Abaissement des vitesses : l’aberation de l’autoroute à 120 km/h

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Par Pierre Chasseray Modifié le 9 juillet 2013 à 5h51

Le 4 juillet 2013, la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports (FNAUT) faisait 3 propositions à la commission « alcool, stupéfiants, vitesse » du CNSR, dans le but prétendu de réduire la mortalité routière. Ces propositions portaient sur l'abaissement des limitations de vitesse sur autoroute, l'extension des « zones 30 » en agglomération et sur une sévérisation de la répression des petits excès de vitesse (inférieurs à 10 km/h). « 40 millions d'automobilistes » rappelle que la vitesse inadaptée constitue la troisième cause de mortalité sur les routes, loin derrière l'alcool et la somnolence, et s'oppose à ces propositions.

L'aberration de l'autoroute à 120 km/h

Depuis 2012, les accidents mortels sur autoroute ne représentent plus que 6% du total des accidents, ce qui en fait le réseau le plus sûr de France. De plus ces accidents ne sont dus que pour 13% d'entre eux à une vitesse inadaptée. La vitesse excessive sur autoroute serait donc à l'origine de 28 morts en 2012 ! C'est encore trop, certes, mais ce n'est pas en punissant encore l'ensemble des automobilistes que l'on passera sous le seuil des 2 000 tués. « Si l'on veut réellement agir en faveur d'une baisse de la mortalité, il faut prendre des mesures liées à la lutte contre la somnolence (adaptation des infrastructures, concours des Outils d'Aide à la Conduite) et contre la consommation d'alcool et de stupéfiants (contrôles routiers plus fréquents, lutte contre la récidive par l'EAD). » explique Ingrid Attal, Présidente de la Commission Juridique de « 40 millions d'automobilistes ».

Quant à l'argument qui consiste à dire que réduire de 10 km/h la vitesse sur les autoroutes placerait la France dans la moyenne européenne... Rappelons simplement que sur les 23 pays européens disposant d'un réseau autoroutier, 10 affichent des limitations de vitesse inférieures à 130 km/h, dont le Royaume-Uni et les Pays-Bas, qui effectuent actuellement des essais en vue d'augmenter les vitesses maximales autorisées, pour favoriser la croissance économique de leur pays.

L'inutilité de généraliser les « zones 30 »

Si l'association est favorable à la limitation de la vitesse maximale à 30 km/h aux abords des écoles et des lieux très fréquentés par les piétons, elle souligne que, sur les 900 accidents mortels survenus en agglomération en 2012, la plupart impliquaient des piétons ou cyclistes en défaut de visibilité (accidents nocturnes, angles morts, absence de dispositifs rétro-réfléchissants). « Nous ne cherchons pas à minimiser la responsabilité des automobilistes, mais les torts sont partagés, et ce n'est pas en les pénalisant encore que l'on obtiendra leur adéquation et le respect des règles » ajoute Ingrid Attal.

Aussi, « 40 millions d'automobilistes » estime qu'il conviendrait de s'attacher d'abord à mieux faire respecter la réglementation en vigueur. La Sécurité Routière estime en effet que 577 vies auraient pu être épargnées en 2011, du simple fait du respect strict des limitations de vitesse. Radars pédagogiques, éclairage systématique des passages pour piétons, sensibilisation et signalisation spécifique à l'attention des usagers les plus vulnérables... Autant de mesures qui ont fait leurs preuves (en France et à l'étranger) et qui permettraient à coup sûr de réduire la mortalité routière dans nos villes, sans provoquer de désagréments, puisqu'il est reconnu que l'abaissement des vitesses en agglomération provoque la congestion des centres-villes et une émission accrue de particules et de gaz à effet de serre.

Stop à la répression routière à outrance

En ce qui concerne la politique de répression des infractions routières, « 40 millions d'automobilistes » rappelle que la France est le seul pays européen à pratiquer le retrait de points pour les petits excès de vitesse...

Malgré les efforts constants des automobilistes - dont les chiffres se ressentent : -18% de tués sur les routes en 2012 par rapport à 2009 ! - les Pouvoirs Publics continuent sur leur lancée du « tout répressif ». Comment expliquer aux parisiens que l'installation des 8 nouveaux radars sur le périphérique, malgré la diminution de la vitesse moyenne de circulation (-4 km/h en 10 ans) et une chute de 15% des excès de vitesse relevés, fait partie des mesures relatives à la sécurité routière ? Se « faire prendre au radar » est devenu une fatalité et le matraquage des automobilistes par des décisions « hâtives » des pouvoirs publics nuirait profondément au message de sécurité routière auquel il est indispensable que tous adhèrent.

Quant aux réseaux « hors autoroute », il faut s'attacher à faire un audit de ce réseau et sans doute abaisser les vitesses sur les portions dangereuses, mais aussi pouvoir les augmenter sur les portions sécurisées pour les rendre « respectables ». Il faut faire en sorte que les automobilistes comprennent pour accepter et respecter.

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Pierre Chasseray est délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes. www.40millionsdautomobilistes.com

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