A quoi s’attendre après l’ère Merkel ?

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Par François Rimeu Modifié le 23 septembre 2021 à 7h27
Croissance Allemagne Trou Air 1
@shutter - © Economie Matin
2,5%La croissance en Allemagne pourrait n'être que de 2,5% en 2021.

Les élections fédérales Allemandes tiendront place à la fin de cette semaine le 26 septembre 2021 et marqueront la fin de l’ère Merkel. A moins d’une semaine des élections, les sondages prévoient qu’entre 25 et 26% des votes iront au Social Democratic Party (SPD), suivi du Christian Democratic Union (CDU) et Christian Social Union (CSU) avec entre 21 et 22 % des voix, le parti « Vert » avec 16%, le Free Democratic Party (FDP) et Alternative for Germany (AFD) avec environ 11% chacun et la Gauche avec entre 6 et 7%.

Ces sondages laissent entrevoir un gouvernement issu d’une coalition entre trois partis, avec pour seule zone d’ombre la composition de cette coalition et le choix du chancelier. En se basant sur l’hypothèse que le CDU/CSU n’acceptera pas de faire partie d’une coalition menée par le SPD, et que ce dernier n’a de toute façon pas envie de gouverner avec le CDU, trois hypothèses semblent se détacher :

  • La coalition Traffic Light (SPD, Vert, FDP), avec Olaf Scholz en tant que chancelier
  • La coalition Red-Red-Green (SPD, Vert, La Gauche) avec Olaf Scholz en tant que chancelier
  • La coalition Jamaica (CDU/CSU, Vert, FDP) avec Armin Laschet en tant que chancelier

Le résultat des élections fédérales Allemandes reste toutefois très incertain, car bien que 50% des électeurs aient déjà voté, un nombre significatif d’électeurs demeurent indécis. Ce qui semble clair cependant c’est que les Verts seront le deuxième parti le plus important du gouvernement à venir, et ce, quelque soit l’issue du scrutin.

Quelles conséquences pour les marchés financiers ?

Dans le cas « Jamaica », à priori très peu d’impact à prévoir. Une coalition menée par le CSU/CDU et privée du « crisis leadership » d’Angela Merkel serait cependant à la marge décevant en termes d’intégration Européenne (et donc pour les pays périphériques).

Dans le cas « Traffic Light », les taux allemands pourraient légèrement monter et les spreads sur les périphériques se resserrer, ne serait-ce que sur le court terme. Cette coalition pourrait déboucher sur une intégration européenne plus importante mais aussi une politique fiscale plus souple sous l’impulsion des Verts, ainsi que des politiques plus favorables aux entreprises sous l’égide du FDP.

Le cas d’une alliance « Red-Red-Green » peut ne pas paraître le plus probable mais ne peut être exclu, les Verts pouvant refuser de former une coalition avec le FDP. Les taux allemands pourraient grimper et les spreads sur les périphériques pourraient se resserrer de manière plus significative que dans le cas précédent. Cette coalition pourrait aussi être positive sur l’Euro, du fait de leur prise de position pour une intégration européenne plus importante, se traduisant en un risque moindre d’une fracture de l’Union Européenne.

Toutefois, si nous mettons de coté brièvement les effets sur les taux Européens, le résultat le plus important de l’élection fédérale Allemande, c’est que les Verts sont présents dans chacune des coalitions et vont donc jouer un rôle majeur dans le gouvernement à venir, ce qui pourrait avoir plusieurs conséquences :

  • Les Verts sont plus susceptibles de prendre position contre la Russie et la Chine.

L’exemple le plus parlant est celui du gazoduc Nord Stream 2, qui est au centre de la controverse. Ce projet, défendu par le gouvernement d’Angela Merkel doit relier la Russie à l’Allemagne en passant sous la mer Baltique. Les Verts font front commun contre ce projet en allant jusqu’a ouvertement offrir leur support à des groupes d’opposition basés en Russie, en Chine et au Belarus. Dans la conjoncture actuelle d’augmentation rapide des prix de l’énergie en Europe et de “Démondialisation”, cette prise de position politique pourrait conduire à un renouvellement des tensions au regard des prix du gaz à moyen-terme, et avoir des conséquences positives sur l’inflation. Les Verts pourraient aussi pousser l’Union Européenne à se montrer plus ferme envers des pays tels que la Hongrie ou la Pologne sur des sujets comme l’indépendance du pouvoir judiciaire, l’égalité des genres, ou tout simplement en termes d’application du droit communautaire. Enfin, ils pourraient adopter une ligne dure envers la Chine sur la question des Droits de l’Homme.

  • Ils pourraient aussi fortement revendiquer des investissements importants dans les énergies renouvelables, un besoin pressant en Allemagne, celle-ci se reposant encore fortement sur les énergies fossiles. Les Verts ont en effet déclaré qu’ils veulent assurer une transition vers une économie basée à 100% sur les énergies renouvelables d’ici à 2035. Ils planifient aussi un remplacement total des véhicules thermiques par des voitures vertes d’ici 2030.

Toutes ces politiques seraient à priori positives à la fois pour la croissance et pour l’inflation mais vont nécessiter de lourds investissements et une politique fiscale très souple.

Ce dernier point est potentiellement l’un des points les plus importants à surveiller dans les mois qui viennent : Comment le prochain gouvernement fédéral Allemand va-il pouvoir mettre en place des politiques très souples (plus de dépenses, plus de déficit budgétaire) malgré la position actuelle du SPD, FDP, et CSU/CDU sur les réformes constitutionnelles ? Une échappatoire à ce dilemme pour éviter d’avoir à modifier la constitution Allemande serait de passer par une approche plus technique comme changer la formule utilisée pour calculer le volant contracyclique ou encore préalimenter les versements des fonds de réserves spéciaux. Toutefois, ils ne pourront pas éviter éternellement les débats autour du « Debt Brake » et de potentiels aménagements des règles constitutionnelles.

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Stratégiste senior, La Française AM.

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