Que s’est-il passé ?
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La reprise des marchés actions s'est atténuée lors de la session américaine, alors que New York, l'Espagne et le Royaume-Uni annonçaient plus de nouveaux cas et de décès liés au virus, ce qui laisse penser qu'il est un peu prématuré d'appeler un pic officiel de l'épidémie, même si un certain optimisme est justifié. En outre, l'optimisme des petites entreprises s'est effondré aux États-Unis. Le S&P500 a terminé la journée sur un résultat tout juste négatif (-0,16 %), tandis que les marchés européens ont clôturé avant les nouvelles décevantes et ont réussi à conserver des gains de 2 %. Ce matin, les futures sont mitigés.
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Les rendements du Trésor américain à 10 ans ont suivi les mouvements des marchés boursiers, pour se replier plus tard dans la journée à 0,7 % après avoir atteint 0,78 %. Ce matin, les rendements sont à nouveau en hausse. Le Bund allemand à 10 ans a augmenté tout au long de la session européenne, atteignant -0,30 %. Les spreads italiens sont restés stables autour de 190 pb grâce au soutien de la Banque centrale européenne. Les spreads de crédit se sont encore resserrés, avec le US IG à 263 pb, le US HY à 883 pb, le EU IG à 229 pb et le EU HY à 751 pb.
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Les prix du pétrole restent volatils à l'approche de la réunion de l'OPEP+ qui se tiendra demain pour discuter des réductions de production. Le Brent se négocie actuellement à 32 USD le baril et le WTI à 25 USD le baril. Nous continuons à penser que la hausse des prix pourrait être limitée étant donné l'effondrement de la croissance et de la demande mondiales, même avec une réduction de la production.
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Nous pensons que les marchés sous-estiment encore la durée des mesures de confinement, et en particulier le temps qu'il faudra pour revenir à la "normale" par la suite. Les mesures de confinement contribuent à aplatir la courbe, mais le taux d'infection risque aussi de reculer plus lentement en conséquence. En outre, les décideurs politiques risquent de rester prudents et ne feront que relâcher progressivement les mesures de confinement au lieu de les supprimer rapidement. En effet, la crainte d'une seconde vague subsistera si nous n'avons pas suffisamment maîtrisé l'épidémie, ce qui laisse supposer que les mesures se poursuivront même après le pic de cas.
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Ainsi, la montée en puissance de l'activité sera plus progressive que prévu, car elle sera échelonnée à la fois entre les pays, les régions et les secteurs, mais aussi au sein d'un même pays. Nous pensons donc qu'il subsiste des risques pour la croissance, et donc des risques baissiers sur les marchés, car la reprise sera plus en forme de U, mais avec une montée graduelle (et non verticale).
Ce que nous regardons :
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Nous continuons à surveiller le pic des cas dans les pays plus "avancés" dans l'épidémie pour savoir combien de temps un confinement strict sera nécessaire. Plus l'immobilisme économique dure longtemps, plus les dégâts sont importants et plus le risque de conséquences négatives est élevé.
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Nous examinons comment les mesures de relance peuvent être déployées pour éviter des vagues de faillites et de défauts, et comment les défauts peuvent être clôturés si/quand ils se produisent. En effet, il est encore trop tôt pour dire si ces mesures seront suffisantes pour éviter les conséquences les plus négatives de l'épidémie.
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Nous examinerons de près les estimations des bénéfices à mesure qu'elles seront révisées à la baisse. Il se peut que les marchés ne tiennent actuellement pas suffisamment compte de l'ajustement, d'autant plus que les valorisations ne seraient pas aussi attrayantes avec un "E" beaucoup plus bas.
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Nous surveillons les marchés du crédit et du financement pour voir si les mesures massives prises par les banques centrales, tant aux États-Unis qu'en Europe, contribuent à atténuer les tensions récentes. Pour l'instant, nous pensons que les banques centrales parviendront à maintenir les risques systémiques à un faible niveau afin d'éviter une crise du crédit.