Je voulais aujourd’hui prendre un peu de recul sur le début d’année catastrophique que les marchés mondiaux subissent… et sur l’état des économies dans le monde.
Il me semble que si l’on met bout à bout tous les éléments, toutes les causes, les catalyseurs (en fait, déjà en place depuis 2008), il s’agit de la fin d’un système. Une page de l’histoire économique se tourne lentement sous nos yeux : celle de la mondialisation, une organisation selon laquelle les Etats développés exportent leur dettes et importent ce qui leur est nécessaire.
Cette organisation a conduit :
– A l’appauvrissement des classes moyennes des pays développés
– A l’enrichissement de la population des pays dits émergents
– Au développement des infrastructures de la Chine et des autres pays émergents
– A de mauvais investissements
– A un monstrueux stock mondial de dettes
Aujourd’hui, l’argent reflue de Chine. La consommation de matières premières ralentit, laissant voir de monstrueuses surcapacités qui demanderont des années à être absorbées.
Les marchés financiers sont désorientés par les manœuvres monétaires des banques centrales visant à camoufler les stocks de mauvaises dettes. Face à la diminution du crédit disponible, la force relative (par rapport aux autres monnaies) du dollar gêne l’appareil productif américain tourné vers l’export des produits de grande consommation. La vente de biens à destination des classes moyennes des pays développés – comme ceux d’Apple – marque le pas.
Bref, il s’avère que vendre à crédit à des gens qui vivent au-dessus de leurs moyens n’est pas le business model rêvé. "Où que nous regardions, nous constatons dans l’économie mondiale des conditions extrêmes, différentes de tout ce que nous avons connu jusqu’à présent". "We’re seeing extreme conditions unlike anything we’ve experienced before just about everywhere we look."
Tim Cook, Président d’Apple
Les observations des entrepreneurs, hommes de terrain, me semblent infiniment plus crédibles que toutes les prévisions des banques centrales, du FMI, etc. Tim Cook sait ce qu’il vend, à qui, où dans le monde, ce que ça lui coûte et ce que ça lui rapporte. S’il est réservé quant aux ventes d’iPhone (et de ses autres produits haut de gamme) sur 2016… c’est que sa cible, la classe moyenne aisée, n’a sans doute plus les moyens de se les payer. Je voudrai revenir aussi sur le deuxième point de l’organisation économique actuelle, l’enrichissement des populations des pays émergents.
Le discours sur l’inégalité prévaut. Les adeptes de l’économie administrée, du capitalisme de copinage, vous expliquent en long en large et en travers que la montée des inégalités est atroce, que 1% de la population possède plus que les 99% (selon l’étude Oxfam, abondamment relayée ces derniers temps) et que cette concentration est la résultante de l’ultralibéralisme sauvage et déchaîné, qu’il convient donc de piloter, réglementer, administrer, en les payant pour cela…
Personne ne rappelle qu’avec la mondialisation la pauvreté a baissé dans le monde. Pour la première fois dans l’histoire humaine, "moins de 10% de la population mondiale vivra dans l’extrême pauvreté à la fin de 2015" selon les chiffres de la Banque mondiale. Alors oui, peut-être que les vendeurs de dettes, les brasseurs d’argent de la finance mondiale concentrent la richesse de façon "obscène", pour reprendre les mots de L’Humanité. Mais les plus pauvres le sont de moins en moins.
L’Asie, qui comptait 31,7% de la population mondiale en extrême pauvreté en 1990, n’en compte plus que 9,6% en 2015. Et même en Afrique sub-Saharienne le pourcentage de la population en état de pauvreté extrême est passé de 46,2% en 2012 à 35,2% en 2015.
Les échanges librement consentis dans la concurrence loyale sont source d’enrichissement mutuel. Toutefois, nous faisons face à une crise de surconsommation à crédit. La plupart des gens des pays développés n’ont pas les moyens d’acheter ce que ceux des pays émergents fabriquent ; nous allons payer des décennies de mauvais investissements dans des capacités productives sans débouchés. L’explosion des vilaines dettes des pays développés enrayera-t-il le recul de la pauvreté dans les autres pays ?
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