Décidément, les seuls qui croient que le gouvernement réussira à faire baisser le déficit de la France en dessous de 3% en 2015 sont les membres du gouvernement eux-mêmes (et peut-être même pas tous). Car encore une fois il y a un signe de doute : Moody's estime que la France pourrait ne pas les atteindre, ces objectifs. Mince alors !
Le déficit baissera, mais pas assez pour Moody's
L'agence de notation est claire : les réformes engagées par François Hollande et ses ministres devraient permettre au déficit de « conserver une trajectoire baissière » mais cette basse ne sera pas assez importante... en tout cas d'ici 2015, délai avant lequel le déficit de la France devra être en dessous de 3% du PIB.
« Le pays n'apparaît pas en mesure d'atteindre ses objectifs budgétaires en 2014 et 2015 » écrit dans un communiqué de presse l'agence Moody's. Problème : l'Union Européenne veut que le déficit de la France baisse en dessous de 3% d'ici fin 2015 faute de quoi elle aura des sanctions. Surtout que la France a déjà obtenu un délai de deux ans par rapport à ses voisins.
Menace : la note de la France encore baissée ?
La politique du gouvernement ne convainc décidément pas Moody's : non seulement l'agence de notation avait baissé la note de la France à Aa1 avec perspective négative, mais en plus le « Pacte de responsabilité » lui paraît quelque peu « flou ». C'est rassurant, il n'y a donc pas que les Français qui ont cette impression.
Si la situation continue, Moody's pourrait toutefois décider de rabaisser encore la note de la dette souveraine du pays, ce qui serait un coup vraiment dur pour la reprise économique. Impossible ? pas si on regarde ce que pense Moody's de la France :
« Moody's note que la France continue à se montrer moins performante que les autres pays notés Aa1 sur le plan budgétaire, d'où sa perspective négative »... et l'agence d'enfoncer le clou : « et sensiblement moins performante que les pays Aaa ».
FMI et Cour des Comptes se rangent du côté de Moody's
On pourrait penser à tort que Moody's fait cavalier seul et que l'agence de notation fait une analyse de la réalité fausse. Mais en ce cas le FMI et la Cour des Comptes sont dans le faux aussi... car eux non plus ne croient pas que le gouvernement atteindra ses objectifs.
La faute à la croissance économique : là où le gouvernement table sur une croissance de 1%, les spécialistes du FMI et de la Cour des Comptes estiment que cette croissance sera bien plus faible que cela. Ainsi, pour la Cour des Comptes, le déficit ne sera pas de 3,8% fin 2014 comme le voudrait le gouvernement, mais plutôt aux alentours de 4%, voire plus.