Le mercato s’est clôturé lundi 5 octobre en Europe. En pleine crise sanitaire et économique, les “clients” habituels des clubs français ont été plus frileux qu’à l’accoutumée… Un contexte terni par Mediapro, diffuseur de la Ligue 1, qui se dit incapable de payer les droits télé. Ce concours de circonstances n’arrange pas du tout l’économie du foot tricolore.
Avec le Covid-19 qui impose aux clubs de se priver de leurs supporters et des recettes billetterie associées, ce mercato décalé était placé sous le signe de la prudence pour la plupart des clubs du Big 5 européen. Comme à chaque intersaison, les Anglais ont eu quelques difficultés à rester en dessous du milliard d’euros dépensés et tout autant de mal à conserver une balance des transferts décente.
Un mercato synonyme de déficit
Or, si la situation change peu outre-Manche, en France le solde inquiète. Abonné aux mercatos plus vendeurs qu’acheteurs depuis plusieurs années, le championnat français se retrouve cette fois-ci en déficit. Avec 57 millions d’euros de pertes sur ce mercato estival 2020/21, la Ligue 1 creuse une différence de 188M€ par rapport à l’année dernière.
Une nouvelle que l’on peut aborder sous deux angles différents. Soit on est par exemple supporter de Rennes et on est ravi car son club investit le plus en France (71M€) pour nourrir ses ambitions européennes; soit on est comme Jean-Michel Aulas, on tire la sonnette d’alarme face aux soucis économiques liés au Covid-19 et on s’inquiète de ce solde négatif pour l’ensemble de la Ligue 1…
Car elle a souffert du manque d’argent à investir de la part des autres championnats. En effet, les revenus à la vente des clubs de Ligue 1 ont chuté de 470M€ en comparaison avec le mercato estival 2019-20. Un véritable manque à gagner pour le championnat français, d’autant plus que celui-ci s’ajoute à l’absence (ou la présence minime) de spectateurs dans les stades.
Au final, seuls six clubs ont une balance des transferts positive. Le LOSC profite de la vente record de Victor Osimhen (acheté 22 millions en août 2019) à Naples contre 70 millions pour se refaire une santé financière et pouvoir réinjecter dans son circuit avéré de trading de joueurs.
Pour sa part, Bordeaux est vraiment le symbole de la frilosité en ces temps de crise sanitaire. Aucune dépense sur le marché et huit départs pour récupérer un chèque total de 14,5M€. Voilà qui n’enchante d’ailleurs pas les fans des Girondins
Côté recrutements intelligents, on peut féliciter les clubs de Lens, Lorient et Nice tous acquéreurs de plus de 10 joueurs sans qu’aucun ne laisse filer plus de 20 millions d’euros.
L’imbroglio Mediapro plonge dans le doute
Cependant, entre la balance des transferts négative, la crise économique du Covid-19 ainsi que le problème du diffuseur Mediapro - qui n’a toujours pas payé les droits TV et veut renégocier le contrat des droits TV - les temps s’annoncent durs pour les clubs de l’élite hexagonale.
Avec ce trou dans les comptes de la Ligue de Football Professionnel (LFP), les revenus télés des écuries sont revus à la baisse et s’ajoutent au manque de public dans les stades. De quoi mettre dans l’embarras à la fois les clubs, les fans et les médias.
Entre un mercato peu fructueux et un Mediapro mauvais payeur, la tournure des événements traîne le football français au bord du précipice. Voilà qui donne lieu à un débat animé entre les deux experts que sont Philippe Doucet et Vincent Chaudel…