L’étude a de quoi justifier à elle seule la volonté du gouvernement de changer les règles de ses mesures anti-inflation, et notamment celles de la ristourne sur le carburant à la pompe de 18 centimes d’euro TTC. Selon le cabinet Astérès, en effet, ce sont les plus riches qui ont le plus profité…
Une inflation « réelle » de 6,4% en France en avril 2022 ?
L’Insee l’a confirmé le 29 avril 2022 : l’inflation en France a atteint 4,8% au mois d’avril 2022, après 4,5% en mars 2022. Un niveau record, au plus haut depuis les années 80, mais un niveau parmi les plus bas de l’Union européenne. Et pour cause : le « bouclier tarifaire » sur les prix du gaz et de l’électricité, en vigueur depuis octobre 2021 pour le premier et février 2022 pour la deuxième, a joué son rôle à la perfection.
Et une autre mesure s’est ajoutée, en avril 2022 : la baisse artificielle de 18 centimes TTC du prix du litre de carburant à la pompe. Elle restera en vigueur jusqu’au 31 juillet 2022, selon le projet du gouvernement.
Or, selon le cabinet Astérès, qui a publié une étude le 3 mai 2022, le niveau d’inflation réel sans ces mesures serait bien plus élevé, et bien plus proche que le niveau qui frappe la hausse des prix ailleurs en Europe. Le bouclier tarifaire sur l’énergie a réduit l’inflation de 1,3% (0,9% pour l’électricité, 0,4% pour le gaz) tandis que la baisse est de 0,3% avec la ristourne sur le carburant. Total : 1,6% d’inflation en moins en France, ce qui porte l’inflation réelle hors mesures exceptionnelles à 6,4% en avril 2022.
Pratiquement deux fois plus d’argent pour les plus riches que pour les plus pauvres
Alors qu’ils n’ont pas réellement de problèmes pour payer leurs courses, leur loyer ou leurs factures, les plus riches ont malgré tout été les premiers bénéficiaires des mesures anti-inflation en France, selon Astérès. De quoi justifier la nécessité de mesures plus ciblées sur les populations les plus défavorisées.
Selon les calculs du cabinet, en effet, les ménages ont économisé 52 euros sur le mois d’avril 2022 grâce aux prix bloqués et à la baisse du prix du carburant. Mais les 10% les moins riches n’auront économisé que 38 euros, tandis que les 10% les plus riches 68 euros. Soit près de deux fois plus.
Un résultat qui paraît logique : disposant de maisons plus grandes, potentiellement de plus d’équipements ainsi que de voitures plus grosses et en plus grand nombre, les plus riches consomment plus d’énergie. Les baisses de prix sur celle-ci leur profitent en premier lieu.