Les pertes s’accumulent, se multiplient et augmentent. Les questions aussi – et certains commencent à s’interroger sur le coût final des décisions prises par les autorités.
Hier, une camionnette grise est apparue devant la porte de la cuisine.
« Comment êtes-vous arrivé jusqu’ici ? » avons-nous demandé.
« J’ai traversé la rivière. Ça n’avait pas l’air si épouvantable, alors j’ai décidé de me lancer. »
« Voilà qui me rend un peu triste », a dit Elizabeth. « C’était bien d’être isolés… avec la passerelle seulement. »
Pour traverser le Río Calchaquí
Traverser cette passerelle nous menait à notre propre petit refuge… où nous pouvions nous isoler chez nous sans avoir à nous soucier du virus, des voisins ou du monde extérieur.
C’était idyllique. Comme d’heureux naufragés sur leur île, nous regrettons de voir arriver le navire de secours.
Confinement forcé
Pendant ce temps, à Baltimore…
« Les rues sont vides », nous dit notre fille. « Même les SDF semblent avoir disparu.
« Une voiture de police a parcouru les rues du quartier, annonçant au haut-parleur qu’il y avait une amende de 5 000 $ pour ceux qui sortaient sans permission. Mais le café du coin était ouvert. »
A Buenos Aires, nous dit un ami, les gens sont confinés dans leurs appartements.
Chaque soir, ils se rassemblent sur leurs balcons pour saluer les soignants – qui sont en première ligne de la lutte contre le virus – en les applaudissant quelques minutes.
« Mais hier soir… j’ai noté une autre sorte de manifestation. Cette fois-ci, les gens sont sortis sur leur balcon et ont tapé sur des casseroles… comme ils l’avaient fait durant la crise du début des années 2000.
« Ils appelaient les membres du Congrès à diviser leur salaire par deux… et ils protestent contre le confinement.
« Apparemment, le taux d’homicides a grimpé en flèche… à cause des gens qui sont piégés les uns avec les autres. Cette quarantaine est censée sauver des vies. Je ne suis pas sûr que ce soit vraiment le cas. »
En faillite
Le Dow a repris sa chute. Il lui reste du chemin à parcourir. Nous avons placé notre cible sous les 15 000 points.
Avec tant de gens sous clé chez eux, l’économie est grippée.
Quelqu’un perd ses revenus. Il cesse de payer son loyer. Son propriétaire ne touche pas ses propres revenus et décide de repousser la mise à neuf d’une salle de bain.
Suite à quoi le plombier ne peut rien facturer, de sorte qu’il repousse l’achat d’une nouvelle perceuse. Le magasin de bricolage perd lui aussi des revenus. Il licencie quelques-uns de ses employés au SMIC.
Partout dans l’économie réelle, on arrête de gagner de l’argent – et d’en dépenser.
Voici une note du secteur pétrolier montrant comment cela fonctionne.
Bloomberg :
« La faillite de la Whitings Petroleum Corp. illustre la manière dont les terribles difficultés du pétrole de schiste se répercutent sur toute la chaîne d’approvisionnement pétrolière.
Schlumberger Ltd. et Halliburton Co., qui fournissent des derricks et des équipes de fracking, font partie des plus gros créditeurs non-bancaires listés dans la déclaration de faillite de Whitings, avec des créances de plus de huit millions de dollars chacun.
Baker Hughes, qui fournit lui aussi des services pétroliers, est le huitième plus gros créditeur de tous, avec une créance impayée de 2,6 millions de dollars. Parmi le reste des créditeurs, on trouve des opérateurs de pipelines, une société de transport routier et une entreprise de traitement des eaux usées, entre autres. »
Ce sont de vraies pertes. Un baril de pétrole des champs du Wyoming se vendait récemment pour moins 19 cents. Les sociétés les plus faibles et les plus endettées font faillite.
Les TPE. Les grandes entreprises. Les nouvelles technologies. Les anciennes technologies. Les pointues. Les émoussées. La fine fleur aussi bien que les mauvaises herbes – tout le capitalisme se fait tailler en pièces lors de la guerre contre le coronavirus menée par les autorités.
Des vies ruinées
Le confinement sauve peut-être des vies – mais il en ruine aussi.
Des millions de personnes sont assignées à résidence. Des revenus perdus. Des occasions manquées. Des mariages qui se défont… des entreprises qui ne sont pas lancées.
Des réunions n’ont pas lieu. Des ventes ne se font pas. Des inventions ne sont pas inventées. Des découvertes ne sont pas découvertes.
Le printemps arrive dans l’hémisphère nord, mais les amoureux ne cueillent pas de muguet. Qui peut estimer le coût ?
« La vie n’a pas de prix », disent les commentateurs. Mais les jeunes commencent à se demander : vaut-il vraiment la peine de nous enfermer par millions afin qu’un vieil homme vive quelques années de plus ?
« Ici en Argentine », a continué notre ami de Buenos Aires, « il y a beaucoup de gens – des millions – qui tirent le diable par la queue.
« Et on est dans une économie où le taux d’inflation est de 50%. Ils font les poubelles. Ils lavent des voitures. Ils mendient dans les rues.
« Nous avons une femme de ménage, par exemple. Elle dépend de cet argent – mais nous ne pouvons pas le lui faire parvenir. Les gens n’ont même pas le droit d’être dans la rue. Comment vont-ils survivre ? »
Selon l’économiste argentin Javier Milei :
« Choisir entre la vie et l’économie est un faux dilemme.
Parce qu’il y aura des morts de toute façon. Cela devient donc une question statistique. Si une quarantaine vire à l’extrême, ils nous enterrent tous. La production sera de zéro, et puisque nous n’aurons rien à consommer, nous mourrons tous. »
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