délibération discrète pour protéger les contrats de prévoyance contre la jurisprudence du Conseil Constitutionnel du 13 juin 2013 interdisant les désignations.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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