Inquiétante baisse des naissances au premier trimestre 2015

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Par Jacques Bichot Modifié le 24 avril 2015 à 7h50
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10000Durant les trois premiers mois de 2015 sont nés 10 000 enfants de moins qu'en 2014.

L’INSEE vient de publier le chiffre des naissances en France métropolitaine pour le mois de mars 2015. On dispose ainsi des données pour le premier trimestre : la baisse par rapport aux années précédentes est trop sensible pour que l’on ne signale pas cette évolution. Le taux de fécondité pour 2015 qui en résultera si le reste de l’année est à l’avenant sera 1,9 enfant par femme au lieu de 2 (plus ou moins 0,2) au cours des 7 années précédentes. En chiffres bruts, corrigés pour les années bissextiles, la France métropolitaine en est à 183 100 naissances au premier trimestre 2015, contre 191 800 sur la même période 2014, et une moyenne de 190 900 pour les années 2008 à 2013.

Pour comprendre l’importance du phénomène, regardons ce qui en résultera, toutes choses égales par ailleurs, en matière de production. Un être humain né en France crée en moyenne environ 70 000 € de richesse chaque année pendant 40 ans. Pour le total de sa vie active, cela fait 2,8 millions d’euros. 10 000 naissances en moins, c’est donc quelque chose comme 28 milliards d’euros de PIB en moins dans les décennies à venir. Hélas, nos cerveaux sont ainsi formatés qu’un manque à gagner de 28 milliards les impressionne nettement plus qu’un « manque à naître » de 10 000 bébés.

Quid des causes de ce déclin de la natalité ? Il est difficile d’affirmer péremptoirement que les atteintes portées à la politique familiale (au niveau du quotient familial, des prestations, et des droits familiaux à pension), sont la cause principale. Mais il l’est encore plus de prétendre avec assurance que ces coups de canif dans le budget des familles, et indirectement dans la considération qui leur est due, ne joue aucun rôle. Si bien que le principe de précaution conduirait tout gouvernement responsable à remettre la pédale d’accélérateur dans la position où elle se trouvait avant qu’il ne lève le pied.

Et si nous rêvions au point d’imaginer des hommes politiques capables de percevoir le lien étroit qui lie la procréation et les retraites conformément au théorème de Sauvy (« Nous ne préparons pas nos retraites par nos cotisations vieillesse, mais par nos enfants »), alors nous nous dirions que le moment est venu pour eux de lancer le chantier d’une véritable réforme des retraites par répartition. Pas une nouvelle réformette comme en 1993, 2003, 2010 et janvier 2014, mais une révolution copernicienne liant enfin l’attribution des droits à la retraite aux investissements réalisés dans la jeunesse, comme Arnaud Robinet et moi le proposons dans La mort de l’Etat providence ; vive les assurances sociales (les Belles Lettres, 2013).

Le Conseil d’orientation des retraites est aujourd’hui condamné à réactualiser d’année en année des projections conçues comme si l’avenir était prévisible 30 ans à l’avance, autrement dit à ronronner pour conforter les pouvoirs publics dans leur procrastination. Pourquoi ne pas le charger de préparer enfin une belle réforme ?

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Jacques Bichot est économiste, mathématicien de formation, professeur émérite à l'université Lyon 3. Il a surtout travaillé à renouveler la théorie monétaire et l'économie de la sécurité sociale, conçue comme un producteur de services. Il est l'auteur de "La mort de l'Etat providence ; vive les assurances sociales" avec Arnaud Robinet, de "Le Labyrinthe ; compliquer pour régner" aux Belles Lettres, de "La retraite en liberté" au Cherche Midi et de "Cure de jouvence pour la Sécu" aux éditions L'Harmattan.

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