Le pétrole à 85 dollars avant la fin de l’année ?

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Par Jody Chudley Publié le 13 mai 2016 à 5h00
Prix Baril Petrole Bourse Marches
pixabay - © Economie Matin
50 dollarsLe prix du baril de pétrole Brent est toujours sous la barre des 50 dollars.

En janvier dernier, j’avais donné mon avis sur l’évolution du prix du pétrole en 2016. Je sentais qu’il monterait au second semestre mais je n’avais pas chiffré cette augmentation.

L’un des meilleurs analystes du marché du pétrole est d’accord avec la plupart des points que j’avançais en janvier et il est prêt à donner une cible de prix précise. Une âme courageuse…

Il avance le chiffre de 85 $ le baril d’ici Noël ! Cela semble certes un peu optimiste mais si cela s’avère vrai, cela fera certainement plus de cadeaux sous mon sapin cette année.

Pour arriver à 85 $ le baril d’ici Noël, le prix du pétrole devra très fortement augmenter. Pas besoin d’avoir fait Polytechnique pour comprendre que cela demande un doublement du prix du pétrole. Je trouve toujours très difficile de croire que de grandes variations de prix peuvent avoir lieu en un si court laps de temps. Et pourtant, cela arrive régulièrement, particulièrement dans des circonstances extrêmes comme celles que connaît aujourd’hui le marché du pétrole.

Je n’oublierai jamais le moment où j’ai vu sur mon écran le titre de Kodiak Oil & Gas atteindre 16 cents le 12 mars 2009. Je me souviens avoir regardé ce cours et m’être dit qu’il faudrait 20 ans pour que les actionnaires de Kodiak retrouvent le niveau de 4 $ que le titre affichait encore quelques mois plus tôt. Pour passer de16 cents à 4 $, la valeur de Kodiak devait être multipliée par 25. Il faudrait une hausse incroyable en 20 ans.

Je me suis trompé dans mon estimation de 20 ans. Il n’a pas fallu 20 ans à Kodiak pour arriver à 4 $ — mais 12 mois. Pour moi, la façon dont fonctionne le marché est un mystère. Lorsque tout un marché qui a parié contre une certaine valeur ou matière première comprend soudain qu’il s’est trompé, la ruée dans l’autre direction peut être étonnamment rapide et le prix du marché peut varier de manière incroyablement importante. Peut-être est-ce ce qui nous attend avec le pétrole en 2016. Se sortir des bas-fonds, ce n’est déjà pas rien.

Une conclusion simple mais logique

Je m’assure de toujours porter attention à ce que Mike Rothman de Cornerstone Analytics observe à propos de la direction que prend le pétrole. J’apprécie Rothman parce que ses avis s’appuient sur des données chiffrées et complètes et non sur ses sentiments ou son instinct. Rothman compte les barils. Par exemple, le nombre de barils de pétrole stockés à travers le monde.

En surveillant l’évolution du niveau des stocks, il peut déterminer jusqu’à quel point l’offre et la demande quotidienne de pétrole sont plus ou moins déphasées. Si le niveau des stocks augmente de 30 millions de barils en un mois, Rothman conclut que le marché est surapprovisionné d’un million de barils par jour. C’est simple mais logique. Les données sur les stocks sont les meilleures données que nous ayons sur le marché du pétrole.

La méthode de Rothman est bien supérieure à celle de l’Agence d’information sur l’énergie (EIA), de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et de l’OPEP. Ces organismes font des estimations de l’offre et de la demande puis « corrigent » leurs chiffres pour expliquer pourquoi les niveaux de stocks ne varient pas comme ils s’y seraient attendus. J’ai évoqué l’année dernière la grande « manipulation » des chiffres par l’EIA en détails et j’ai expliqué comment chaque année elle devait systématiquement réviser ses chiffres pour corriger la même erreur qu’elle continuait de commettre.

Rothman écarte totalement toute estimation, toute approximation, toute imprécision. Il compte les barils, c’est tout. Ses avis sont tirés de données 100% objectives. Rothman est beaucoup plus optimiste que l’EIA, l’AIE et consorts. Il pense que les autres agences ont fortement sous-estimé les chiffres de la demande mondiale de pétrole. Cela n’est guère surprenant.

Dans l’erreur depuis 15 ans

L’AIE n’a cessé de sous-estimer la demande mondiale de pétrole. Je ne parle pas de ces deux derniers trimestres. L’AIE sous-estime la demande depuis des années. Voici comment cela fonctionne : l’AIE établit une première estimation de la demande au moment où son rapport, fortement relayé par les médias, est publié. C’est ce rapport que suit le marché et sur lequel il se base pour les transactions. Puis, plus tard, quand arrivent des données de meilleure qualité, l’AIE doit réviser à la hausse ces estimations initiales pour revenir au chiffre réel.

Selon Raymond James, l’AIE a dû revoir à la hausse ses estimations initiales de la demande 14 fois au cours des 15 dernières années. L’ajustement moyen de la demande a été de 700 000 barils par jour ! Pendant 15 ans, l’agence a commis la même erreur encore et encore sans rien faire pour y remédier. Naturellement, personne ne remarque ces révisions après coup, parce qu’elles ne sont jamais couvertes par les médias. Et L’AIE ne fait certainement pas l’effort d’attirer l’attention sur ces révisions. Pourquoi le ferait-elle ? Cela doit être embarrassant après 15 ans.

Ceci n’est pas une de mes théories. Ceci est un fait : la même erreur est répétée, encore et encore. L’AIE s’est donc trompée de bout en bout et pourtant le marché a maintenu les prix du pétrole incroyablement bas. Qu’est-ce qui va changer pour faire varier le marché assez fortement dans l’autre direction et que nous puissions atteindre un baril à 85 $ d’ici la fin de l’année ? Selon Rothman, une chute des stocks mondiaux de pétrole aura lieu de façon dramatique.

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Jody Chudley collabore à la rédaction de la lettre de conseil en investissement anglophone « Outstanding Investments ». Il possède un diplôme en comptabilité et en finance de l’université de Boston. Après avoir travaillé plus de 15 ans à différent postes dans le secteur financier, Jody a décidé de devenir investisseur à temps plein. Il écrit depuis à plein temps pour de nombreuses revues et sites internet en tant que spécialiste des matières première et de l’investissement à contre tendance.

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