La crise de la dette et du déficit peut-elle être interprétée avec le recul comme une conséquence de la mondialisation ?
Les pays européens étaient plutôt mal préparés à une évolution grandissante, inattendue et rapide des marchés économiques. De son côté, l’Union européenne ne l’était pas du tout, bien qu’elle soit politiquement complice de cette atrophie qui s’est développée dans la plus grande confusion et injustice fiscale et sociale.
Plans de rigueur et d’austérité, alambiqués et plus ou moins sophistiqués se sont développés ces dernières années en référence aux consignes de Bruxelles. On est loin d’en mesurer encore aujourd’hui les conséquences. Il suffit pour cela d’apprécier les forts taux de chômage dans l’Union européenne de ces dernières années, non encore résorbés dans la majorité des pays, pour s’en rendre compte.
Sous les yeux de la Commission et du Conseil européen, cette période a néanmoins été très favorable aux lobbies industriels, aux milieux bancaires, aux spéculateurs, à l’évasion fiscale tous azimuts, au développement des pays émergents et à un libre-échange sans souci, derrière un euro protecteur fort avec la garantie d’une inflation maîtrisée. Ce ne sont pas les pays profiteurs qui ont jugé qu’il soit utile de s’en préoccuper jusqu’à présent. Cet espace libertaire, avec la complicité de l’OMC, a aussi accentué les différences entre pays riches et pays pauvres. L’actuel problème des migrants ne fait que confirmer cette instabilité permanente et non prête d’être maîtrisée...
Le retour de la croissance, après une période de récession en référence aux prévisions de l’OCDE, devrait relancer l’économie et les ressources fiscales correspondantes. Face à un dollar on ne peut plus ajustable, la politique d’un euro fort a eu et continuera à avoir de lourdes conséquences au nom d’une inflation contenue, grâce à une BCE muselée, et ce, indépendamment du problème de régulation des marchés et d’une politique monétaire au plan mondial.
Dans l’Union européenne et en particulier dans la zone euro, l’essentiel du commerce extérieur se fait entre partenaires. Seuls les pays producteurs à balance commerciale positive s’en sortent et principalement sur le marché européen, qui est leur premier client. Une très faible partie du commerce européen se fait hors de l’Union. C’est le cas, hors de l’Union, des pays émergents dont la Chine en quête de savoir-faire et de transfert de technologies qui ont un libre accès au marché européen. Le protectionniste ciblé, en cas d’absence d’accord de réciprocité d’accès à leur marché, reste une incantation sans suite. L’Allemagne y est opposée. Les politiques en parlent. Mais ils se gardent bien de critiquer la mondialisation, bien qu’ils en craignent la suite. Le repli sur eux-mêmes des Etats-Unis, avec la guerre des taxes, handicape le commerce mondial. La disparité économique et fiscale, du niveau de vie et des règles sociales, dans l’ensemble de l’Union et de la zone euro s’ajoute à cette brillante cacophonie. Cette disparité a entraîné de nombreux dysfonctionnements et continue à favoriser un grand nombre de délocalisations qui se multiplient vers les pays émergents, avec ou sans retour pour ces derniers.