Marchés : rééquilibrage de façade

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Par Stéphane Déo Modifié le 20 novembre 2018 à 15h55
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4 589 EUROSLe Bitcoin est passé de 905,21 euros début 2017 à 4 589,30 euros le 19 novembre.

Hyperinflation et balance des paiements en zone euro, inflation mesurée en Bitcoin, et des nouvelles du Brexit, voici ce qu'il faut savoir des marchés.

Point de marché : hyperinflation en zone Euro... mesurée en Bitcoin

L’inflation est la mesure d’un prix relatif : le prix de la monnaie contre les biens de consommation. Une inflation de 2% en zone Euro veut dire qu’il y a un an vous pouviez acheter 2% de plus qu’aujourd’hui, le prix relatif de votre monnaie a perdu 2% sur un an ou, dit autrement, le pouvoir d’achat de l’Euro a baissé de 2%.

Quelle est l’inflation mesurée en Bitcoin ? Le Bitcoin est passé de 905,21 euros pour un Bitcoin début 2017 à 4589,30 euros pour un Bitcoin le 19 novembre dernier. Durant cette phase le Bitcoin permettait d’acheter beaucoup plus de biens et services, la valeur de la monnaie progressait. On était donc en déflation, les chiffres sont d’ailleurs impressionnants, la déflation était de -93,8% en décembre l’année dernière.

Hélas les détenteurs de Bitcoin se trouvèrent fort dépourvus lorsque la bise fut venue. La très forte dépréciation du Bitcoin depuis ses plus hauts constitue une perte de pouvoir d’achat de la monnaie. Et c’est donc de l’inflation. On est passé de déflation à inflation la semaine dernière et l’inflation Européenne, mesurée en Bitcoin est ce matin de 78,6% !

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Une monnaie à trois fonctions :

  1. Elle est un intermédiaire d’échange qui permet d’éviter d’avoir recours au troc.
  2. Elle sert d’unité de compte.
  3. Elle sert de réserve de valeur.

Si la première fonction du Bitcoin est toujours valide, on peut être plus que dubitatif sur son utilité dans les deux autres fonctions. Pour être utile, et donc crédible, une monnaie doit aussi être stable.

Balance des paiements en zone Euro : un bon chiffre qui est un mauvais chiffre

Les comptes courants de la zone Euro publiés hier montrent un surplus confortable, même si les derniers chiffres ont fléchi. Depuis 2013, le surplus yoyote entre 20 et 30 milliards par mois.

Résultat, un surplus ramené au PIB qui peut sembler flatteur. La réalité est plus ambigüe. Alan Greespan avait un moyen original de regarder les déséquilibres mondiaux, que nous allons appliquer à l’Europe. Les comptes courants de l’Europe sont, par définition, la somme des comptes courants de tous les pays de la zone Euro : on ajoute les surplus et on retranche les déficits des pays. Dans la « métrique Greenspan » on ajoute les surplus et on ajoute de nouveau les déficits. On fait donc le total des déséquilibres. Dans le cas de l’Europe on voit très clairement que les déséquilibres n’ont pas bougé durant la crise, la « métrique Greenspan » est restée redoutablement stable depuis 15 ans.

Pourquoi ? Le problème de la zone Euro en 2009 est bien connu : une zone à l’équilibre, les comptes courants sont proches de zéro en 2007-2008, mais des déséquilibres internes très prononcés, la « mesure Greenspan » était très élevée car le surplus allemand était compensé par exemple par un déficit espagnol important. Le problème c’est que le rééquilibrage n’en est pas un : si coopération économique il y avait eu, le surplus allemand aurait dû se résorber alors que le déficit espagnol revenait aussi à zéro. En fait les pays à surplus ont conservé leur surplus et les pays à déficit l’ont considérablement réduit par des mesures d’austérité draconiennes. Ce n’est pas un rééquilibrage, les vases communicants n’ont absolument pas fonctionnés, c’est une correction des pays à fort déficit. Et c’est probablement une des plus grandes erreurs de coopération économique de la zone Euro durant la crise.

D’où, maintenant, le surplus important de la zone dans son ensemble.

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Le Brexit, encore plus compliqué ?

Le Conseil de l’Europe (l’ensemble des chefs d’Etat de l’UE) doit approuver l’accord sur le Brexit lors d’un sommet extraordinaire dimanche prochain. Plusieurs pays, dont la France, auraient proposé de publier une déclaration en marge de la décision pour préciser les contraintes imposées à la Grande Bretagne. Michel Barnier serait contre car cela rendrait la tâche pour Theresa May encore plus ardue pour faire ratifier le texte au Parlement britannique.

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Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.

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