Force est de constater que le décret sur le "patriotisme économique" qui vise explicitement les tractations autour d’Alstom a eu les effets escomptés. General Electric est contraint de renforcer son offre, notamment en maintenant l’activité nucléaire d’Alstom en France et en fournissant des garanties sur l’emploi.
C’est donc un beau coup de poker à court terme pour Arnaud Montebourg mais qui pourrait avoir des conséquences néfastes à moyen et long terme, notamment vis-à-vis des investisseurs anglo-saxons qui voient d’un mauvais œil l’intrusion de l’Etat dans les dossiers économiques. Il n’est pas improbable que les investisseurs réfléchissent à deux fois avant de s’intéresser à un joyau industriel français.
En ce qui concerne le dossier Alstom, tout porte à croire que General Electric, fortement engagé, va faire de nouvelles concessions, en particulier en transférant ses activités signalisation à Alstom Transport, ce que nous avions déjà mis en avant depuis quelques semaines.
Face au duo Alstom – GE, Siemens, qui bénéficie du soutien de l’Etat français, ne fait pas le poids. Le montant évoqué de l’offre potentielle – 7 milliards d’euros en numéraire – est bien trop inférieur aux besoins financiers d’Alstom. Au demeurant, comme on le sait, un rapprochement franco-allemand provoquerait des doublons synonymes de destruction d’emplois et pourrait entraîner un veto de la part des autorités de la concurrence au niveau européen.
Il n’est pas improbable, en fait, que l’Etat français joue un double jeu. En poussant Siemens à faire une offre, il oblige ainsi GE, grand favori, à des concessions qui auraient été exclues autrement.