Comment ne pas vous faire voler avec la monnaie

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Par Simone Wapler Publié le 23 juin 2016 à 5h00
Monnaie Valeur Marches Financiers Cours
@shutter - © Economie Matin
5 000La notion de dette est vieille de 5 000 ans.

Assouplissements monétaires, création de crédit adossé à rien, taux négatifs… Tout ceci vise à nous faire endosser les pertes des banques et le surendettement des Etats.

Les banquiers centraux n’ont qu’un but : prolonger le système monétaire et financier actuel qui est pourtant à l’origine des multiples crises que nous expérimentons. Malgré le rouleau compresseur de la communication institutionnelle, on commence cependant à douter. Quelques écrits dissidents réclamant le retour à l’étalon or. Le candidat américain anti-establishment Donald Trump l’évoque.

Le FMI parle d’introduire de l’or dans sa super-monnaie transnationale, les DTS (Droits de Tirage Spéciaux).

Etes-vous avec Aristote et l’or ou avec Platon et le bitcoin ?

La monnaie a toujours été une affaire compliquée. En leur temps, Aristote et Platon en débattaient déjà. Aristote soutenait que la monnaie devait avoir une valeur intrinsèque et Platon qu’elle pouvait n’être qu’un mythe adossé à rien. Aujourd’hui, Platon aurait probablement préféré le bitcoin et Aristote l’or.

Contrairement à ce que veut nous faire croire la propagande, l’adoption de l’or et l’argent comme monnaies constitua une notable avancée dans l’histoire des échanges. Pendant longtemps, la monnaie n’était que dettes, exactement comme maintenant où la monnaie est à 80% une inscription dans une mémoire informatique (c’est comme cela qu’existe votre argent en banque).

Comme le rappelle l’anthropologue David Graeber dans son livre Dette : 5 000 ans d’histoire, à l’origine la monnaie n’était QUE dette. La mémoire était des objets gravés ou un registre. Une autorité politique ou religieuse garantissait la bonne tenue des livres de compte. Toute transaction avait un témoin officiel et le commerce se limitait à la zone d’influence de l’autorité religieuse ou politique.

Contrairement à la méprisante expression de Keynes, l’or (ou l’argent-métal), loin d’être une “relique barbare”, fut une géniale amélioration. Grâce à la monnaie métallique, plus besoin d’autorité, de témoin, plus de limite de territoire. L’or reste identique partout, il se reconnaît, résiste à la corrosion et à l’oxydation et est inutile. L’accumulation d’or ne gêne nullement l’économie, contrairement à ce qui se produirait avec une matière première comme le blé, le riz ou le pétrole.

Première monnaie étatique et première fraude de grande ampleur

Au début, les monnaies étaient privées. Puis l’Etat s’en mêla et vint la première fraude. Le roi de Lydie, le père de Crésus, eut une idée de génie : frapper les pièces de son sceau, ce qui les certifiait et évitait aux marchands des pesées ou des essais. Le bureau Veritas était né et la monnaie lydienne connut son heure de gloire.

Evidemment, pour ce “service”, le Trésor de Lydie empochait une juteuse commission. Les pièces officielles avaient un pouvoir d’achat moins élevé que les pièces équivalentes des monnaies privées. Mais l’économie du contrôle et du pesage rendit la monnaie lydienne populaire.

Hélas, et c’est une constante de l’Histoire, la Lydie commença à trafiquer sa monnaie estampillée ; au fil du temps, elle contenait de moins en moins d’or et de plus en plus d’argent. La commission grossissait. La confiance disparut, les marchands retournèrent à une autre monnaie…

“Tuer la concurrence, c’est tuer l’intelligence”.?— Frédéric Bastiat

Toutes les monnaies devraient pouvoir exister et rentrer en concurrence. Celle qui rendrait le plus de services au plus grand nombre serait la plus utilisée. Les utilisateurs choisiraient, librement et sans contrainte. Mais, c’est plus fort que tout, des fonctionnaires omniscients veulent toujours s’interposer, contrôler… J’ai été surprise de lire chez un auteur affiché libéral les phrases suivantes :

“La monnaie est un bien commun qui ne doit appartenir ni à l’Etat ni au secteur privé. […] Dans un monde idéal, chaque monnaie sera gérée par un Conseil indépendant constitutionnellement du pouvoir politique, sur le modèle de la Bundesbank autrefois”.

Cette fumeuse notion de “bien commun” ou d'”intérêt commun” est la tarte à la crème des dirigistes… Charles Gave se voit-il présider un tel Conseil ? Dans un monde libéral, toutes sortes de monnaies cohabiteraient paisiblement et on n’aurait nullement besoin de “Conseil”. La notion de cours légal n’existerait pas. Vous pourriez payer en or, en euro, en dollar en francs suisses, en livres, en monnaie privée, en bitcoin, l’or et les métaux précieux seraient en vente libre, vous en trouveriez dans les Postes et dans les distributeurs automatique (comme en Suisse). En quoi les intérêts particuliers seraient-ils lésés si acheteurs et vendeurs sont d’accord ?

En réalité, les élites technocratiques financières et politiques détestent la monnaie qu’ils ne peuvent contrôler et monopoliser. L’or (l’argent) ou le bitcoin font partie des monnaies incontrôlables, incompatibles avec la répression financière qu’on veut nous imposer. C’est l’unique raison de leur détestation. C’est pour cela que nous les aimons.??

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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