« Éléments d’insincérité » ose la Cour des Comptes sur le budget 2017 ; derrière cette formule se cache quatre énormes insincérités qui empêchent tout retour à l’équilibre des comptes publiques et sociaux, le budget français ayant été épinglé 12 fois en 15 ans pour déficit excessif.
Première insincérité : les bases budgétaires votées chaque année par le Parlement
Prévisions optimistes, dépenses sous-évaluées, jeu des gels en cours d’année, promesses électorales; tout y passe avec une maitrise de l’art oratoire autour du « bon déficit », alors que nous avons un déficit de 75 milliards pour 380 de dépenses de l’Etat, soit 20% de déficit !
Du coup le premier budget de l’Etat devient le paiement des intérêts à hauteur de 40 Milliards €, sans croissance et avec chômage. Seule une transformation culturelle peut nous faire progresser : changement de réflexes et de pratiques… qui passe par un changement des hommes, seule solution à un mal endémique. C’est en court.
Deuxième insincérité : nature des dépenses à couper
Education, santé et sécurité (Justice/police/armée) forment la base du contrat avec la nation ; nous sous investissons dans ces domaines. Certes il y a des réformes à faire visant à réduire la bureaucratie au profit des opérateurs (professeurs, infirmiers, juges,..) et à réformer les Conseils (des Programmes, de la Magistrature, de..) qui poussent à l’immobilisme.
Mais la baisse des dépense est à attendre autre part : là où nous sur-dépensons sans bénéfice citoyen et avec souvent une inflation au profit de quelques-uns. Quelques secteurs concentrent 100% des sur-dépenses et représentent l’intégralité des 3% de déficit (logement, cout administratif global, subvention à l’activité,..). Halte au rabot aveugle, place à la chirurgie.
Troisième insincérité : raisons du déséquilibre du modèle social français
Celui-ci est un système d’assurance (chômage, maladie, retraite). Imaginez l’assurance automobile sans le système du bonus/malus ! C’est pourtant le cas et il favorise les mauvais comportements : bénéfices de la production audiovisuelle et déficit du régime des intermittents, taux d’absentéisme de plus de 9% dans les collectivités locales contre moins de 4% dans le privé, utilisation abusive de pré-retraites par certains acteurs …la liste est longue en l’absence de tout système de régulation. Changeons les pratiques par des mécanismes forts d’incitation plutôt que mettre à bas le système.
Quatrième insincérité : la soutenabilité du système de retraite
Avec une population qui aspire légitimement aux études supérieures et à une espérance de vie de 85 ans, peut-on travailler 40 ans, avoir une retraite de 25 ans, et cotiser l’équivalent de seulement 18 ans de salaires: suppression des régimes spéciaux et réflexion sur l’équilibre montant retraites/durée de cotisations sont indispensables…sauf en période d’élection. La méthode des petits sera dans ce cas bonne conseillère.
70% des suffrages des Français ne se sont pas portés sur les 2 partis ayant laissé dériver le système ; c’est un bon début. Par contre, 50% ont voté pour des partis qui orientent leurs électeurs partout …sauf vers les véritables insincérités. A nous de les convaincre !