Christine Lagarde, la VIe République et la disparition de l’euro (4/6)

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Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 24 décembre 2014 à 4h42

FICTION

C'était le poste de sa vie. L'occasion de prouver au monde entier que les femmes, décidément, était bien mieux armées que les hommes pour gérer et gouverner. Sans doute une histoire d'hormones.

Christine Lagarde, gouverneur général de France

Après Angela, réélue magistralement trois fois de suite à la tête d'une Allemagne surpuissante et surperformante, qui avait démontré à quel point elle était supérieure aux hommes politiques allemands (de l'Ouest) dans la conduite des affaires du pays, Christine Lagarde, directrice générale du FMI, avait donc accepté le poste de gouverneur général de France. Ou plutôt, elle avait imposé à Manuel Valls, qui négociait avec elle et François Fillon, depuis des mois, le soutien du FMI, la prise de contrôle du pays par le Fonds Monétaire et ses experts.

Christine Lagarde faisait don de sa personne, en quittant le poste confortable qu'elle occupait à New York, pour prendre en main le sauvetage de la France. Au grand dam de François Fillon qui avait connecté Lagarde (son ancienne ministre) à Valls, espérant que Christine, reconnaissante, lui confierait le rôle à lui. Il devrait se contenter du secrétariat général de l'Elysée. Histoire de surveiller Pépère. Villepin adulait Napoléon, au point de lui consacrer une biographie. Fillon se voyait enfilant le costume de Bonaparte, prêt à rejouer la partition du Directoire, devenir Premier consul, pour ensuite évincer les autres et devenir le chef absolu. Raté.

La Ve République liquidée

La Constitution de la VIe République, très largement adoptée le 21 avril 2016 à Versailles par le Congrès - à l'unanimité des députés socialistes écologistes, Front de Gauche, trop contents de ne pas passer à la trappe à l'occasion d'une dissolution qu'ils craignaient depuis deux ans – créait donc un poste de gouverneur général nommé par le Président de la République. Nul vote de confiance, nul chef de la majorité. Sous la VIe, c'est le Président qui désigne le Gouverneur après consultation du Président du Sénat, et du Président du Conseil Constitutionnel. Point barre. Ses pouvoirs ? Quasis infinis. Ses ordonnances ont rang de loi, et s'appliquent immédiatement.

Le Parlement ? Oui, oui, en VIe République, il y a bien toujours un Parlement, dans lequel les chambres hautes et basses sont inversées. Mais dans les faits, à quoi sert-il, sinon de chambre d'enregistrement des oukases du gouverneur ? Le Président du Sénat, en l'occurrence, Jean-Pierre Raffarin, ravi d'avoir tué l'autre, tranche en dernier ressort quand le Parlement traîne à transformer en loi une ordonnance.

Et le Président ? Dans l'état dans lequel le pays se trouvait fin 2015, alors qu'il vivait une nouvelle romance avec sa Sophie d'actrice et plus étonnamment, avec les Français, François Hollande n'avait pas eu d'autre choix que d'accepter. Il était trop content d'échapper ainsi à la liquidation générale, en liquidant la Ve République.

Déjà, en 2014, quelques observateurs avisés détectèrent les signaux annonciateurs d'un nouvel orage. Au cœur de l'été, la France, qui devait emprunter 178 milliards cette année là, parvenait à placer des bons du Trésor à 10 ans à des taux d'intérêt inférieurs à 1,2 % ! Michel Sapin, le ministre de l'Economie et des Finances d'alors – lui aussi exilé au Luxembourg depuis, et désormais en affaires avec... Pierre Gattaz, l'ancien patron du Medef français ! – essayait de convaincre sans trop y croire lui-même que c'était la preuve de la "qualité" de la signature de la France.

Voilà comment l'euro disparut

Tout était pourtant là, dans la déclaration du 18 juillet 2014 de Christine Lagarde : pour éviter la spirale déflationniste, la Banque Centrale Européenne doit continuer à fournir des liquidités aux établissements financiers, déclarait la patronne du FMI. Entendez : continuer à créer de la fausse monnaie. Que les banques n'ont d'autre choix – à cause des règles édictées par Bruxelles - d'investir majoritairement en Bons du Trésor !

Voilà comment l'euro disparut. Contrairement au dollar, au Yen, à la Livre, au Yuan, toutes attachées à un territoire et à un Etat souverain depuis des siècles, l'Euro n'était que la monnaie commune – se revendiquant pourtant unique - à dix-huit pays. Le jour où il fallut le défendre - et pas seulement en fabriquant de la fausse monnaie, ces fameuses « esures non conventionnelles" que la Banque Centrale Européenne n'avait pourtant justement pas le droit d'utiliser d'après ses statuts – la réponse d'Angela à François fut : Allo ? Non mais allo quoi ?

Hier : François Hollande, Manuel Valls, les femmes et la crise (3/6)

Demain : La France ne peut plus emprunter d'argent sur les marchés (5/6)

François Hollande, le liquidateur de la Ve République

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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