C'est la fin d'un conflit qui défraie la chronique marseillaise. Le McDo de Saint-Barth, situé dans les quartiers Nord de la cité phocéenne, doit mettre la clé sous la porte, malgré les différents plans de sauvetage proposés par la Direction. Le franchisé de l'établissement, Jean-Pierre Brochiero, explique les raisons de cette décision au micro d'Economie Matin.
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« J'ai pris la seule décision qui s'impose. J'ai confié au Tribunal de commerce le soin de statuer sur Sodeba et de prendre le relais dans cette affaire ». C'est ainsi que Jean-Pierre Brochiero, le propriétaire de ce fast-food marseillais, a conclu son entretien à EconomieMatin.fr.
Dans cette saga judiciaire où chacun retient son souffle depuis des mois, nous avions déjà fait état d'un établissement structurellement déficitaire. Selon un rapport effectué par un cabinet d'audit indépendant, le McDo de Saint-Barthélémy aurait perdu pas loin de 3,3 millions d’euros depuis 2009. Les grèves de 2018, entraînant également une baisse d'activité, ont contribué aux difficultés de l'établissement, ayant enregistré une perte d'un million d'euros l'an passé.
Le « soutien fort de 3,2 millions d'euros cumulés » de la part des actionnaires« sur les trois dernières années » n'aura pas été suffisant. Aujourd'hui, le franchisé est catégorique: « la situation actuelle du restaurant du MacDo de Saint-Barthelemy est économiquement très grave puisque nous sommes asphyxiés complètement ». Et d'ajouter « Nous sortons de deux mois de grève, ce qui nous met dans une situation économique (...) gravissime. Nous avons par ailleurs des déficits tous les jours, un peu plus.»
Pourtant, rien n'était écrit d'avance. Différents plans de sauvetage de l'emploi avaient été proposés aux salariés de l'établissement, comme l'explique Jean-Pierre Brochiero.« J'ai (...) cherché depuis plus d'un an des solutions (...). J'avais trouvé 2 repreneurs qui avaient été validés par le Tribunal de Grande Instance ». Des propositions qui, selon le propriétaire, garantissaient quasiment le plein emploi. Après le refus de certains employés de l'établissement, un deuxième plan a été ensuite soumis, suivi d'un deuxième refus.
« J'ai ensuite tenté une dernière chose (...), en réorganisant la structure et en prévoyant un plan de licenciement de 7 personnes qui me permettaient de pérenniser l'exploitation. Encore une fois, ce plan-là a été rejeté. Aujourd'hui, malgré mes efforts, je continue à chercher des solutions d'acheteurs potentiels mais hélas, je n'ai pas de solutions, compte tenu d'une part de la situation économique et d'autre part de cette ambiance un peu négative et néfaste qui règne autour du restaurant.»
Depuis des mois, la fronde sociale, emmenée par un groupe de pression conduit par deux délégués syndicaux, avait entrainé un blocage des négociations et une politisation du conflit. Mais derrière la « lutte non-violente»prônée par les délégués syndicaux se cachait une réalité un peu différente. La presse se faisait récemment l'écho des méthodes musclées utilisées par Kamel Guemari, délégué FO, pour parvenir à ses fins : agressions physiques, messages d'intimidation par SMS, menaces de mort, au point que la Direction régionale de McDonalds a dû assigner des gardes du corps à certains managers particulièrement ciblés.
Pourtant, la Direction affirme avoir voulu à chaque fois préserver la paix sociale et le plein emploi auprès des salariés. « Sur les 6 restaurants que j'avais, j'ai réussi à maintenir l'intégralité de l'emploi sur 5 d'entre eux » déclare le franchisé.
C'est aujourd'hui au tour du Tribunal de commerce de statuer sur la société SODEBA qui gère l'établissement.