Un ministre des Finances qui se dit "prudent et réaliste", cela augure-t-il de mauvaises nouvelles sur le front de l’économie et donc de notre pouvoir d’achat ? Pas forcément ! Michel Sapin donne une grande interview aux Echos, dans laquelle il assure sa confiance en l’économie française. On ne demande qu’à y croire.
Le ministre se prononce sur les différents sujets clés : d’abord, la croissance, qui est encore bien molle. D’après les prévisions, elle serait de 1% cette année, et de 1,5% en 2016 et 2017 (alors qu’initialement, il avait été prévu qu’elle serait respectivement de 1,7% et 1,9%). Le ministre évoque une «prudence" en la matière. Cela change : d'ordinaire, les prévisions de croissance sont systématiquement surévaluées par rapport à la réalité !
Le chômage pourrait commencer à baisser l'an prochain
En ce qui concerne le chômage, le ministre reconnaît qu’il n’aura pas de bonnes nouvelles à annoncer cette année ; il faudra attendre 2016 pour espérer voir la fameuse courbe s’inverser, et les gens retrouver du travail. Au moins est-il en ligne avec Manuel Valls, qui a reconnu récemment qu’en-deçà de 1,5% de croissance du PIB, la France ne crée pas d’emplois et le chômage ne peut donc mécaniquement pas diminuer.
Pourtant, le ministre du Travail François Rebsamen a déclaré il y a quelques jours seulement que le taux de chômage allait se stabiliser, voire baisser, d’ici la fin de l’année. Visiblement, l'optimisme n'est (déjà) plus de rigueur. 3 755 000 personnes sont actuellement au chômage en France.
Impôts, dépenses et déficit en baisse
Quant aux impôts, dont le Premier ministre a reconnu que les hausses successives ont "étouffé l’économie française", Michel Sapin explique que "désormais, nous sommes entrés dans une période de baisse des impôts". De fait, le taux de prélèvements obligatoires doit légèrement baisser, de 44,7% du PIB l'an dernier à 44,2% en 2017.
Côté dépenses, la France poursuit ses efforts et s’efforce d’opérer une "diminution sensible" des dépenses publiques (55,4% du PIB tout de même cette année !). Et ce grâce au plan d’économies de 50 milliards d’euros que François Hollande avait annoncé.
En conséquence, le déficit sera moindre cette année : 3,8%, puis il devrait baisser à 3,3% en 2016 et à 2,8% en 2017, passant enfin sous la fameuse barre des 3% fixée par Bruxelles ! La France pourra-t-elle cette fois se passer d’un nouveau-nouveau-nouveau délai ?
Enfin au sujet du budget, c’est-à-dire les dépenses et les recettes de la France, qu’il faut équilibrer au maximum afin d’enrayer la spirale de la dette et se ruiner en intérêts, le gouvernement doit envoyer cette semaine son projet à Bruxelles, qui, c’est une nouveauté, a désormais un droit de regard dessus. Ensuite, le ministre des Finances Michel Sapin le présentera en conseil des ministres mi-avril. D’après le ministre, ce projet "table sur un redressement rapide et puissant du taux de marge des entreprises et sur un rebond marqué de l'investissement en 2016". On ne demande vraiment qu'à y croire.