Quand le football français tente le casse de Monaco

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Par Philippe David Modifié le 7 mai 2013 à 10h01

200 millions d’euros. Non, ce n’est pas le montant placé sur les comptes off-shore de Jérôme Cahuzac ni le montant de la future cagnotte de l’euromillions, c’est la somme que la Président de la Fédération Française de Football, Noël Le Graët, aurait demandée aux dirigeants de l’AS Monaco, club qui est sur le point après deux années au purgatoire de remonter en Ligue 1.

200 millions d’euros…L’équivalent de deux années de budget du LOSC, le Lille Olympique Sporting Club, quatrième budget de la Ligue1 ou de quatre année de budget de l’AS Saint-Etienne, les « Verts », qui viennent de remporter la Coupe de la Ligue.

Cependant, pourquoi cette demande ? Tout simplement pour que Monaco relocalise son siège social en France puisque le club de la Principauté jouit dans ce domaine d’un avantage fiscal dû à son extraterritorialité.

La réponse des monégasques ne s’est pas faite attendre : « La position du club est très claire, l’ASM FC (Association sportive de Monaco Football Club) considère qu’une telle demande est totalement inacceptable.

L’ASMFC, affiliée depuis 1919 à la Fédération Française de Football, a investi depuis longtemps des sommes importantes dans le Football Français, a formé des internationaux français et représenté fièrement le football hexagonal en Coupes d’Europe. Le club ne comprend donc pas ce manque de reconnaissance de la part des instances fédérales.

La contre-productivité de la décision adoptée brutalement et sans concertation par les instances n’est pas à démontrer alors que le projet du club doit servir tout le football français et son développement futur.

L' ASM FC, après consultation de ses conseils juridiques, n'a pas d'autre choix que d’intenter une action en justice afin d’obtenir un règlement judiciaire du litige. »

On comprend la réaction des monégasques, la méthode utilisée par le Président de la FFF s’apparentant à un braquage dont les sommes rappellent « le casse de Nice » d’Albert Spaggiari mais réalisé avec les méthodes des voyous de banlieue de l’acabit de ceux ayant récemment attaqué le RER D.

Pourtant, le football français a tout à gagner d’un retour du club monegasque dans l’élite nonobstant les faibles affluences du Stade Louis II. Le club a en effet été racheté par le milliardaire russe Dimitri Rybolovlev, classé 100ème fortune mondiale, qui a d’ores et déjà prévenu que Monaco taperait très fort en termes d’achats en cas de remontée en Ligue 1 avec pour objectif avoué de squatter les deux premières place du championnat avec le Paris SG.

C’en était probablement trop pour le Président de la FFF et d’autres Présidents de clubs qui ne pensent plus désormais qu’à revendre leurs joueurs touchés par la future taxe à 75% qui pourrait acculer des clubs comme Lyon ou Marseille au dépôt de bilan si on en croit l’enquête réalisée récemment par France Football. Ces mêmes Présidents qui ne veulent pas que leurs clubs ne puissent plus désormais prétendre qu’à la troisième place qualificative pour la Ligue des Champions, place qui serait dès lors très chère à obtenir.

Il ne reste plus qu’à espérer que Dimitri Rybolovlev ne « prenne pas la mouche » car de l’autre côté des Alpes, où l’économie du football souffre également, on accueillerait certainement à bras ouverts les monégasques. Pour ceux qui connaissent le nombre de stars françaises formées à Monaco, on peut affirmer sans hésiter que le football français aurait tout à y perdre.

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Philippe David, 46 ans, est cadre dirigeant à l'international, auteur de plusieurs livres politiques dont le dernier, « De la rupture aux impostures », est sorti en 2012 aux éditions du Banc d'Arguin. Il est également chroniqueur sur Sud Radio.

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