Marchés : une semaine une nouvelle fois plus politique qu’économique

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 19 novembre 2018 à 11h29
Chine Etats Unis Commerce
@shutter - © Economie Matin

APEC, Brexit, dette publique italienne, Eurogroup, indices PMI de novembre en zone euro et aux Etats-Unis, voici les nouvelles sur les marchés.

Les Etats-Unis virulents envers la Chine, qui réplique

La principale information du weekend écoulé est sans doute l’impression retirée du sommet de l’APEC (Asia Pacific Economic Cooperation) en matière de relations sino-américaines. Les Etats-Unis y étaient représentés par le Vice-président Pence. Il s’est montré virulent vis-à-vis de la Chine, en conseillant aux pays de la région de ne pas se mettre dans une situation de dépendance par rapport à la Chine. Celle-ci prenant la forme d’un endettement croissant auprès d’institutions financières chinoises. La réponse du Président Xi a consisté à mettre en garde contre le risque de remise en cause des chaines de valeur organisées au niveau de la région, du fait de la politique commerciale de Washington.

Dans la perspective de la rencontre des chefs d’Etat américain et chinois à la fin de la semaine prochaine en Argentine, cette « mise en bouche » a un goût un peu amer. Pourtant le marché caresse l’espoir que ce face à face soit le début d’une vraie négociation entre les deux pays, qui permette d’éviter une nouvelle augmentation des droits de douane en début d’année prochaine et qui trace un chemin vers l’apaisement des tensions commerciales. Faut-il alors revoir les anticipations à la baisse ? Peut-être pas si on considère qu’il y aurait un partage des rôles entre le Président américain et son vice-Président : le rôle du « gentil » (une fois n’est pas coutume !) pour le premier et celui du « méchant » pour le second. Un tel « jeu de rôle » n’a-t-il pas été visible ces dernières semaines ? L’hypothèse a toutefois quelque chose de spéculatif. Dans tous les cas, les négociations, si tant est qu’elles s’ouvrent bien, seront assurément longues et difficiles.

Un marché toujours attentif au dossier Brexit

La semaine qui s’ouvre sera assez européenne et une nouvelle fois assez politique. Le marché va rester attentif à l’évolution du dossier Brexit, avec deux aspects différents. Il y a d’abord la question du maintien de Theresa May au poste de Premier ministre. N’est-elle pas sous la menace d’un vote de défiance du groupe conservateur à la chambre des communes ? Sans doute ; mais plus les jours passent, plus la probabilité que cela se produise se réduit. Il y a ensuite le Sommet européen de dimanche prochain, au cours duquel les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE devraient approuver le projet d’accord préparé par Bruxelles et Londres.

Le marché sera aussi attentif à deux autres évènements. Le 21 la Commission doit statuer sur les projets de budget de tous les pays-membres ; elle pourrait pointer une « enfreinte » à la règle sur la réduction de la dette publique par l’Italie. Une procédure pour déficit excessif (PDE) serait alors engagée. Rappelons les étapes suivantes. Le Comité économique et financier, une émanation du Conseil, a deux semaines pour formuler une opinion. Si cette opinion est positive, le Conseil déciderait alors, à la règle de la majorité qualifiée (55% des pays-membres représentant 65% de la population), de lancer une PDE. On le sait, la route menant à la sanction effective serait alors longue. Il n’empêche que le lancement de la procédure enverrait un double message en termes d’expression de la volonté politique et de capacité à intervenir avec le bon calendrier. Bref l’Union n’apparaitrait pas behind the curve. A un moment où les soupçons de faiblesse se multiplient, le point est d’importance.

Merkel et Macron ensemble pour donner un « coup de collier » pour davantage d’intégration européenne

L’autre date à retenir concernant la politique européenne est aujourd’hui. Il y a un Eurogroup avec à l’ordre du jour aller plus loin dans l’intégration bancaire et faciliter le rôle du Mécanisme Européen de Stabilité dans la prévention et la gestion des crises. Toute avancée pourrait être actée lors du Conseil européen du 15 décembre. Remarquons qu’au cours de la journée d’hier la Chancelière Merkel et le Président Macron, réunis à Berlin, ont semblé être désireux de donner ensemble un « coup de collier » dans le sens de davantage d’intégration européenne.

Du côté de l’économie, deux points retiendront l’attention cette semaine. Premièrement, la première estimation des indices PMI de novembre en Zone Euro et aux Etats-Unis seront publiés vendredi. On espère une stabilisation d’un mois sur l’autre. Deuxièmement, une batterie de chiffres sur l’activité dans le secteur de l’immobilier en octobre aux Etats-Unis sera rendue publique demain. Le marché y accorde de l’importance à l’heure actuelle ; et ceci à un double titre. L’investissement résidentiel s’est replié au cours des trois derniers trimestres connue et le fléchissement du logement est souvent un indicateur d’un cycle conjoncturel s’approchant du moment du retournement. Les anticipations pour ce qui est tant des mises en chantier que des permis de construire au cours du mois dernier sont à la hausse. Tant mieux !

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

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