Un moratoire sur tout !

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Par Bill Bonner Publié le 8 septembre 2020 à 5h35
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@shutter - © Economie Matin
12000 MILLIARDS $Le FMI prévoit que la crise économique supprimera 12.000 milliards de dollars de richesse mondiale en 2020.

C’est la fin de tous nos ennuis : cessations de paiement, dette, défauts, chômage, Covid-19… La solution est simple – il suffit de décréter un moratoire !

Ni les démocrates ni les républicains n’ont la moindre idée de la catastrophe qui se prépare… pas plus qu’ils n’ont de plan pour l’éviter. Une preuve de plus dans USA Today :

« En se fondant sur une loi de santé publique destinée à empêcher la propagation d’une maladie, l’administration Trump a annoncé [mardi dernier] la mise en place d’un moratoire national de quatre mois concernant les expulsions résidentielles.

Ce moratoire, annoncé par le Centre de contrôle et de prévention des maladies, est la dernière mesure de l’administration visant à pallier les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus, en l’absence d’un accord avec le Congrès sur un plan plus élargi et qui ferait force de loi. »

Qu’en est-il des propriétaires bailleurs ? Y aura-t-il un moratoire sur les défauts de paiement de crédit immobilier ? Et les banques qui détiennent les prêts ? Y aura-t-il un moratoire sur les faillites bancaires ?

Et les prix de l’immobilier ? Si les bailleurs ne peuvent collecter les loyers… et ne peuvent rembourser leurs prêts… les prix de l’immobilier ne vont-ils pas chuter ? Devrait-il y avoir un moratoire pour empêcher cela ?

Peut-être que M. Trump devrait déclarer un moratoire sur l’ensemble des faillites, défauts, manques à gagner, baisse de profits et saisies hypothécaires… ainsi que sur les gros bras envoyés par des usuriers et prêts à vous briser les deux jambes pour récupérer le versement de ce mois-ci.

Et pourquoi ne pas déclarer un moratoire sur la prise de poids et les morts du Covid-19 aussi ?

Une toile de plus en plus enchevêtré

Cette toile tissée de tromperies et d’illusion s’enchevêtre de plus en plus, à mesure que les jours passent.

Les gens étaient payés plus à ne pas travailler que lorsqu’ils avaient un emploi… mais ils n’avaient pas besoin de payer leur loyer.

Les entreprises ont reçu des milliards de dollars pour rémunérer leurs employés… mais elles n’avaient pas à produire quoi que ce soit.

Le marché boursier a empoché 3 000 Mds$ supplémentaires… poussant les prix des actions à des sommets record… alors même qu’une récession diminuait les ventes et les profits.

Ce n’est pas une raison pour se sentir triste ou prendre des anti-dépresseurs, cependant. En privé, nous pouvons continuer à vivre des vies heureuses et prospères.

Mais nous devons être prudents. Parce que la vie publique, elle, dégringole bien vite… un peu partout dans le monde.

Notre économie, notre système politique et l’harmonie de nos vies sociales sont en danger. Le système est corrompu et instable. Nos dirigeants sont ignorants et sots.

Fausse reprise

Il nous semble d’ailleurs que nous venons d’entrer dans une phase plus sombre, comme nous l’expliquons ci-dessous.

Bloomberg :

« Le dollar a chuté à un plus bas de deux ans, les futures US grimpant après que les données manufacturières chinoises ont indiqué que les exportations sous-tendent une reprise… »

Si vous vous rappelez de précédentes Chroniques… le dollar est le maillon faible dans toute cette chaîne de fantasmes.

De la fausse monnaie… aux faux taux… en passant par le faux marché boursier… la fausse « meilleure économie de tous les temps »… le faux budget fédéral… et même de faux « républicains » et « conservateurs ».

A présent, tout cela nous mène à… une fausse reprise.

L’alphabet de la reprise

Nous avons le sentiment que la reprise ne sera peut-être pas en « V »… ni même en « U ».

Elle ressemblera peut-être plus à un « L »… c’est-à-dire qu’il n’y aura peut-être pas de reprise du tout.

Comment est-ce possible ? N’y a-t-il pas toujours une « reprise » après une correction ? Le marché boursier ne rebondit-il pas toujours ? Idem pour l’économie ?

La réponse est non.

Concernant le marché boursier, le marché japonais a atteint un sommet en 1989. On est désormais plus de 30 ans plus tard. Il n’a pas repris.

En Argentine, l’économie est sur une tendance baissière (par rapport au reste du monde développé) depuis 70 ans.

L’Empire romain a commencé à décliner en 190 av. J.C. environ. Près de 2 000 ans plus tard, il ne s’est toujours pas remis. Et combien de morts reviennent à la vie ?

Regardez les Etats-Unis eux-mêmes. Les salaires réels pour les Américains blancs en âge de travailler chutent depuis 45 ans.

Le taux de croissance du PIB décline lui aussi sur la même période ou à peu près. Si l’on fait la moyenne sur les 3,5 années où Trump était en poste, il a atteint un plancher d’après-Deuxième guerre mondiale à moins de 2% par an…

… Et il est actuellement dans le rouge pour 2020.

La dette totale, dans le même temps, grimpe lentement, vers les 80 000 Mds$.

C’est la dégringolade

Nous savons que cela constitue un contraste très net avec le récit de la campagne Trump et de la convention républicaine… et celui de bon nombre de nos lecteurs. Ils pensent que M. Trump a créé la meilleure économie de toutes… et qu’il « va le refaire » si on lui en donne l’opportunité.

C’est très peu probable.

D’abord parce qu’il n’a rien créé. L’économie de 2017-2020 a simplement continué la trajectoire entamée durant les années Obama. Une expansion aidée, encouragée et amplifiée par l’impression monétaire de la Réserve fédérale.

Deuxièmement, nous en arrivons à la partie du cycle de la catastrophe où plus de dollars font plus de mal que de bien.

Si on la laissait suivre son cours, la récession actuelle serait profonde et durable… simplement parce qu’il y a une énorme quantité de dette impossible à payer (assurée par des actifs surévalués)… et de débiteurs insolvables… dans le système. A des taux d’intérêts « normaux » – ils feraient tous faillite…

… Et il en irait de même pour le gouvernement fédéral. Il doit 27 000 Mds$ – dont plus de 8 000 Mds$ doivent être refinancés dans les 18 prochains mois.

Sans impression monétaire, ce financement devrait venir des épargnants du secteur privé. Cela forcerait les taux d’intérêts à grimper – rapidement –, ce qui ferait s’écrouler tout l’édifice.

Il n’y a pas de solution facile

Tant les démocrates que les républicains sont déterminés à éviter ce « jour du jugement » en inondant les électeurs d’un torrent d’argent.

Mais si l’argent peut faire grimper les prix – en Bourse comme dans l’économie réelle – il ne peut créer des vrais emplois, des vrais salaires ou de la vraie richesse.

Les dollars supplémentaires faussent et perturbent…

Comme des moratoires sur les expulsions, ils ne réparent rien du tout.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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