S'ils ont tous raison sur le nombre pléthorique d'agents de la Fonction Publique, il est très étonnant qu'aucun des candidats de droite, n'ait été capable de parler en termes de ressources humaines des fonctionnaires.
Ils se cantonnent aux chiffres ; effet répulsif garanti et anxiogène pour les malheureux comptabilisés comme des pions et pour tous les autres qui croient qu'ils vont être privés des services rendus. Alors, vite que nos candidats se comportent en managers responsables, pitié !
Qu’ils consultent des conseils en organisation, des sociétés spécialisées en ressources humaines, des DRH, qu'ils structurent un méga plan marketing national, un projet de formation par typologie de fonctions, des échelles de progression, des primes au rendement, de nouvelles conditions de rémunération ; qu'ils prévoient des conditions volontaires de départ... et qu'ils expliquent, expliquent encore, détaillent, rassurent. Il faut enfin, et pour la première fois, gérer et manager les grandes entreprises que représentent les différentes fonctions publiques comme on le fait dans un grand groupe en cas de fusion ou d’acquisition... simple comme la gestion entrepreneuriale ; qu'ils demandent, on leur expliquera ! Ce n'est pas si difficile à condition qu'on accepte de raisonner dans le concret : qu’on définisse des "filiales" (secteurs de l'administration) que l'on souhaite conserver sous statut, qu'on réfléchisse aux nouveaux moyens à mettre en œuvre pour améliorer la "productivité " et pour quels objectifs et avec quels résultats ?
Il y a des professionnels pour ce type de mission dont c'est le métier, alors que nos élus auraient la science infuse et s'estiment au-dessus du "comment on fait". . Or, tant qu'on ne parlera pas de la réduction de la Fonction Publique sous un angle constructif, les Français douteront et les fonctionnaires et leurs syndicats se révolteront. Même notre nouveau champion François Fillon, nous parle de 500 000 fonctionnaires comme il parlerait du nombre d'élèves par classe. Le vide sidéral du contenu de cette diminution de la fonction publique est saisissant y compris dans l'opposition, pour un peu on nous parlerait en Kg de fonctionnaires ; "je vous en supprime 500 000" "non, je vous en enlève seulement 300"... Et tous de se ruer sur l'exception que constitue le manque d'infirmières ou de policiers.
Un tel manque d'égards pour les intéressés et l'impression de non préparation qui en découle en dit long sur l'éloignement du monde de l'entreprise de ceux qui nous gouvernent. Il faut s'assurer d'un vrai projet et de la capacité à gérer des hommes, des plans de carrière et des pans entiers d’activité du pays. Cela ne s'improvise pas dans les urnes du suffrage universel ! Personne ne semble s'être vraiment posé la question de qui fait quoi, où, comment, à quel prix et pourquoi ?
La définition des missions régaliennes de l’Etat, qui devrait être la première pierre de l'édifice de reconstruction du pays, est soigneusement éludée, très vaguement évoquée avec l'armée et la police et... l'école, sans convictions. C'est pourtant la base de l'acceptabilité de cette réforme majeure qui conditionne le retour à l'équilibre des comptes. Il n'est pas question de montrer du doigt des hommes qui font plutôt ce qu'ils peuvent, du moins ce qu'on leur demande, avec une hiérarchie démunie et impuissante.
Ils sont dirigés sans projet d'entreprise" sans aucun sens donn? à leurs taches, sans notion de réussite, de récompense; le mérite se calcule à l'ancienneté ! Aucune motivation, de possibilité de progresser de s'enrichir ou de satisfaire l'ambition individuelle. La Fonction Publique est devenue une masse salariale hors de prix, indistincte, avec un statut et des régimes spéciaux injustes aux yeux de l'opinion publique. Si le statut est indispensable pour ces missions régaliennes et encore pas pour toutes les fonctions, il faut le dire. Expliquer que l'on ne va pas diminuer la qualité des services dus à nos concitoyens mais redonner au privé tout ce qui peut l'être. Un principe de subsidiarité avec des cahiers des charges qui imposent un service rendu identique sinon meilleur et en tous les cas moins coûteux.
Pourquoi une infirmière à l'hôpital ferait-elle mieux les piqûres qu'une infirmière du privé ? Pourquoi dans une collectivité faut-il un jardinier sous statut pour tondre les pelouses de la préfecture ? Pourquoi un directeur de lycée ne peut-il pas recruter les professeurs, les payer et contrôler la qualité de la prestation rendue ou même simplement faire repeindre les locaux ?!
Quand on engage un fonctionnaire, on le recrute et on le paie à vie... au nom de quelle équité ? Les travailleurs français doivent être libres et égaux devant le travail ; citons simplement les jours de carence ? Pourquoi cette inégalité ? Pourquoi empêcher de pourvoir les postes nécessaires avec des salariés du privé ? S’empêcher d'en supprimer quand c'est nécessaire (au lieu de les mettre au placard) avec la même flexibilité que celle que nécessitent toutes les entreprises dans un monde en pleine mutation. La révolution du bon sens est là, faire fi d'un mauvais modèle français qu'on nous vend à tort et que personne ne nous envie. Personne ne s'attache à la forme, au fond et à la méthode ; or c'est dans le détail que se joue la vraie révolution de la Fonction Publique qui bénéficiera à tous.
C'est LE challenge à relever... et pas seulement sur un principe flou incompréhensible du "non remplacements des départs à la retraite" ou du "non remplacement d'un fonctionnaire sur deux ou sur trois". Cela n'a pas de sens sinon celui implicite que nos pauvres fonctionnaires sont des pions interchangeables et inutiles : c’est faux. Le pire c'est qu'on impute inlassablement cette "purge" à un libéralisme forcément ultra. C'est exactement le contraire, seul le libéralisme bien appliqué avec ses règles, permettra une saine concurrence et la valorisation des tâches individuelles dans le respect du talent de chaque individu.