La crise, quelle crise ? Les 13 000 journalistes et professionnels qui vont découvrir aujourd’hui et demain en avant- première le salon de l'Auto, porte de Versailles à Paris, ne vont s'apercevoir de rien. Thierry Hesse, le patron du Salon, le répète à l'envi. « ,J'ai vendu mes 96 000 mètres carrés sans problème » explique-t-il, et, selon lui, sans baisser les tarifs.
Nous vérifierons tout de même si les allées ne sont pas plus larges qu’il y a 2 ans, ce qui serait le signe que les exposants ont un peu rogné sur la surface de leurs stands.
En tout cas les grands patrons seront bien là avec un discours formaté qu'ils liront sur des prompteurs, avec l’assurance des présentateurs des JT de 20 heures. Ford dira qu’il s’apprête à lancer la gamme la plus jeune jamais produite. Il n'y aura pas la moindre allusion aux plusieurs centaines de suppressions d emplois prévues en Europe. Renault annoncera l’ouverture des commandes pour son modèle électrique, la Zoé, mais la Zoé n’est pas prête. On murmure même que des problèmes de batterie l'empêcheront de sortir au printemps prochain, dernière date officiellement connue pour l'arrivée dans les concessions.
N'espérez pas non plus, chers confrères, avoir les confidences des patrons de l'industrie automobile. La communication est parfaitement encadrée. Un constructeur japonais, Toyota pour ne pas le nommer, demande dès le mois d'août aux journalistes qui ils veulent rencontrer et quelles questions ils veulent poser. Nous qui pensions faire un métier d'actualité, nous voilà servis !
La crise, on vous en parlera tout de même en off … Car elle est présente et pour plusieurs années : PSA prévoit une baisse de 12% du marché français, ce qui veut dire que nous serons bien en dessous des 2 millions d'immatriculation réalisées bon an mal an chaque année en France. La tendance est la même en Europe où, après Aulnay, on parle d'autres fermetures d'usines. Une liste circule déjà avec Opel en Allemagne, Fiat en Italie, sans oublier la disparition de Saab coulée par General Motors. On ne vous parlera pas non plus des charmantes hôtesses censées renseigner le chaland sur les modèles exposés, mais qui ne savent forcément pas que la guerre des prix fait rage dans un marché en perdition. Selon notre confrère Les Echos, Ford Europe a perdu 583 euros sur chaque voiture vendue au premier semestre, PSA 789 euros, le record revenant à Opel à 938 euros.
Si vous aimez l'automobile et les bonnes nouvelles en matière de mobilité, allez donc sur le stand du groupe VAG devenu le modèle pour le ministre Arnaud Montebourg (voir Economie Matin d'hier). VAG avec son champion Audi qui ne craint pas d'annoncer 16% de marge sur ses modèles. Il faut attendre plus de 6 mois le nouveau Q3 et le pire c'est que les clients attendent !
On l'a bien compris, le Mondial 2012 se veut plus que jamais hors du temps, hors des attentes des consommateurs. A ce propos, il est essentiel de lire la dernière étude de l'observatoire Cetelem. Si les intentions d'achat résistent, 20% des Européens déclarent avoir l'intention d'acheter, dans les 2 ans qui viennent, un véhicule neuf, ces mêmes acheteurs mettent le prix en tête de leurs préoccupations, les voitures low cost comme la Dacia ont apparemment un bel avenir devant elles. Le second critère est le coût de l'utilisation, plus de la moitié des personnes interrogées se disent prêtes à renoncer à certains équipements électroniques comme les systèmes de navigation. Seulement 3% d'entre elles pensent encore que la voiture correspond à un statut social. Il faut s'ôter de l'esprit que rouler en Porsche est encore un atout pour draguer ! Dernier point, ils se fichent éperdument de la provenance de la voiture. Le patriotisme en matière de voiture est un leurre,n'en déplaise à Monsieur le ministre du Développement productif !
Selon les prévisions, plus de 200 000 personnes devraient quand même se rendre au Salon Porte de Versailles à partir du samedi 29 septembre jusqu'au dimanche 14 octobre. Il sera temps alors de faire le bilan de ce Salon qui semble être aujourd'hui celui des illusions.